Qui ne connaît pas cette photo de Robert Doisneau qui illustre, comme le dira plus tard son auteur, “Un moment heureux “? Avec son Rolleiflex 6×6 et sa pellicule en noir et blanc, moins chère que la couleur, le photographe battra des records de vente sous format en affiche avec cette photographie.
En effet, ce sont les années 50, la guerre est bien derrière tout le monde. Les comptes de la collaboration sont réglés, néanmoins la guerre froide alerte un peu. Il n’y a plus de rationnement et Barbara immigre en Belgique pour devenir “pianiste chantante”. Audrey Hepburn commence sa carrière d’actrice de cinéma. Le pouvoir ouvrier augmente lentement. On croit en l’avenir !
Pourquoi tant de gens s’identifient sur cette photo ? Parce que c’est le symbole d’un moment heureux – Robert Doisneau
Lorsque la photo est ressortie dans les années 80, publiée à un tirage phénoménal, tout le monde a cru au génie du photographe des gens simples. Robert Doineau était connu pour son regard empathique qu’il portait sur les gens de la rue et qui faisait de lui, un photographe humaniste au même titre qu’un Willy Ronis ou une Sabine Weiss, dignes héritiers d’un Eugène Adget.
Le grand public a cru au cliché spontané ! Seulement, dans la France corseté de l’époque, il n’y a que Brassens qui ose chanter Les amoureux sur les bancs publics. Et encore, la chanson sera chantée pour la première fois en 1953 par Patachou. Personne n’avait l’idée de se bécoter ainsi en public.
C’était mal connaître Robert Doisneau qui n’hésitait pas à composer ses clichés, comme la série avec son ami Maurice Baquet le prouvait. Il fait croire qu’il est assis à la terrasse du café en seconde position et qu’il réussit à prendre l’instant d’intimité du couple.

En fait, il rencontre dans un café un couple jouant au flipper qui s’embrasse souvent. Ce sont des étudiants en comédie. Il leur propose de rejouer un baiser dans la foule avec l’hôtel de ville de Paris en arrière-plan.
“Elle n’est pas laide, mais c’est une mise en scène, ils ont recommencé pour moi.” Pourquoi tant de gens s’identifient sur cette photo ? Parce que c’est le symbole d’un moment heureux – Robert Doisneau
Ce n’est qu’en 1992, que les amants, depuis mariés, décident de demander au photographe de reconnaître sa mise en scène et vont en justice pour violation de leur vie privée. Seulement, Robert Doisneau fait appel à la commanditaire et la propriétaire du cliché original, Françoise Bornet, qui rétablit la vérité. Elle aussi réclame des dommages et intérêts pour être apparu sur le cliché. Elle sera aussi débouté au tribunal sous prétexte qu’on ne peut la reconnaître. Néanmoins, son cliché original, vendu en 2005, sera adjugé 155 000 Francs.
Pour aller plus loin
« La photographie n’est pas un art, c’est un artisanat. »
Sources
Atelier Robert Doisneau, . Le site publie chaque jour un cliché inédit du photographe. A visiter pour les inconditionnels !
[…] Robert Doisneau – Le baiser de l’hôtel de ville […]
C’est si beau Doisneau. Merci Matatoune pour ce joli partage 🙂☀️
Il est très proche de nous, je trouve par l’humanité qu’on sent dans toutes ses photos !
Oui c’est totalement ça 🙂
Que ce soit une mise en scène cela ne change rien à la beauté de la photo et au fait que ce couple s’aimait pour de vrai. Par contre c’est moche d’avoir attaqué Doisneau en justice, ça casse le charme. Bonne journée Matatoune !
Oui, mais je suppose que les “amoureux” étaient envieux du succès de cette affiche !
Très certainement… ils voulaient une part du gâteau…
Certains tableaux admirables sont également de belles mises en scène, ce qui n’enlève rien au talent de l’artiste. J’aime beaucoup l’ambiance de cette photo, certainement comme des milliers de rêveurs en mon genre. Et Doisneau est un maître. J’aime beaucoup sa série avec Maurice Baquet et son violoncelle.
Tout à fait d’accord ! Merci d’être passée !
zut! mes illusions viennent de partir en fumée! je ne savais pas qu’il s’agissait d’une mise en scène. Mais le cliché me plaît toujours autant 🙂
Oui, cela n’a aucune importance , en fait !
He bien j’en apprend là je me serait pas doutée d’une mise en scène. Bisous doux weekend
Merci d’être passée! Bonne semaine !
On se demande toujours si cette histoire de comédiens jouant cet “instantané” n’est pas destinée à jeter l’opprobre sur toute l’œuvre de Robert Doisneau : pourtant ses clichés de la destruction des Halles à Paris… ne sont pas du tout le résultat d’une mise en scène !!! 🙂
Le travail avec Maurice Baquet, son ami musicien, était composé ce qui n’enlève rien sur la qualité de la prise de vue. Néanmoins, d’autres photos ont été prises sur “le vif “.
J’ai eu longtemps cette photo en poster dans mon salon, mais je ne connaissais pas son histoire. Bon week end