Olivier Norek – Dans les brumes de Capelans
Olivier Norek, l’ex capitaine du SRPJ du 93, publie sa quatrième enquête avec son flic de polar, Victor Coste. Il abandonne son territoire fétiche à la suite de la mort d’un des membres de son équipe pour s’implanter à l’autre bout du monde mais toujours en territoire français.
Le flic aux deux cents soixante-quinze enquêtes est devenu “Peseur d’âmes”. Enfermé sur cette terre de Saint-Pierre et Miquelon, il assume le métier de chef des frontières, officiellement. Mais sous le tampon classé Secret Défense, il aide les repentis à endosser une autre vie pour renaître incognito ailleurs.
Seulement la victime que lui envoie sa procureure préférée est une jeune femme, Anna Bailly, enlevée et séquestrée pendant dix ans par un tueur en série non encore identifié. Il s’agit à la fois de la protéger et de la faire parler pour arrêter au plus vite le prédateur.
Attention, Dans les brumes de Capelans de ce flic devenu écrivain est un vrai coup de cœur ! Roman noir, Olivier Norek parsème son intrigue de détails policiers qui rend réaliste son propos. Mais, c’est du côté de la psychologie que ses personnages prennent le plus de consistance. Son flic est complétement amoché et détruit, au point d’avoir rompu avec tous ceux qu’il aime pour se réfugier dans une solitude choisie et subie à la fois. Mais, voilà, il devra baisser sa garde et donner à voir sa sensibilité s’il veut que sa victime lui fasse confiance. Les autres personnages qui gravitent autour sont tout aussi fouillé donc crédible. Évidemment, il y a Mercredi, cette jeune fille d’allure Punk, qui cache sa différence sous un abord abrupte, mais aussi son grand-père, amoureux de polars. Il y a aussi les collègues, le psy consultant et la procureure, qui lui rappelle qu’il obéit bien à la justice, du côté du droit !
Et, puis vient l’ambiance ! Un caillou dans l’océan de vingt-deux kilomètres carrés face à l’immensité du Canada avec ses brumes de Capelans, un phénomène climatique unique au monde où on ne voit pas sa main le bras tendu.
Mais,
Au delà de tous ces points parfaitement bien maitrisés, il y a aussi le sujet choisi : une victime, jeune, exposée, comme désarmée, face à un prédateur particulièrement abject qui a su échapper à tous, et surtout à la perspicacité du flic Russo, l’enquêteur officiel pendant dix ans. Devant cet échec, il essaye de soigner ses addictions en maison de repos. L’occasion pour Olivier Norek de s’engager pour un combat dont il maitrise parfaitement les ressorts, la violence faite aux victimes les sévices sexuels et la maltraitance sous toutes ses formes.
Seulement, il y aussi le talent d’écrivain ! Car, aucune intrigue ne ressemble à celle-ci. Alors, se laisser embarquer en essayant de comprendre, d’anticiper, de maitriser, juste un peu. Puis, après, la peur arrive, le danger devient palpable. L’espoir renait pour s’enfuir peu après. Souffler, juste, pour reprendre vie. Et, puis, qu’importe l’heure, il faut savoir ! Alors on continue. On appelle ça un turn-over. Mais, ça n’a rien à voir avec ces polars formatés au tableau Excel ! C’est intelligent, inventif, bluffant, et surtout, bien écrit !
Vraiment, Dans les brumes de Capelans de Olivier Norek est à découvrir pour le plaisir de passer un excellent moment de lecture.
Puis quelques extraits
Le genre de maison qu’un agent immobilier récupère à son embauche et passe à son successeur quand sonne la retraite.
Les résidences surveillées du programme de protection des témoins doivent respecter un seul et même critère. Elles doivent être là, sans vraiment y être, invisibles, dans le fourmillement anonyme d’une grande ville ou dans un désert rural. Celle de Coste, plantée au bout d’une falaise, à en frôler le précipice comme une maison suicidaire, ne dérogeait pas à la règle.
Peseur des âmes des criminels était sa mission, chef des frontières, sa légende.
On les voudrait hideux, les monstres,
Dans les villes, dans la foule, leurs démons sont invisibles. lls nous frôlent sans que I’on frémisse. Leurs sourires ressemblent aux nôtres, on les côtoie, on les voisine, on les invite. Il nous charment ou nous indifférent, car ils sont bien normaux, les monstres. Leur peau, leur voix, leurs gestes, tout en surface est identique à l’ordinaire. Mais quelque part, une ombre s’est posée. Elle s’est nourrie silencieusement d’une blessure, d’une humiliation, d’une violence, d’une anomalie, d’une malfaçon. Elle s’est posée sur une fine craquelure qu’à coups de bec et de griffes elle a transformée en faille. Un gouffre, un piège pour la raison, et s’engendre la colère. La colère si jouissive à libérer, pour que sur d’autres se pose une partie de l’ombre. Pensant ainsi s’alléger, le monstre s’enferme et nourrit son serpent, toujours plus affamé.
Ce n’est pas si vous lui laissez son rôle de victime qu’elle se résoudra à nous parler.
Et, encore
La plupart des femmes battues restent chez elles, non? Et elles n’ont de cage que l’emprise de leur bourreau. Il n’y a même pas besoin de barreaux pour retenir quelqu’un.
Les sentiments sont des parasites qui détournent de la vérité. Quand les émotions bouillonnent, la raison s’efface et la réalité devient celle que l’on choisit de façonner.
Ici en bref



Du côté des critiques
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Questions pratiques
Olivier Norek – Dans les brumes de Capelans
Twitter : @OlivierNorek Instagram : @norekolivier
Éditeur : Michel Lafon
Twitter : @michellafon Instagram : @editionsmichellafon
Parution : 7 avril 2022
EAN : 9782749942285
Lecture : Avril 2022
Celui là j’ai très envie de le lire 😉
Il est très bien , en effet 🙂
Bonjour Matatoune. C’est un auteur que j’apprécie beaucoup alors je note le titre de ce roman pour le lire rapidement
Et, tu as raison, il est très réussi !
Quel plaisir de te voir conquise ! 🥰
Merci mais tu l’étais la première 🙂
C’est pas faux 😄
Cela a l’air captivant !
Oui c’est très réussi !
Ton article me donne vraiment envie de lire ce roman ! Je ne connaissais pas cet auteur…😉
Ah, j’ai bcp aimé. C’est bien construit et ça laisse la place à une très bonne intrigue !
j’ai tellement aimé, une fois de plus !
Oui très réussi ! Vraiment 😉
Bonjour Matatoune, je viens te souhaiter un joli mois de mai bien amicalement 🙂 et merci pour toutes tes gentilles visites.
Merci Denise ! A mon tour ! Très bonne continuation !
pas un seul de ses livres que je n’ai pas aimé et je vais forcément dévorer celui-ci
J’ai hâte de le lire. J’avais adoré sa trilogie.
J’avais lu des articles très positifs sur d’autres blogs à propos de ce polar et là ça semble se confirmer ! Il a l’air très enthousiasmant ! Bonne journée Matatoune !
Voilà un Norek qui fait moins l’unanimité mais après avoir lu ton appréciation je vais certainement m’y lancer en me pourléchant les babines d’avance
Merci Matatoune !
C’est gentil ! Je pense qu’il est très réussi ! Bonne continuation 🙂
Un auteur que je devrais vraiment découvrir à voir toutes les chroniques flatteuses qu il récolte. Bonne semaine
Oui j’ai l’impression que tout le monde es d’accord. Bonne semaine à toi aussi 🙂