Prix Orange du livre en Afrique 2019
Prix Goncourt des lycéens 2020
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Présentation
RENTRÉE LITTÉRAIRE
Djaïli Amadou Amal donne des voix aux femmes qui n’en ont jamais eu dans son livre Les Impatientes. Elle dénonce les mariages forcés par chantage et persuasion, les viols conjugaux et les violences faites aux femmes dans l’intimité du foyer et la polygamie et la répudiation ancrés dans des traditions ancestrales reproduites à l’infini.
Au Cameroun septentrional, Djaïli Amadou Amal raconte la vie intime de trois femmes dans leurs concessions. La concession est une entité de maisons où celle du mari est entourée par l’ensemble des maisons des femmes-épousées par polygamie.
Tout d’abord, Ramia est élève de terminale et pense se marier avec Amadou. Elle veut continuer ses études pour devenir pharmacienne. Si elle a pu déjouer les avances de plusieurs hommes, elle ne pourra rien contre la volonté des hommes et des femmes de sa famille qui vont la marier de force. Non seulement, elle épouse Alhadji Issa, un notable beaucoup plus âgé, qui pratique la polygamie. Elle devient sa jeune seconde épouse.
Après Ramia, Hindou, sa demi-sœur, épouse le même jour son cousin, Moubarak, un jeune et bel homme mais alcoolique, drogué et violent. Elle va sombrer dans l’enfer sans protection.
Safira est la première femme de Alhadji Issa et va tout faire pour reconquérir son mari sans remettre en cause le système barbare en vigueur de la polygamie.
“Munyal”, patience en peul, comme un leitmotiv repris par tous : Les hommes qui perpétuent un système archaïque. Les femmes qui ont peur de perdre leur statut précaire au sein des concessions. Mais, Djaïli Amadou Amal pousse par cet écrit sobre et contenu toutes les femmes, les mères, les filles à l’impatience ! Un roman nécessaire, indispensable et incontournable pour que le corps des femmes et leurs esprits cessent de ne plus leur appartenir.
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Pour aller plus loin
Djaïlï Amadou Amal fait paraître ce 4ème roman sous le titre “Munyal, les larmes de la patience” paru en 2017 aux éditions Proximité Yaoundé. A la demande d’Emmanuelle Collas, la jeune éditrice indépendance, Djaïlï Amadou Amal accepte de retravailler le texte pour lui donner une valeur universelle.
Selon une enquête réalisée en 2014, 11,4 % des jeunes camerounaises sont mariées de force avant la date de leur 15 ans. Pour expliquer ces chiffres, les personnes évoquent le poids des traditions, mais aussi la misère. Dans la région du Nord, les chiffres sont plus élevés encore.
89 % des camerounais estiment que les femmes “ne doivent pas avoir leur règles sous le toit de leurs parents mais chez leur époux” (Source Le Monde).
Au Maroc, la loi interdit le mariage des filles de moins de 18 ans mais a conservé un certain article 20 qui permet d’obtenir une dérogation auprès du juge. En 2017, 45 000 mariages de mineurs ont été enregistrés.
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Extraits
” (…) J’ai aujourd’hui achevé mon devoir de père envers vous. Je vous ai élevées, instruites, et je vous confie ce jour à des hommes responsables ! Vous êtes à présent de grandes filles – des femmes plutôt ! Vous êtes désormais mariées et devez respect et considération à vos époux ” . P.16
” Que jamais vos parents ne sachent ce qui est désagréable dans votre foyer, garder secrets vos conflits conjugaux, ne cultivez pas l’aversion entre vos deux familles car vous vous réconcilier de, alors que la haine que vous sèmerez perdurera”, ajouté oncle Hayatou. Page 18
Ce n’est pas un viol. C’est une preuve d’amour. On conseille tout de même à Moubarak de réfréner ses ardeurs vu les points de suture que ma blessure nécessita. On me consola. C’est ça le mariage.
D’ailleurs qui a osé évoquer le mot ” viol ” ? Le viol n’existe pas dans le mariage.
Un Peul meurt comme un mouton en se taisant et non en bêlant comme une chèvre.
– ” Il est difficile, le chemin de vie des femmes, ma fille. Ils sont brefs, les moments d’insouciance. Nous n’avons pas de jeunesse. Après, nous ne connaissons que très peu de joies. Mais, nous ne trouvons le bonheur que là où nous le cultivons. A toi de trouver une solution pour rendre ta vie supportable. Mieux encore, pour rendre ta vie acceptable. C’est ce que j’ai fait,moi, durant toutes ses années. J’ai piétiné mes rêves pour mieux embrasser mes devoirs.”
C’est à cause de cette douleur qu’on dit que l’accouchement est le jihad des femmes.
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Brèves
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Critiques
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D’autres blogs en parlent
Pamolico, critiques romans, cinémas, séries.
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En conclusion
Djaïli Amadou Amal – Les impatientes
Éditeur : Éditions Emmanuelle Collas
Parution : 4 septembre 2020
EAN : 9782490155255
Lecture : Décembre 2020
[…] en parlent également : Au fil des livres, Matatoune, Audrey, Sonia, Balades en livres, Joëlle, Domi, Ceciloule, Pipelette liseuse, Patricia, Caro, […]
Je l’ai acheté pour l’offrir à noël à ma belle sœur enseignante. Je lis partout de très bons échos. Je le lirais moi aussi du coup 😉 Je trouve très important que des romans abordant des sujets aussi essentiels obtiennent des prix comme Le Goncourt des lycéens ! Merci Matatoune 🙂
Je crois qu’elle a touché les jeunes par sa sincérité. Je suis souvent très proche du choix du Goncourt des lycéens, sauf que cette année, avec L’anomalie j’avoue être tout à fait d’accord avec eux !
Je n’ai pas encore lu “L’anomalie”, on en dit que du bien ou presque c’est vrai. J’avais lu que le prix Goncourt des lycéens était plus vendeur que le prix Goncourt tout court.. tout du moins ces dernières années 😉
Oui, mais le choix cette année s’est ouvert je trouve à plus d’accessibilité. A suivre dans quelques mois
Je trouve aussi que c’est une bonne chose 🙂
Bonjour Matatoune. J’ai lu d’autres bonnes critiques sur ce roman qui vient d’obtenir le Prix Goncourt des Lycéens. Je le lirai sans doute…
Ce genre de lecture doit être très éprouvant et révoltant, mais la dénonciation de ces réalités est nécessaire ! Merci de cette chronique !
Non, pas trop, mais révoltant oui, beaucoup !
Il a rejoins ma PAL depuis peu. Je compte le lire pendant les vacances de Noël.
J’attendrais ton avis alors ….
[…] Ils en parlent aussi : La page qui marque, Librairie Diderot, Balades en livres, Sonia boulimique des livres, Au fil des livres, Les Carpenter racontent, Domi C Lire, Carnets de voyages et notes de lectures de Miriam, Joellebooks, Sabine Mayor Minne, Nos esperluettes, Afroféminine, Lire et vous, Vagabondage autour de soi […]
Merci Mata 🙏
J’ai hâte de lire ce livre.
le Goncourt des lycéens est souvent un bon livre, je note
Oui, moi aussi je suis souvent en accord avec le Goncourt des lycéens. Mais là les choix du Goncourt et du Renaudot me satisfont beaucoup cette année.
Le message est d’une force rare et pourtant, j’ai eu du mal à lire ces pages, à m’attacher aux héroïnes (envers qui j’ai malgré tout ressenti toute la compassion du monde bien évidemment). Bref, je ne sais pas vraiment dire pourquoi mais j’ai eu du mal avec la plume, du mal à accrocher…
Le texte a été retravaillé. Peut-être a-t-il perdu un peu de sa hargne, de son cœur et de son essence. Car, ce n’est pas un cri ! C’est une femme mesurée et souriante que l’on rencontre. Alors que pour ma part, au début de ma lecture, je ne pouvais retenir ma colère.
Mais, en tout cas, cet écrit a touché des jeunes. Si il avait été plus vibrant, peut-être n’aurait-il pas été entendu ….
Sans doute faudrait il lire le texte non retravaillé alors, pour que je me fasse une idée ! C’est vrai, ce n’est pas un cri et c’est peut être ça qui m’a gênée.
Peut être…
Je ne lis que d excellentes critiques de ce livre et ta présentation me donne encore plus envie de le lire. C’est un sujet important et trop méconnu en Europe.
Oui mais on ne peut nier que le corps des femmes est celui qui est le plus attaqué ! Bon we
voilà un livre qu’il me plairait de lire tant je connais de femmes mariée comme cela en Afrique….Bisous merci de l’avoir présenté
Oui, vraiment un indispensable ! Bon week-end