À Quatre Mains
La collaboration entre Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928- 1987) s’inscrit dans une démarche d’admiration réciproque. Autour de 160 œuvres travaillées ensemble pendant deux ans, de 1983 à 1985. Rares sont les artistes qui ont collaboré ainsi dans leurs œuvres.

La Fondation Louis Vuitton choisit de présenter plus de trois cents œuvres et documents dont quatre-vingts toiles signées conjointement. Et, pour une fois, les salles grandioses se prêtent particulièrement aux formats démesurés des deux artistes. Même si l’exposition couvre les quatre étages habituels, le ressenti est particulièrement agréable, sans le “trop-plein” pour moi habituel.
Une collaboration unique
Les documents vidéos, différentes interviews des deux artistes, diffusées sur le parcours montrent bien l’attachement, l’admiration et même la fascination réciproques.
Déjà exposé plusieurs fois (New-York, Los Angeles et en Europe), Basquiat rencontre Warhol en octobre 1982.
À la “Factory”, Warhol avait l’habitude de faire des portraits des artistes rencontrés. En Octobre 1982, Basquiat rencontre le Maître par l’intermédiaire de leur galeriste commun. C’est paraît-il Baquiat qui réclame sa photo.
La photo est faite. Puis, tout de suite après, Basquiat s’en va. Deux après, il revient avec le tableau réalisé. Warhol déclarera “Je suis jaloux, il est plus rapide que moi”.

Sur Dos Cabezas, la fougue de Basquiat éclate avec sa joie d’avoir rencontré l’artiste qu’il admire tant.
Pour le jeune new-yorkais féru d’histoire de l’Art, Warhol est une figure incontournable, même s’il traverse des années plus calmes. Warhol a ouvert sa “Factory” à la nouvelle génération, Jean-Michel et Keith Haring en font partie. Cette génération d’artistes que soutient le sexagénaire avec ouverture, curiosité et passion.
Fin 1983, après avoir travaillé avec Francesco Clemente, Basquiat et Warhol signent leur collaboration. Pendant un an, ils vont travailler ensemble. Puis, il y aura l’exposition en septembre et octobre 1985 à la Galerie Tony Shafrazi. Puis, Warhol travaille sur une commande d’après La Cène de Léonard de Vinci. Et de son côté, Basquiat voyage pour la première fois en Afrique. Warhol meurt en février 1987 et Basquiat en août 1988.

Création à quatre mains
Impossible de présenter ici toute la richesse de leur rencontre artistique ! Alors, tout à fait arbitrairement, j’ai choisi de présenter seulement deux de leurs œuvres.
China Paramount – 1984
Ce tableau fut réalisé au début de leur collaboration. On est transporté au cœur des années 80 à New-York. Ça bout et ça illumine !
Le logo Paramount Pictures Corporation est un des symboles le plus connus du cinéma hollywoodien. Mais, pour Warhol, c’est aussi un hommage à son ancien compagnon, Jon Gould, profondément aimé, qui travaillait chez eux.
On reconnaît aussi dans la toile des profils de Reagan, adepte d’un libéralisme effréné et d’une ouverture vers la Chine afin de multiplier les dividendes.
À cela, Basquiat oppose des figures noires, toujours exclues de cet univers d’argent.
6.99 – 1985
Cette toile figurait accrochée dans l’espace privée de Warhol à la “Factory”. Là encore, le foisonnement est édifiant de la frénésie de leur création.
Warhol appose les chiffres, les deux joueurs de football américain et la figure de la femme nue debout. Basquait pose ses aplats, des figures aussi, des visages et des griffonnages.
Alors, les retouches deviennent des cicatrices, comme les deux corps des artistes : Celui de Basquiat avec son accident de voiture enfant et celui de Warhol, victime d’une tentative de meurtre.
Pour aller plus loin
Jean-Michel Basquiat – Fondation Vuitton
East Village Blues – Chantal Thomas
Questions pratiques
Basquiat & Warhol, À Quatre Mains
Fondation Louis Vuitton
#ExpoBasquiatWarhol
Du 05.04.2023 au 28.08.2023
Twitter : @FondationLV Instagram : @fondationlv
Facebook @FondationLouisVuitton
Directrice : Suzanne Pagé
8 Av. du Mahatma Gandhi,
75016 PARIS
Bonjour Matatoune. Cette exposition doit être intéressante. Merci de nous la faire découvrir et bonne journée
La fondation se prête parfaitement aux grands formats que ces deux artistes ont composé ensemble. Une expo très réussie! Bonne journée 😉
Merci Matatoune pour l’ensemble de vos articles dont celui-ci que j’apprécie particulièrement. Merci aussi de suivre si gentiment et régulièrement mes billets 😘
Alors, à mon tour de vous remercier d’écrire de si gentilles choses !
très intéressant merci
A voir, si on peux. En plus, l’immensité du lieu convient bien au format de leurs œuvres !
J’aime bien tes choix…
J’étais un peu déçue par l’expo, je ne trouve pas que leur collaboration apporte vraiment quelque chose à leurs oeuvres respectives.
Mais c’est une très belle expo et la Fondation est un véritable écrin.
Non, peu d’évolution pour chacun, c’est vrai! Mais, je crois une véritable admiration réciproque.
Warhol est un peu “eteint” lorsqu’il rencontre cette jeune génération qui adule son audace passée à révolutionner l’art . J’ai trouvé les vidéos très édifiantes . Combien Basquiat est aux petits soins pour permettre à Warhol d’être sinon à l’aise du moins un peu à son avantage devant ce médium dont il ne connaît pas les codes ! Et combien Warhol fait des efforts pour y arriver.
Pour leurs œuvres ensembles, c’est un peu la même chose, je trouve:
Warhol s’occupe de la sérigraphie et place ces “totems” et Basquiat meuble au gré de son inspiration. Et quel débordement créatif !
L’hommage de Basquiat lors du décès de Warhol m’a bcp émue …
Sans cette exposition, je n’aurai pas compris l’attachement qui reliait ces deux artistes.
C’était pas Keith Haring ?
Rouge de honte 🙂 Merci bcp, j’ai corrigé !
Un léger rosissement peut-être mais pas plus…..tu donnes tant d’informations que ça ne pèse pas…. bravo en tout cas pour ton vagabondage dans ces belles salles.
🙏
Ces œuvres sont superbes. En grand format ça doit avoir belle allure. Bonne soirée
Des grands formats qui se trouvaient très bien mis en valeur dans les grandes salles de la Fondation ! Bonne soirée 🙂