Olivier Bal – Roches de sang

vagabondageautourdesoi.com - Oliver Bal - Avec Roches de sang, Oliver Bal délaisse son journaliste enquêteur préféré, Paul Green, pour embarquer son lecteur à la fois dans toute l’Europe mais surtout sur une île, chère à son cœur, la Corsica, pour un thriller parfaitement maîtrisé, âpre et haletant, mais aussi sensible et émouvant.

Brins d’histoire

Miroslav Horvat, soixante-treize ans, serbe dont le surnom est Le Président des Ombres ou le Chuchoteur, est assassiné à Londres le 1er décembre 2019 sur sa terrasse avec une inscription en corse, tracée en lettres de sang sur sa baie vitrée. De plus, il manque un objet dans une vitrine cachée aux regards des visiteurs où des objets hétéroclites sont exposés. Une vitrine du souvenir en somme !

Marie Jansen, depuis un an, enquête au nom d’Europol, accompagnée par la police anglaise sur cet homme, qu’elle aurait du arrêter pour extorsion, blanchiment et corruption publique. Il s’en ai fallu de peu !

Le 25 juin 1993 au Pradet, en France, Ange Basini dit Le Taiseux tant il est solitaire à l’accent indéfinissable, assiste à l’incendie d’un club de plongée dont il est responsable.

Chez les Basini, il y a eu le père, surnommé L’Ours, L’Ogre ou Le Tueur, qui, jusque sur le chemin de retour de l’école enseignait violence et terreur à ses fils, dont le cadet, Théo, de trois ans plus jeune que son aîné, continue d’entendre ses mots de haine.

Mais, avec les frères, il y a leur bande : Dummé, le marginal au corps de géant, et Frédé, le Léonard de Vinci, un souffre-douleur à l’école primaire.

A La Haye, le siège d’Europol réunit 1200 employés, originaires de vingt-sept pays, dans une assemblée de policiers analystes et d’avocats. Marie coordonne une équipe de quatre Ops sur la piste de Miroslav Horvat qui était une “hight value target”, une cible prioritaire.

Thriller reliant le passé au présent

Olivier Bal alterne son récit de 1993 et 2019 jusqu’à les relier, à la fin de son thriller. Autant le dire, il n’y a pas de découpage manichéen entre le bien et le mal, chacun de ses personnages est un héros et un salaud à la fois. C’est ces aspects psychologiques que au fil des situations, le lecteur découvre, qui rendent ses thrillers si riches et intenses. Car, même les flics les plus compétents ont leurs zones grises !

Mais dans Roches de sang, Olivier Bal ajoute de la complexité à son intrigue avec des rebondissements dans les deux espaces temporels qu’il a créé. Une véritable toile d’araignée se crochète sous nos yeux sans qu’on puisse en comprendre le mécanisme.

Roches de sang raconte des trafics humains, la pègre et la police européennes, mais aussi une superbe histoire d’amitié, de celle qui débute dès l’enfance et ne s’arrête plus. Le fil conducteur de ce thriller se construit autour de la vengeance. Les sentiments suscités sont forts et présents. L’émotion affleure…

Mais, la nature corse à laquelle Olivier Bal rend un hommage appuyé pour sa diversité, sa préservation, en un mot sa beauté sauvage devient un personnage à part entière, tout comme la personnalité de ces insulaires, attachés à leur terre. Qu’importe la naissance, c’est bien l’attachement à la terre de cœur que l’écrivain célèbre, ici. Pour ceux qui connaissent ses paysages, leurs descriptions dans Roches de sang sont d’un rare réalisme, ne cédant absolument pas à un lyrisme de bon aloi mais à une véritable célébration de son caractère unique.

En conclusion,

Impossible d’ignorer que Olivier Bal, en tout juste sept romans, impose ses intrigues parmi les plus grands auteurs français de polars actuels. Avec en plus, dans Roches de sang, une nature somptueusement sauvage et préservée et des hommes aussi, appartenant au clan mais à la volonté de tourner la page de la violence et du silence. Un excellent thriller !

Remerciements

A @XOeditions et @NetGalleyFrance    pour #Rochesdesang  de @Olivier_Bal

Pour aller plus loin

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Puis quelques extraits

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Depuis sa naissance. L’air qui entourait son père était si vicié, suffocant, que même au plus profond des océans, il ne sait jamais senti oppressé. S’enfoncer, vers des ténèbres insondables, était au contraire une libération pour lui.

Se façonner une existence parfaite, pour se convaincre qu’elle la vit.

“Quand le sang commence à couler sur notre île, ça ne s’arrête jamais.”

Mille vies, milles morts ont passés sur elle depuis. Tout s’efface. Il ne reste que des bribes.

” Des roches rouges. Du sang sur la pierre. Brouillard. Papillon par milliers. Un tombeau de glace. Les chiens ont faim. Une odyssée de larmes. Une cicatrice. Une main dans une autre. Des cendres. Le dernier gardien…”

Il y a ce chiffre, qui lui vrille les tripes rien que d’y penser : chaque année, parmi les personnes qui s’exilent, 10 000 enfants et adolescents non accompagnés disparaissent.

Et encore,

” Ces personnes ont des droits et on les traite comme du bétail. On fait tout pour oublier qu’il s’agit d’être humain. J’ai honte, Marie. Honte d’être européenne. Honte de voir que tout le monde sait et détourne le regard. Qu’est-ce que ces gens ont de moins que nous pour qu’on les laisse crever ici ? Ils ne sont pas assez blancs pour qu’on s’intéresse à eux, c’est ça ?”

Et en s’endormant, il est certain qu’elles auront retenu le plus important. Qu’il ne faut jamais cesser d’espérer.

Cette enquête, c’est aussi une excuse pour ne pas faire face.

Des Roches de sang, peut-être ces satanés journalistes avaient-ils raison après tout. C’est ce qu’ils sont.

” Quand les montagnes auront résonné de tes rires, la terre aura bu ton sang, la mère noyée tes larmes, alors, seulement, tu pourras dire que tu es corse…”

“(…) Vivre pour tous ceux qui sont morts.”

On peut toujours sortir de cette large route bien rassurante que l’on foule depuis si longtemps. Emprunter des sentiers de traverse. Ceux que l’on se refuse, ceux qui nous font peur. Ceux qui ne sont pas balisés, rempli d’herbes folles, de fleurs sauvages et de danger, peut-être. C’est en se perdant qu’on se trouve . On peut briser ses chaînes qui nous retiennent, qui nous entravent. On est libre, un peu, si on le veut bien. Rire à la face du destin, ne serait-ce qu’une fois.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Extrait
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Éditeur : XO Éditions

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Parution : 20 avril 2023

EAN : 9782374484853

Lecture : Avril 2023

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13 commentaires

    • Un polar très réussi où on se laisse embarquer là où on ne s’attend pas 🙂

    • Il est très bien écrit et l’intrigue est assez complexe point très bonne journée

  1. Il y a longtemps que je vois passer de bonnes chroniques de cet auteur, il faut absolument que je le découvre. Bonne semaine.

    • Je pense qu’il devrait te plaire. A mon avis, il est vraiment entré dans la cour des grands du polar. Bonne journée à toi

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