RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022
Zoé Valdés a repris le texte qu’elle avait rédigé pour l’exposition du Grand Palais, Gauguin Alchimiste, en 2017. En l’étayant pour présenter ce récit, Paul, la vie de Gauguin continue à la fasciner et c’est encore l’occasion de nous présenter toute son admiration et nous de comprendre pourquoi cet artiste est si important.
Dans ce récit biographique, Zoé Valdés choisit de raconter les dernières semaines de sa vie qui devient le point de départ de réflexions sur l’ensemble de son parcours.
Brins d’histoire
Dans son univers paradisiaque, Paul se sait diminué, usé, conscient que sa mort approche. Il supporte des douleurs insupportables dues à ses pustules gangrénées sur ses jambes, se soulageant par des drogues de plus en plus fortes et nombreuses. Pourtant, lui le jouisseur de la vie, désire, encore, assouvir cette soif auprès de sa peinture, mais aussi auprès des femmes qui l’ont accompagné.
Entre ses crises de Delirium tremens avec ses différentes hallucinations, et ses rares moments de lucidité, Paul revit sa vie, de son enfance en Amérique du Sud, à sa carrière de banquier et son mariage avec Mette Sophie, une danoise, jusqu’à ses Vahinés des iles qu’il a aimés.
Zoé Valdés propose un portrait très personnel choisissant de présenter un homme sacrifiant sa vie personnelle à la passion pour son art. Car, comme pour son plus cher ami, Van Goth, il y a sacrifié tout, y compris sa famille, y compris l’amour pour ses propres enfants, y compris tellement plus…
Son art a dévasté toute forme de sociabilité le poussant à se séparer même de ses maitres, Degas, Pissarro et Seurat, et a exacerbé sa passion pour l’amour.
Dans sa maison du Jouir, voué à l’art et à sa sexualité omniprésente, Paul plonge dans ses souvenirs teintés des hallucinations desquelles il ne peut plus se passer.
Une passion dévorante
Zoé Valdés excelle dans cette langue brute et crue qui crie son admiration pour le peintre. Ils partagent ce besoin de fuir, de larguer les amarres pour continuer à exercer leur art. Dans les plaintes de Paul se lisent aussi les regrets de l’écrivaine d’avoir perdu son ancrage, mais aussi l’énergie débordante que l’art donne à celui qui s’y soumet.
Les ponts entre les deux vécus se font similitudes, comme celui-ci : pour l’attrait de l’ailleurs, l’un n’a pas arrêter de fuir et elle, a quitté Cuba pour continuer à écrire.
Mais, en filigrane dans Paul, se dessine aussi l’incompréhension du public face à l’artiste. Gauguin se lamente de n’avoir pas été compris à sa juste valeur, voulant être reconnu comme un grand peintre, alors qu’il ne vend à peine pour en vivre.
Zoé Valdés, par ses dernières réactions pro-Trump et anti-féministes, est apparue très controversée. Son souhait de liberté concernant le régime castriste se lit différemment au vu de ses récentes déclarations. Et, pourtant, l’enfant chérie des lettres a bien du talent !
Pour conclure,
Chronique d’un fin qui s’annonce douloureuse et solitaire, Paul est le récit romancé et autobiographique du peintre Gauguin décrit avec le style particulier de Zoé Valdés. Un bel hommage et un moment littéraire qui donne corps à la personnalité de ce peintre qui a révolutionné la peinture.
Pour aller plus loin
Remerciements
à @Babelio et @EditionsArthaud pour #Paul de @MAMBISA5
Puis quelques extraits
La peinture, la plus belle de ses amantes et de ses filles, avec qui il pouvait laisser libre cours, sous l’effet de bouffées délirantes, à de telles actes incestueux.
Il était devenu malgré lui une bête traquée par ses propres fantômes.
Paul avait cru mourir le jour où elle était partie. Non. Ce jour-là, Paul commença à mourir.
L’intelligence d’une femme réside dans la volupté des mains. Dans ses yeux, l’ardeur. Dans ses mains, la connaissance.
Il savait que sa vie venait de prendre un tournant irréversible, ce tournant où les parents ne sont plus là ni pour réfréner vos instincts ni pour donner des ailes à vos rêves et à vos désirs.
Tenez vous en à la simplicité, soyez attentif au traits que vous offre la physionomie du visage. Tutoyer la caricature, creuser davantage de ce côté, ne recherchez pas la beauté. La beauté est très dangereuse en peinture, lui conseillait Pissarro, d’une voix calme et persuasive.
Et encore
” Les pensées d’un poète ne sont d’aucune utilité” . Il n’avait jamais oublié – lui qui oubliait tout – les sages paroles de Pissarro pour qui seule comptait la capacité à conserver sa “propre sensation”. Maintenant que Gauguin vivait en retrait de la réalité, il avait élu refuge dans la perception de l’apparence.
(…) c’est toi qui l’a quitté pour la peinture, dit Tehura en souriant. C’est ce que tu faisais avec nous toutes: tu t’en allais avec ta peinture, tu passais des journées entières avec elle, à mélanger des verts et des marrons, à t’enduire les mains de terre humide et à barbouillée ta toile de terre et de boue, comme si c’était un corps, ton propre corps, ou bien le nôtre, mais un corps sublimé.
Il était derrière lui le temps des grands modèles : Pissarro, bien sûr, Seurat et Signac, Fénéon et son enthousiasme, et Degas, toujours en retrait, mais qui resterait une figure marquante pour la singularité de son œuvre.
Ici en bref

Du côté des critiques
Questions pratiques
Zoé Valdés – Paul
Twitter : @MAMBISA5 Instagram : @zoevaldesofficialpage
Éditeur : Éditions Arthaud
Twitter : @EditionsArthaud Instagram : @editionsarthaud
Parution : 31 août 2022
EAN : 9782081485853
Lecture : Octobre 2022
Bonsoir Matatoune. Pas sûr que ce livre me plaise si c’est cru. Bonne soirée
Non, ce n’est pas trop cru mais la sexualité de Paul tient une place importante dans ses hallucinations. Bonne semaine 🙂
je me laisserai tenter je pense, le style ne me dérange pas et au contraire doit bien aller au personnage hors norme de Gauguin
Oui c’est vrai…over size même ! Et Zoé Valdés arrive parfaitement à nous en faire prendre la mesure.
Je suis du même avis que la commentatrice précédente. Intéressée par Gauguin mais pas forcément par ce style. Merci en tout cas de cette présentation !
Chacun doit faire son choix selon son intuition pour que la lecture reste un plaisir 😉
Je connais mal la vie de ce peintre. Ce livre doit être intéressant mais ce que ru dis de son style ne m attire pas du tout. Bonne soirée
Avec Zoé Valdès on est loin du politiquement correct. C’est cru et ça peut choquer si on ne le connaît pas et si on l’apprécie pas. Bonne journée