Cindy Sherman

Une rétrospective
1975 – 2020
Fondation Louis Vuitton
Après une rétrospective présentée au MoMA de New-York en 2012, la Fondation Louis Vuitton organise une rétrospective de 170 clichés de Cindy Sherman avec, en plus, des œuvres récentes et celles des débuts. L’accrochage n’est pas chronologique.

Yeux bleus, cheveux noirs qu’elle a pris l’habitude de teindre en blond, menue, pas très grande, elle paraît plus jeune que son âge, 66 ans. Connaissance des arts
L’artiste se revendique de l’art conceptuel, un mouvement de l’art contemporain apparu dans les années 1960 mais dont les origines remontent à Marcel Duchamp au début du XXe siècle. L’art est défini non par les propriétés esthétiques des objets ou des œuvres qu’il présente, mais seulement par le concept ou l’idée même de l’art.
Voici donc Cindy Sherman : celle qui se prend en photo depuis quarante ans et ne se ressemble jamais d’une prise à l’autre, si bien que l’on ne parvient même pas à imaginer quelle est son apparence ordinaire. Elle tire le portrait de quelqu’un qui n’existe pas, elle-même. Ce paradoxe suffirait à troubler. Le Monde du 3mars 2012
Précédemment exposée au Jeu de Paume en 2006, Cindy Sherman est une photographe, née en 1954, vivant et travaillant à New-York. Depuis 1970, l’artiste se consacre uniquement au portrait.
Paradoxalement, c’est en disparaissant – maquillée, sous sa perruque, affublée de postiches, vêtue de costumes, posant dans des décors – que Cindy Sherman est devenue une icône. Livret de l’exposition
Formée à la peinture, Cindy Sherman connait les autoportraits de peintres qui se déguisent (Rembrandt-De Chirico). Seulement, la photographie présente habituellement la réalité, surtout lorsqu’il s’agit de portraits. L’art de Cindy Sherman est de permettre d’y revenir en présentant une image travaillée à l’extrême en vue de dénoncer un certain nombre de points.
Processus de création ou le changement d’identité
Costume et maquillage préparés, viennent les réglages de lumière, d’angle, de distance, de format de l’image – panoramique, carrée, en hauteur, etc. Très vite, Cindy Sherman a acquis une telle maîtrise de ces paramètres que l’on ne peut manquer de se dire que, si elle l’avait souhaité, elle aurait été l’un des plus brillants photographes de mode et de publicité de son temps. Un clair-obscur vaporeux, une tendre harmonie à dominante rouge, un gros plan médical, une plongée ou une contre-plongée, un cadrage centré ou décentré, elle joue de ces solutions optiques avec la plus grande aisance. – Le Monde – Cindy Sherman et ses 171 métamorphoses – 2012
Cindy Sherman photographie le reflet donné par son corps maquillé, travaillé et apprêté.
“Untitled Film Stills” entre 1977 et 1980
Cindy Sherman instaure un protocole encore inchangé aujourd’hui : devant l’appareil, elle est à la fois actrice, costumière, modèle, technicienne, éclairagiste, truqueuse, accessoiriste, retoucheuse et …artiste. Livret de l’exposition

Œuvre complétement créé de toutes pièces. Elle montre des émotions fortes, sans lien avec la réalité. L’artiste regarde un miroir qui la reflète et elle se répète “Je te déteste”. Ce visage remplit de larme m’était cathartique.
Un film still est une image produite pendant le tournage d’un film. Celles de Cindy Sherman n’évoquent pas de films connus et pourtant, elles paraissent appartenir à notre univers.
Petit film montrant Cindy Sherman essayant de composer un personnage.
Flappers entre 2010 et 2018
Cindy Sherman qualifie de Flappers les personnages qu’elle incarne dans cette série. Le terme, équivalent à “garçonnes” situe ses héroïnes entre les deux guerres, comme des héroïnes libérées entre les deux guerres.

Ces grandes dames posent devant des décors qui sentent la réussite. Sa réussite est mise en scène avec le lamé et le porte-cigarette, par exemple.


Dans un album de photographies d’enfance, Cindy Sherman inscrit sur toutes les images la représentant :
“That’s me !”
“C’est moi !”
Mais cette affirmation narcissique se transforme plusieurs années plus tard en une métamorphose de la jeune femme sérieuse en star aux lèvres rouges.

Premières Œuvres – Entre 1975 et 1977
Les œuvres de jeunesse sont fondatrices par la diversité des techniques (films, photos, collage) et par les thèmes abordés : identité, déguisement, fiction, mode.

En se glissant dans le rôle, d’un mannequin, l’artiste aborde le sujet de l’image de la femme dans la mode.
A play of selves en 1976

Cette installation, composée de 72 scènes montrant 244 silhouettes découpés et collées, marque une nouvelle phase du travail de l’artiste. Elle aborde la fiction en multipliant les personnages et en imaginant un scénario de fiction.
Il s’agit d’un drame sentimental en quatre acte et un final.
En jouant tous les rôles, l’artiste déploie à la fois son talent mais aussi son humour.
Centerfolds en 1981
Ces photographies devaient être publié en double page dans Artforum, comme les magazines de charme. Ici, uniquement des jeunes femmes rêveuses et amoureuses.

Fashion en 1983
En 1983, Cindy Sherman réalise une série destinée à faire la promotion de la boutique Dianne B. dans le magazine Interview.

Les vêtements sont signés Jean-Paul Gauthier ou Comme les garçons. L’artiste amplifie l’ambiguïté déjà présente chez les créateurs qui ont interrogés avec leurs vêtements les normes culturelles du corps de la mode.

History Portrait – Entre 1989 et 1990
Vêtue de costumes confectionnés à partir de vêtements achetés aux puces mais aussi de prothèses et de perruques ainsi que des accessoires divers. Ici, une photographie qui rappelle Le jeune Bacchus malade de Bacchus.


Les clowns
L’artiste s’approprie les codes de la représentation des clowns en les caricaturant.

Avec des chapeaux et des perruques, les personnages sont outrageusement fardés et incarnent les différentes représentations :clown joyeux et hilare, celui triste et déprimé ou encore, celui cruel.

Cette série introduit l’usage d’un appareil numérique, uniquement ici, pour lesfonds.

Society Portraits en 2008
Ce sont dans cette série des portraits d’apparat. L’univers est classique et luxueux. Et pourtant, il faut chercher le détail qui perturbe l’ambiance générale.

Ici ce sont les sandales roses qui trahissent. Après quatre ans d’arrêt, Cindy Sherman passe complétement au numérique.
“A présent, il ne s’agit plus de rajouter des rides mais d’utiliser celles que j’ai pour raconter autre chose.”

Ici, ce sont les rides et les mains vieillis qui sont utilisés.
Men – Entre 2019 à 2020
Ici, cette série se caractérise par un changement de genre. C’est la première fois qu’elle y consacre tout un ensemble.

Ce sont les vêtements homme de Stella McCarney composant des silhouettes androgynes avec des paysages variés.

Ici, le décalage est opéré parce que le personnage déguisé porte un tee-shirt à l’effigie de Cindy Sherman. Ce personnage, comme la plupart de cette série, a un double féminin. C’est donc une façon de réinventer une certaine masculinité, volontairement ambiguë, qui brouille les frontières entre les genres.
Questions pratiques
Du 23 septembre 2020 au 3 janvier 2021
Bonjour Matatoune. C’est une exposition très originale et ton article m’a beaucoup intéressée. Un tel égocentrisme est tout de même surprenant.
L’ Art du déguisement ! Impressionnant !!!!
Merci Mata 😉🙏👁👁
Complétement bluffant, cet art de la métamorphose pour faire bouger les ressentis Bonne soirée
Coucou
Ces photos sont géniales, ça donne vraiment envie d’aller visiter cette exposition. Bon dimanche
C’est une expo assez exceptionnelle avec son travestissement en grand format, une omniprésence cachée !
Merci beaucoup pour cette superbe présentation. J’ai beaucoup aimé !
Oui, c’est très attrayant quoique quelque fois assez inquiétant !
Merci, de nous faire connaitre cette artiste.
Quel travail interessant! Et Impressionnant! Bravo!
Cordialement.
Evelyne
Oui le travail de préparation est énorme ! Et, la métamorphose ou le transformisme subjugue !
Une femme qui est multifacettes ou qui se rêve dans un autre personnage c’est troublant. Bisous
Ce qui semble époustouflant, c’est tout le travail en amont de la photo prise !
je ne la connaissais pas, les photos me plaisent énormément 🙂
Oui, moi aussi, cette façon de se transformer dans cette métamorphose si particulière est très originale.
C’est très original ! Je découvre 🙂
Oui, c’est assez particulier mais j’ai pris bcp de plaisir aussi à découvrir cette exposition très complète.