Attaché de presse, puis critique et historien du cinéma, Bertrand Tavernier a commencé à co-écrire une encyclopédie intitulée 50 ans de cinéma américain qui est devenu au fil du temps, 70 ans. Il a rédigé quelque 1 000 pages d’entrevues avec des cinéastes, regroupées dans l’ouvrage Amis américains avant de devenir producteur, scénariste et réalisateur.
« J’ai toujours cherché à ce que le rythme et les mouvements de caméra soient dictés par l’émotion ressentie par le personnage et non par l’intrigue. »
Bertrand Tavernier
Non seulement, je me souviens encore de “L’horloger de Saint Paul”, sorti en 1974, de la salle et du moment où je l’ai vu .
Adapté Simenon dans ce quartier de Lyon fut une véritable pépite !

Trente ans plus tard, à la faveur d’une visite du vieux-Lyon, je me suis retrouvée devant une boutique qui s’appelait du même nom. Pourtant, dans le film c’est bien un décor qui est utilisé même si des scènes sont tournées dans le quartier
Alors, lorsque Philippe Carry, horloger d’art, cherche à s’installer dans ce quartier, l’idée lui vint d’appeler son commerce L’Horloger de Saint-Paul. Car Saint-Paul est le nom du quartier du vieux Lyon. Il écrit à Bertrand Tavernier qui lui répond gentiment ceci:
« vous êtes horloger, vous exercez à Saint-Paul, qu’est-ce que je pourrais vous dire ? »
Le magasin s’installe rue de la Juiverie et fait vivre le mythe.
Le reportage oublie de dire que ce jeune réalisateur était un cinéphile passionné et passionnant. Il faut réécouter la Masterclases de Arnaud Laporte sur France-Culture, celle notamment de 2017 où il explique, comme un conteur né, son enfance avec son père, écrivain résistant d’un éclectisme extraordinaire.
Quand il raconte un dîner dans les premiers jours de la Libération avec Aragon et Claudel. Aragon et Elsa ont été caché pendant la guerre par la famille de Bertrand. Son père disait toujours qu’il fallait se souvenir que Claudel était le seul à prendre une position publique contre la déportation des enfants. Dîner glacial où l’un et l’autre se sont réconciliés sur le dos de Gide…
Car, passionné de cinéma mais aussi de littérature,
Bertrand Tavernier a écrit des adaptations et des scénarios originaux.
En 1975, Que la fête commence.
Une année plus tard, Le juge et l’Assassin avec une interprétation inoubliable de Michel Galabru, qui reçut le César du Meilleur Acteur.
On ne peut absolument pas citer plus d’une trentaine de films qui correspondent tous à des moments de la vie de chacun. Petite mention particulière pour Coup de Torchon (1981) .
Mais aussi Dans la Brume éclectique lui le grand spécialiste du cinéma américain a tourné en Louisiane ce polar issu d’un roman de James Lee Burke et où Tommy Lee Jones est d’une vérité étonnante.
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Et dans son dernier 2016, Voyage au pays du cinéma Français.
Scorcese et Tavernier COLLECTION CHRISTOPHEL © photo Etienne George
Bertrand connaissait intimement tous les aspects du cinéma français. C’est une chance incroyable pour nous tous que Bertrand ait partagé son savoir et sa passion dans son documentaire Voyage à travers le cinéma français, une œuvre d’une grande beauté. Scorcese
Mais, pour ma part, je garderai en mémoire cet homme très grand qui baissait la tête lorsqu’il parlait comme par modestie. Il révélait des anecdotes, des “secrets de tournages”mais aussi tellement d’autres choses.
J’ai eu la chance de pouvoir le rencontrer à plusieurs présentations car il n’avait pas peur de passer le périphérique pour éveiller et transmettre sa passion.
Beaucoup de tristesse pour ses enfants et beaucoup de regrets car nous ne pourrons plus profiter de son érudition incroyable. Nous ne pourrons plus le rencontrer et l’écouter. Car, lorsqu’on parle cinéma, on parle aussi de plaisir de vivre !
Sources
Masterclasses 2017 – France Culture
Masterclasses 2020 – France Culture – Je fais un cinéma de partage
Cinéma Tati – Twitter : @JacquesTati93, Instagram ;jacques.tati.93
Pour aller plus loin
Sa fille est écrivaine. Son dernier roman L’Ami de Tiffany Tavernier
[…] Bertrand Tavernier […]
Merci Mata pour ce bel hommage à Bertrand Tavernier. J’aimais beaucoup son cinéma.
Moi aussi, Très bon week-end
Un très bel hommage. J’étais peiné d’apprendre sa disparition. Un passionné, érudit, brillant.. Ils nous quittent tous décidément.
Evidemment, je ne le connaissais pas personnellement. Mais lorsqu’à plusieurs reprises j’ai assisté à la présentation de ses films, j’ai toujours été étonnée de son érudition et de sa simplicité. Télérama va faire un article dans son prochain numéro…Hâte
Je lirais ce Télérama alors. C’est le sentiment, l’impression que j’ai eu de lui également 🙂
Tu rends un bel hommage à ce grand cinéaste. Bon dimanche
J’aimais bcp cet homme et admirative de son sa passion. Bon début de semaine
c’est un immense réalisateur… le tandem avec Philippe Noiret fonctionnait à merveille!
J’ai un faible aussi pour “Coup de torchon” décidément tous les gens qu’on aime tirent leur révérence en ce moment
Pas facile en effet ! Mais comme le disait un chef de service des urgences près de chez moi dans une émission, actuellement 400 personnes meurent chaque jour en France du Covid …Un Airbus chaque jour ! ….Dans l’Airbus, forcément il y a des personnes connues et que l’on connait …:)
j’ai lu cela je trouve qu’on devrait utiliser cette phrase, car un Airbus qui s’écrase tous les jours cela marque davantage les esprits…
je redoute le burn out du personnel médical (médecin infirmiers aides-soignants, kiné… Je redoute des démissions en série !
Oui la fuite de l’hôpital public …
Triste disparition. Un cinéaste très doué !
Oui je l’appréciais bcp
oui vraiment un très grand réalisateur, et “coup de torchon” un immense film avec mon si regretté Noiret
Noiret et Tavernier, ces deux là c’était trouvé !