Le préventorium pour enfants

Notre exemple

Le préventorium pour enfants se met en place principalement entre les deux guerres pour s’inscrire dans la prévention des maladies pulmonaires comme la tuberculose. C’est une idée qui vient des États-Unis et du XIXè siècle. Un décret en 1938 unifie les fonctionnement. Néanmoins ce sont les communes et les départements qui sont parties prenantes de la création de ces structures.

En premier, le préventorium accueille des enfants ayant fait une primo-infection, en général de santé fragilisée par divers facteurs.

Ces établissements ne soignent pas à proprement parler.  Le sanatorium, quant à lui, s’adresse à des malades en voie de guérison.

Le préventorium ‘Les Peupliers” à Sèvres dans le Haut-Meudon appartenant à la ville de Boulogne-Billancourt, notre exemple ici, est crée en 1941 comme Maison des enfants de Sèvres pour le sauvetage des enfants juifs, puis transformé après 1945 en sanatorium préventif pour enfants.

Situés sur la commune de Sèvres, les locaux sont achetés par la ville de Boulogne en 1924, grâce notamment à une aide financière d’Edmond de Rothschild. La municipalité décide d’y installer un préventorium pour enfants qui fonctionne la première année en externat puis est transformé en internat afin de s’occuper des enfants ne pouvant suivre une scolarité normale.Archive de la ville de Boulogne-Billancourt

Les préventoriums pour enfants bénéficiaient souvent d’un grande demeure bourgeoise, genre château réaménagé, et d’un immense parc pour pratiquer les activités extérieures, quelque fois un jardin qui devient “pédagogique” et même une ferme.

Pierre Anglade, l’un des rares auteurs à avoir consacré la totalité d’un ouvrage à cet établissement spécifique, relève les divers cas qui conduisent à l’envoi d’enfants : « soit parce qu’ils sont au seuil d’une maladie […] soit parce qu’ils sont au début d’une maladie […] soit parce que le développement des sujets est, dans leurs conditions ordinaires de vie, notoirement compromis psychologiquement […] soit parce qu’ils sont atteints d’une maladie chronique dont une poussée évolutive est à craindre.Vaincre la tuberculose (1879-1939) – Stéphane Henry

Vue d’ensemble

Au carrefour de la naissance de la médecine préventive pour les enfants, les préventorium pour enfants ont pour but une « augmentation rapide du poids, de la taille et du périmètre thoracique, ” visant une “amélioration considérable de l’état physique et aussi de l’état intellectuel ». L’architecture se plie aux objectifs médicaux.

Le premier préventorium pour enfants construit fut celui de Berk, actuellement centre de rééducation très connu. L’air marin ou celui de la montagne, en bref le bon air,  était alors une prescription fondamentale. Le préventorium pour enfant, s’il est implanté autour de centre urbain, est construit en hauteur, en général entouré d’arbres et même d’espace de forêts pour que l’air y soit le plus pur possible.

Activités extérieures
Gymnastique orthopédique

A la thérapeutique proposée, il fallait ajouter l’héliothérapie, ou l’exposition au soleil, censée donner force pour combattre les microbes. Les préventoriums bénéficient de grandes baies derrière lesquels les enfants font la sieste, séance obligatoire, hiver comme été. Cette galerie de cure commune du rez de chaussée est le centre stratégique de la prescription médicale.

Sieste en hiver dans la galerie de cure commune

Crevant de chaud comme en atteste les photos et de froid en hiver, les enfants y sont entassés pour se reposer après le repas du midi. Impossible de se lever, interdit de parler. L’enfant fait semblant de dormir et s’endort d’ennui !

Sieste en été

Dans d’autres lieux, et plus tard, des solariums sur les toits sont installés. Ou encore des balcons décorent le pan exposé plein sud.

Un autre aspect de la cure est la nourriture. On y mange équilibré et la dose prescrite. Gare à ceux qui ne veulent pas finir ! Ils doivent rester dans la salle à manger jusqu’au moment où l’assiette est vide.

Néanmoins, il existe deux types d’inconvénients à ce type d’établissements : son inattendu succès qui empêche de nouvelles admissions et l’éloignement contraignant pour certains parents peu désireux de quitter leur enfant pour une longue période.

 

Ici contraste entre 3 entrants et  6 sortants

Car la cure dure des mois ! Le modèle se convertit plus tard en École de Plein Air (EPA) qui accueilleront les enfants en journée.

Pour aller plus loin

L’influence du bon air sur l’architecture. Une « guérison formelle » ? Apparition du sanatorium alpin en Suisse 1880-1914 Dave Lüthi Revue de Géographie Alpine – Année 2005

11 commentaires

  1. Bonjour. J’ai été en préventorium pendant 2 ans. Je me suis rendue compte de l’emprise que les soeurs qui le tenaient avaient sur moi plus de 2 ans après quand j’ai retrouvé ma famille. Nous avons été séparé presque 4 ans, nos parents ne pouvaient pas venir nous voir à 200km de là. Je n’ai jamais su si nous étions vraiment malades ou si ils ont voulu nous séparer de nos parents car ils supposaient que nous étions en danger au sein de notre famille. Pour ma part, cette expérience m’a rendu plus forte , plus dure, très résiliante. Ma grande soeur se sent coupable de cet enlèvement car elle a dénoncé à l’ école certaines choses qui arrivaient à la maison et dont je n’ai pour ma part aucun souvenir. Mon plus jeune frère est encore aujourd’hui complètement traumatisé par cette expérience. Il avait 4 ans et était une boule d’énergie, vivant et adorable, il a été enfermé par les soeurs pendant plusieurs mois dans une cage en verre sans nous laisser la possibilité de le serrer dans nos bras et encore moins de l’embrasser. Quel horreur ! J’ai aujourd’hui encore des images très nettes de sanction sur les enfants comme de les attacher à leur lit humide de l’accident de la nuit pour leur faire comprendre qu’il ne faut pas faire pipi au lit; comme les châtiments corporels devant la foule de camarades en cas de désobéissance à l’école; comme rester des heures au réfectoire pour terminer coûte que coûte son assiette…. Vraiment, je regrette aujourd’hui de ne pas avoir pris le temps de retrouver cette institution de malheur pour leur régler le compte et permettre aux membres de ma famille d’obtenir réparation. C’est l’ État qui devrait rendre compte de cette maltraitance institutionnelle systématique sur les plus démunis dés qu’ils ne rentrent pas dans le moule. j’ai beau cherché l’établissement, on dirait qu’il n’a jamais existé. Il n’y en a aucune trace. C’était dans les années 75 et 76 dans la Sarthe, une grande demeure type château tenu par des religieuses.

    • Moi, il ne me semble pas que c’était des sœurs qui le dirigeaient. Néanmoins, ces femmes qu’on appelait Tata étaient quand même très distantes. Je me souviens des siestes que nous devions faire au soleil dans la pergola où il ne fallait plus bouger et du coup, on s’y endormait d’ennui 🙂 Mais, le pire fut la nourriture qu’on m’obligeait à avaler…Je ne pouvais aller jouer si je n’avais pas fini mon assiette. Méthode ancienne assurément qui renforce quand même fortement les troubles alimentaires …Je n’ai pas connu des brimades. Heureusement …
      Avez-vous pu retrouver le lieu exact? La congrégation ? Avez-vous pu faire des recherches pour savoir s’il y avait eu enquêtes par rapport à d’autres témoignages. Difficile de croire qu’il n’y ait rien. L’état sous-traite à des associations, des congrégations l’exercice de cette prise en charge, il ne peut être rendu responsable direct. Mais, les personnes qui ont participé à ces maltraitances oui …
      En tout cas, bon courage à vous, car vous ne pouvez en rester là pour votre frère et vous même !

  2. Ton blog est une vraie encyclopédie, je n’avais jamais entendu parler de ces établissements. Bonne fin de journée

    • En France, beaucoup de villes conséquentes avaient investi dans ce genre de bâtiments qui après on pu être vendu ou transformé pour accueillir des séjours courts. Bonne soirée à toi

  3. On en avait aussi en Suisse qui s’appelait sanatorium toujours en montagne d’ailleurs, c’était un beau batiment quand même mais je doute que els enfants aie eu envie d’y aller. Bisous

    • Non, c’était pour profiter du bon air mais le problème c’était que ça durait plus qu’une colo …En effet, dur pour les enfants! Bonne soirée

  4. Bonjour Matatoune. A Arès il y avait depuis 1913 un préventorium-sanatorium appelé l’Aérium dont j’ai souvent parlé, qui a soigné des centaines d’enfants avec ces méthodes. En désuétude depuis 1971… Bonne journée

    • Oui, ce genre d’établissement a souvent été transformé en institut pour personnes en situation de handicap ou en centre de rééducation. Bonne soirée

  5. Oui, mais si de louables intentions président à leur création, j’ai l’impression que c’était un fonctionnement très autoritaire. je ne connaissais pas du tout l’existence de ces centres mais on oublie aujourd’hui à quel point la tuberculose que tu cites, a été un fléau.

    • Oui un vrai fléau qui en France est de nouveau en augmentation dans les milieux précaires. Le fonctionnement de tels établissements ne tenait pas compte des dégâts dus à la séparation avec la famille et de ses conséquences . La protection de l’enfant a heureusement grandement évoluée car maintenant cette séparation n’est envisagée que lorsque des mauvais traitements ne peuvent pas être empêchés et non uniquement pour un problème de santé.

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