Collection Morozov
Icônes de l’art moderne II
Fondation Louis Vuitton
Préambule – Collection Morozov
L’art est utilisé aussi en politique ! Dans sa reconquête de son Soft-Power, la Russie avait décidé en 2007 avec le président Sarkozy de célébrer l’amitié Franco-Russe en inaugurant en 2016 une grande cathédrale orthodoxe à Paris, même si son président actuel n’a pu venir l’inaugurer. La Russie avait aussi autorisé la sortie d’une collection Choutchkine de Russie que la Fondation Louis Vuitton avait organisé la même année( voir article du Le Monde ici ). Ce second volet, la collection Morozov fait partie d’un même stratège.
D’ailleurs, le catalogue de l’exposition est cosignée de deux noms prestigieux: Messieurs Macron et Poutine !
Ne l’oublions pas en regardant tout ces chefs-d’œuvre…
Exposition
En réunissant plus de deux cents chef-d’œuvre, l’exposition Collection Morozov présente la collection d’art moderne français et russe des frères Mikhaïl (1870-1903) et son frère cadet Ivan Abramovitch Morozov (1871-1903), issus d’un fils de serf devenu richissime !

La passion de Mikhaïl puis à son décès Ivan Abramovitch Morozov débute à la fin du XIXè siècle, comme pour Sergéï Chtchoukine, autre collectionneur russe. Au cours de leurs nombreux voyages à Paris, ils découvrent l’art moderne avec des marchands d’art notamment Ambroise Vollard et rassemblent près de trois cents œuvres.
Ainsi, ils contribuent à la reconnaissance internationale de tous les artistes qu’ils ont soutenus. Mais, leur projet était aussi éducatif et pédagogique : Permettre aux artistes russes de découvrir dans leur pays les avancées de l’art moderne. Ainsi, ils peuvent s’inspirer des courants parisiens. Et l’exposition le montre bien en faisant le parallèle.
Les Morozov sont des manufacturiers du textile russe. Mikhaîl, plus littéraire, peut disposer de son héritage dès l’âge de vingts ans. Il est aussi critique littéraire et mène une vie de fêtes et de réceptions. Il introduit en Russie les deux premiers Gauguin.
Ivan Abramovitch Morozov

A sa mort, son frère Ivan, déjà dessinateur et peintre lui-même, va poursuivre cette démarche. Toute sa jeunesse, Ivan a travaillé son côté artistique, notamment en suivant des cours d’un maître russe, impressionniste lui-même. Étudiant à l’École Polytechnique de Zurich, il est aussi formé à la peinture dit sur le motif. En effet, un suivant le cours de la Volga, Ivan va travailler son style en tant que peintre paysagiste. Néanmoins, la mère d’Ivan sacrifie son talent à l’entreprise familiale et luis demande à la mort de son frère d’abandonner la peinture.
A partir de ce souci des paysages et des natures mortes, on comprend alors son sens de la nouveauté lorsqu’il découvrira La Montagne Sainte Victoire de Cézanne. (Voir Cézanne et la collection Morosov). Du coup, la lumière et la couleur seront ses deux obsessions.

Néanmoins, et l’exposition le montre dès la première salle, c’est une famille de mécènes et de proches qui vont développer ce projet si particulier de donner à la nation russe et surtout aux les moyens de connaître l’avancée de l’art occidental. artistes.
Sa collection est confisquée par un décret de Lénine au printemps 1918 et nationalisée. Il émigre entretemps. Son ancien hôtel particulier devient alors le premier musée d’art moderne de la planète.Mais Staline le fera fermé en 1948 et la collection sera accueillie principalement par deux musées : L’Ermitage à Saint Pétersbourg et le Musée des beaux arts Pouchkine à Moscou.
Appartements de Ivan Abramovitch Morozov

La plupart des tableaux achetés permettent de décorer les pièces d’un hôtel particulier acheté au 21 rue Pretchistenka à Moscou. Ivan y développe sa vie mondaine, comme l’avait aussi fait son frère. Les accrochages ont été réalisés de 1909 à 1941.
Les premiers accrochages sont ceux de Maurice Denis. La fondation Louis Vuitton a fait reconstruire l’espace du salon de musique. L’artiste les découvre lors d’un voyage à Moscou. Néanmoins, Maurice Denis n’est pas satisfait et complète des tableaux suivants, de vases et de sculptures de Maillol.
Les photographies reproduites ici ont été faites après 1818, même si jusqu’en 1928, l’accrochage reste le même que celui décidé par Ivan.




Pour aller plus loin
Cézanne et la collection Morosov
La ronde des prisonniers – Vincent Van Goth – Collection Morozov –
Sources
Anne Baldassari, commissaire générale
Le Monde “La guerre en Ukraine douche l’euphorie de l’exposition Morosov” 26/02/2022 ici
Questions pratiques
Collection Morozov – Icônes de l’Art moderne
Twitter : @FondationLV Instagram : @fondationlv
Facebook @FondationLouisVuitton
Directrice : Suzanne Pagé
[…] Ivan Morosov découvre Pomone et l’achète. Il commande L’Été, Le Printemps, Flore. […]
[…] Collection Morozov – Fondation LV […]
Dommage que l’art n’ait pas plus de pouvoir de réconciliation 😔.
Oui, bien sûr, mais cela n’enlève rien aux jugements très pointus de ces frères d’avoir su détecter tous ces talents et de les avoir montrés à leurs concitoyens artistes pour éveiller le regard de leurs pairs.
Je te rejoins complètement !
Je ne pensais pas que la guerre en Ukraine pouvait avoir une influence sur une exposition d’oeuvres.
C’est quand même rare qu’un catalogue d’expositions soit consigné par les deux présidents concernés 🙂
j’ai été impressionnée par la quantité de chefs d’oeuvre engrangés. très belle expo
Oui c’est impressionnant et c’était terriblement émouvant de les voir ainsi 🙂
Une des expositions que j’aurai tant aimer aller voir (comme celle de Edward Hopper en Suisse il y a 2 ou 3 ans)… impressionnant, le nombre de tableaux de cette collection.
Je pense aussi que l’accrochage est trop serré pour que l’on puisse apprécier ces oeuvres à leur juste valeur ! Bravo pour ton article.
Dans leur appartement, certainement mais à l’exposition ce fut un régal que j’essayerai de faire partager dans d’autres chroniques 🙂
je ne les connaissais pas non plus…
j’aime beaucoup le portrait devant Matisse beaucoup moins les murs que je trouve aussi surchargés, c’est un peu oppressant 🙂
Oui, et de voir celui de Matisse à côté de celui-ci, magnifique émotion !
Je ne connaissais pas du tout ces mécènes. Je trouve que les murs sont vraiment trop surchargés, ça ne met pas en valeur ces tableaux entassés comme des sardines dans leur boite. Bon week end
Oui mais leur hôtel particulier était très grand. La reproduction du salon de musique le prouve…Magnifique, vraiment !