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Kirby Williams – Les enragés de Paris

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Kirby Williams place son premier roman au cœur du Montmartre de l’entre deux-guerres, au moment où les boîtes de jazz occupent les nuits parisiennes et les musiciens ont l’accent de la Nouvelle-Orléans.

Paru en 2014 aux États-Unis sous le titre Rage in Paris, Kirby Williams en propose ici une traduction française pour ce début d’année 2021. La suite devrait paraitre à la fin de l’année sous le titre Quand sonne l’heure.

En quelques mots, l’histoire…

Urby Brown, le narrateur, est un clarinettiste d’un orchestre créole au cœur de la Nouvelle-Orléans.  Victime de la montée des suprématistes, il s’enfuit vers la France pour y retrouver son père, jamais connu. Alors, il y dirige un club de Jazz dans le Montmartre d’après première guerre mondiale. Puis, en 1934, il devient détective privé, toujours à Paris, lorsque la femme qu’il aime, repart vers les USA.

Le lecteur est plongé au cœur du jazz hot noir de Paris dans le milieu des Musicianers de leur ville d’origine. Ici, les hommes portent un costume trois pièces, à rayures ou pas, souvent des guêtres sur leurs chaussures bicolores et leurs têtes est couvertes par un canotier ou un Borsalino, se laissant conduire dans des Hispano-Suiza. Tout un voyage !

Grâce à son passé de soldat émérite, Urby Brown se voit confier la recherche d’une belle jeune femme blanche, Diane, sous l’emprise du meilleur batteur noir de la Nouvelle-Orléans, Buster Thigpen, qui devient un pur loup lorsqu’il est drogué. En effet, le père de la belle s’inquiète. Car, il souhaite la voir revenir dans le foyer familial même si elle n’est pas vraiment une « oie toute blanche ».

Cette enquête va entrainer tous les personnages dans un Paris aux prises avec la montée de de l’extrême droite et la gauche socialiste jusqu’en Allemagne, juste avant la Nuit des longs couteaux en passant par l’enlèvement du bébé de Lindberg.

Alors, une fois que le roman n’est pas encore refermé …

Le lecteur est plongé dans une ville de rêve où le séjour se situe au Ritz. Le restaurant le plus couru est Laperousse. Les rendez-vous branchés se font à la nouvelle Coupole. Bien sûr, dans les boites, où le calvados coule à flots, le clan des Corses fréquentent aussi des tenancières lesbiennes, hautes en couleur, du côté de la Place Pigalle. Tout un programme !

Et, Louis Amstrong passe à un moment jouer un morceau avec sa trompette. Picasso continue de s’encanailler. Mistinguett fait son show avec Chevalier. Et Hemingway est là aussi, avec tant d’autres, caviar et champagne à profusion !

Mais, malgré tout, de rebondissements en rebondissements, le récit manque un peu d’âme. Car, il ne suffit pas de décrire succinctement ce Paris Noir pour y trouver ici le plaisir de la découverte.

Et, surtout, l’enquête s’immerge beaucoup dans une extrême droite faisant le grand écart entre les prochains pétainistes et les collabos zélés de l’Allemagne Hitlérienne. La gauche y est peu évoquée sauf pour parler du désordre qu’elle semble organiser. Et, puis, imaginez que Hitler devienne un objet de désir sexuel, pour moi, ce fut un peu gros,  tout de même !

Et le livre fini …

Des stéréotypes s’y baladent allégrement. Ainsi, symboles français par excellence, la nourriture est associée au sexe.  La traduction du parler populaire devient rapidement assez peu réussie. Les grèves décrites gangrènent l’économie et le quotidien. Pour finir, par des manifestations et des affrontements urbains qui transforment Paris en lieu d’insurrection ! J’exagère…

Bien écrit, ce roman reste en deçà de mes attentes. Car, il m’a semblé qu’il y manquait un peu du rêve, de la présence musicale passionnée mais surtout peut-être de cette frénésie de liberté conquise contre l’esclavage et la répression blanche de l’Amérique du moment et transparaissant  à Paris.

Alors, évidemment, un bon moment de lecture puisque j’avais envie de m’immerger avec cette enquête dans ce Paris Noir des années trente mais, peut-être aussi une légère déception ..Est-ce que j’attendais autre chose que le public américain ? Oui, sans aucun doute !

Remerciements

Merci à @Babelio et @EditBakerStreet, spécialisée dans l’édition de la littérature anglo-saxonne en favorisant les échanges entre l’édition et tous les autres arts.

Puis quelques extraits

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Ce plan me plaisait, mais la guerre m’avait appris que même les meilleurs plans pouvaient mal tourner au plus fort de la bataille.

Ils observaient la pièce avec calme, comme capable d’affronter n’importe quelle situation sans froisser leurs fringues.

Il avait entendu tant d’histoires d’hommes de couleur lynchés pour avoir regardé une Blanche dans les yeux que toucher Daphné lui semblait périlleux.

Les Américains de couleur qui possédaient des entreprises à Harlem in Montmartre les attendaient de pied ferme, armes à feu, couteaux et battes de baseball à portée de main, au cas où il prenne l’envie aux fascistes de singer leurs frères du Klan dans le Sud en attaquant leurs commerces.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un premier extrait
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Et, encore un autre
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Et le dernier

Critiques

 

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(édition en anglais)

Kirby Williams

Norton And Co Ltd 12 Décembre 2014

 

Questions pratiques

Kirby Williams  – Les enragés de Paris

Éditeur : Les éditions Baker Street 

Twitter  : @EditBakerStreet

Parution : 9 février 2021

EAN : 9782917559765

Lecture : Février 2021

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13 commentaires

  1. À la différence de vous, j’ai beaucoup aimé ce polar, je l’ai avalé en deux jours et j’ai trouvé les détails historiques recherchés, pas bâclés du tout. De ce que j’ai pu lire sur l’auteur, celui-ci vit en France depuis 60 ans. Il parle d’évènements peu connus qu’il semble bien maîtriser, en tout cas il m’a beaucoup appris sur ce Paris et cette période un peu sombre. Personnellement j’étais très contente de croiser Sydney Bechet et d’autres artistes de ce milieu.

    • Ravie ! En effet, chaque lecteur réinvente les mots d’un auteur… Et, heureusement que chacun est différent ! Voilà, pourquoi la diversité doit être privilégié 🙂

  2. Le sujet du livre me donnait envie, mais je vais peut-être passer du coup ! Merci pour cette critique détaillée, elle était super intéressante à lire

    • Désolée … Mais j’avoue avoir été déçue et évidemment je ne peux pas le cacher

  3. les extraits me plaisent l’époque aussi mais je redoute les clichés avec les Américains on ne sait jamais à quoi s’attendre 🙂

    • Non, ils ne sont pas si nombreux mais j’y ai trouvé un quelque chose qui manque …

    • Oui celui-ci répond quand même aussi à des clichés un peu trop répandus. Bonne soirée

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