
Nicolas de Staël siège en majesté au Musée d’Art Moderne à l’automne 2023 pour une présentation rétrospective de son œuvre. À peu près mille cent toiles et autant de dessins constituent le fond de ces vingt années de production dont deux cent les deux dernières années de sa vie.

Nicolas de Staël était fasciné par le spectacle du monde, confirme Pierre Wat, l’un des commissaires de l’exposition. Le MAM choisit de présenter un parcours chronologique en mettant l’accent sur son processus de création, ses recherches et ses expérimentations qu’il concentre souvent dans un grand tableau.
Tout au long de cette exposition on mesure la fascination du peintre pour le renouvellement de son expression et l’urgence qu’il met dans ce travail. Comme au volant de sa voiture, en roulant à tombeau ouvert sur les routes de Provence, son œuvre témoigne de son urgence à créer.
Ici, difficile de résumer une telle rétrospective par ces quelques lignes. Alors, c’est juste l’envie de montrer, en quelques tableaux, son évolution artistique. Autour de la figuration et de l’abstraction, la révolution créatrice de Nicolas de Staël se laisse approcher.
Figuration

Pont de Bercy est le seul tableau que Nicolas de Staël n’a pas détruit de la période marquée par la tutelle de Georges de Vlamynck. Cette période est celle de la figuration. Nicolas de Staël déclare rapidement “Je me suis senti gêné de peindre des objets ressemblants.” Et pourtant, ces portraits de Jeannine Guillou, sa première femme, sont d’une étonnante présence.

Compositions mosaïquées

Composition fond blanc Paris 1951
La toile de Nicolas de Staël s’empâte avec des structures géométriques brusquées par les mouvements du peintre. Sa palette se charge. Il utilise la truelle, le couteau et la spatule comme un maçon qui construit un mur.

Des marques comme les cicatrices sur un corps, comme l’empreinte des mondes qu’il a traversé, lui, le russe blanc déchu par la révolution bolchevique, vivant une bohème désargentée et fantasque. Mais, la couleur apparaît franche.

Équilibre et déséquilibre
Puis la toile s’allège de plus en plus. Le style s’épure et se simplifie. De larges espaces se dégagent, les couleurs deviennent très fortes, dures, presque stridentes ou au contraire très tendres, douces et chaleureuses.
Le dernier voyage en Sicile en 1953 constitue un point marquant, dont il rapporte des dessins. Pour peindre, Nicolas de Staël utilise des gazes, des pinceaux fins et des tampons de coton. Caresser la toile devient son habitude.

Il s’est installé à Antibes. Il commence à être reconnu et vend beaucoup aux États-Unis, ce qui le bouleverse, lui, le colérique qui n’a que faire de ce pays du produit roi. Son galeriste new-yorkais Paul Rosenberg le presse. Il vend de plus en plus de tableaux.

Une dernière année toute particulière
Nicolas de Staël entre dans une frénésie de création qui le fatigue, le consume. Des opportunités se ratent dit son marchand. Nicolas de Staël devient riche. Il sait que sa famille sera à l’abri, s’il lui arrive quelque chose. Il est de plus en plus conscient qu’il ne pourra continuer ainsi longtemps.

Pourtant il subit les invectives du milieu de l’art lui reprochant de se rapprocher de la figuration. Difficiles de rester calme, ses colères sont épiques. Seule la création le calme. Seulement, à genoux pendant des heures au-dessus de sa toile, respirant les vapeurs de térébenthine, il s’épuise.
C’est du côté privé que tout bascule. Lors du voyage en Sicile dans une camionnette avec femme et enfants et deux amies, Nicolas de Staël est de plus en plus attiré par Jeanne Mathieu, ancienne amante de René Char, l’ami, le double et le mentor à la fois. Sa passion les consume tous les deux. Le peintre demande beaucoup à cette femme libre, elle-même mère de deux enfants.
Françoise, son” petit”, et ses trois enfants ont réinvesti Paris, à sa demande. Il veut rester seul dans le Sud. Son dernier enfant, Gustave, vient de naître.

Seulement, Nicolas de Staël est prêt à tout casser, son mariage, l’équilibre avec Françoise, et la vie avec ses enfants qu’il adore pour vivre avec Jeanne. Elle ne sait plus, semble complètement déstabilisée par tant de demande. Nicolas attend et se désespère. Jeanne ne vient plus, complètement envahie par la fougue ravageuse de l’artiste.

René Char ne saisira pas l’engrenage dans lequel est son ami.

Commissariat
Charlotte Barat-Mabille, commissaire au MAM
Pierre Wat, historien de l’art

Source


Pour aller plus loin
Questions pratiques

Nicolas de Staël
Musée d’Art Moderne
Du 15 septembre 2023 au 21 janvier 2024
#ExpoNicolasdeStael
X : @MAM Instagram : @museeartmodernedeparis
11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris
J’avais pris des billets mais des soucis familiaux m’ont empêchée d’y aller. Quoi qu’il en soit, je veux absolument voir cette expo ! Ca a l’air génial.
Oui, il faut trouver le temps, car c’est un vrai choc esthétique. De plus, une cinquantaine d’œuvre de collection particulière sont exposées et pas des moindre . Mais, il y a bcp de monde…Il faut trouver un temps plus tranquille pour apprécier les œuvres, Bonne visite !
je découvre alors merci. Bisous doux weekend
Je souhaite que tu aimes !
Bon week-end 😉
Je ne connais pas bien ce peintre, mais j’aime beaucoup les tableaux que tu présentes. Bonne journée
C’est une formidable exposition car la confrontation avec ses œuvres réelles est bouleversante !
Bon week-end 😉
Merci
J’y vais dès que possible 🙂
Tellement amoureuse de ce peintre !
Une exposition d’une très grande beauté !
J’ai vraiment aimé cette exposition !
Très exceptionnelle, je trouve aussi !