Louise Glück
Prix Nobel de Littérature 2020
Presque inconnue en France, Louise Glück a besoin de la lumière de ce prix pour se faire apprécier.
Née en 1943 à New York, Louise Glück enseigne l’anglais à l’université de Yale. Elle a déjà publié douze recueils de poésie, ainsi que des essais, non traduite en français.
« Afternoons and Early Evenings » (extrait d’un poème de Louise Glück traduit par Romain Benini)
The beautiful golden days when you were soon to be dying
but could still enter into random conversations with strangers, random but also deliberate, so impressions of the world
were still forming and changing you,
and the city was at its most radiant, uncrowded in summer though by then everything was happening more slowly—Les beaux jours dorés où tu allais bientôt commencer à mourir
mais où tu pouvais encore prendre part à des conversations imprévues avec des inconnus, imprévues mais volontaires,
de manière que les impressions du monde continuaient de te former et de te changer,
et la ville rayonnait plus que jamais, dépeuplée en été même si alors tout se passait plus lentement ––
Lors d’une intervention au National Book Fondation en 2014 à New-York, Louise Glück lit elle-même un de ses poèmes extrait de Faithful and Virtuous Night pour lequel elle vient de remporter le premier prix.
L’IRIS SAUVAGE
(Jamais publié en France dans son intégralité)
Au bout de ma douleur
il y avait une porte.
Écoute-moi bien : ce que tu appelles la mort,
je m’en souviens.
En haut, des bruits, le bruissement des branches de pin.
Puis plus rien. Le soleil pâle
vacilla sur la surface sèche.
C’est une chose terrible que de survivre
comme conscience
enterrée dans la terre sombre.
Puis ce fut terminé : ce que tu crains, être
une âme et incapable
de parler prenant brutalement fin, la terre raide
pliant un peu. Et ce que je crus être
des oiseaux sautillant dans les petits arbustes.
Toi qui ne te souviens pas
du passage depuis l’autre monde
je te dis que je pouvais de nouveau parler : tout ce qui
revient de l’oubli revient
pour trouver une voix :
du centre de ma vie surgit
une grande fontaine, ombres
bleu foncé sur eau marine azurée
Ou encore
CHANT
Comme un cœur protégé,
la fleur
rouge sang
de la rose sauvage commence
à éclore à la branche la plus basse,
soutenue par la masse
nidifiée d’un gros buisson :
elle fleurit sur l’ombre,
toile de fond
perpétuelle du cœur,
alors que les fleurs
plus en hauteur se sont flétries ou ont moisi ;
pour survivre,
l’adversité
approfondit simplement
sa couleur. Mais John
n’est pas d’accord : il pense que
si ce n’était pas un poème mais
un vrai jardin, alors
la rose rouge ne devrait
pouvoir ressembler à
rien d’autre, ni à
une autre fleur, ni à
un cœur ombragé dont
le pouls bat, au niveau du sol,
tantôt bordeaux, tantôt cramoisi
(Traduction Marie Olivier, pour la revue Poésie)
J’avoue que je ne la connaissais pas avant ce prix Nobel de littérature. C’est magnifique ce qu’elle écrit et cela donne envie d’en découvrir davantage. Excellent weekend Matatoune 🙂
Le fait qu’aucun éditeur français ne l’ait encore publiée me laisse perplexe – un tel désintérêt pour la poésie étrangère m’étonne. Maintenant, bien sûr, les éditeurs vont se pencher sur la question…
Oui, moi aussi. Elle semble avoir bénéficié de nombreux prix et en plus prestigieux et aucune traduction de ses livres entiers en français. …A voir de prochains articles qui pourraient nous aider à répondre à cette interrogation !
Oui, je vais suivre ça moi aussi ! Bonne journée Matatoune !
Je ne la connaissais pas, elle est très belle. Difficile de traduire des poèmes, heureusement je peux les lire en VO. Merci pour cette découverte.
merci de nous avoir présentez cette femme est une partie de son œuvre. Bisous doux weekend
Des poèmes forts, semble- t ‘il !
Merci pour ton article. Je n’avais pas du tout suivi cette nomination. Peut-être que maintenant les traductions vont suivre.
Oui, je crois qu’ un éditeur va être obligé 😉
Je n’en ai jamais entendu parler, ce qui ne m’étonne pas vu mon peu d’intérêt pour la poésie.
Bon week end
Non, t’ inquiète tous les journalistes reconnaissent qu’ elle est inconnue en France. Aucun de ses livres n’ a été traduit. Du coup, cela devrait être réparé d’ ici peu. Bonne soirée
je ne la connaissais pas avant l’attribution du Nobel …il va falloir rettraper le retard 🙂
j’aime bien “L’iris sauvage” …
Oui moi aussi sa poésie m’ a touchée et comme toi, je ne la connaissais pas bien.