Après avoir lu plusieurs de ses livres, le nouveau roman “Une joie féroce” de Sorj Chalandon, annoncé pour la rentrée, ne pouvait que m’intéresser.
Jeanne est une femme qu’on apprécie pour son empathie naturelle et sa simplicité. Elle est disponible sans vraiment attendre de retour et chacun s’est habitué à sa présence effacée mais aidante tout en s’excusant tout le temps. Jeanne Pardon, comme la surnommeront ses nouvelles amies plus tard.
Un jour, on lui révèle “qu’il y a quelque chose ” et, comme une femme sur huit, elle découvre qu’on parle de cancer, celui du sein. Tout son environnement s’écroule. Pas de cris, pas de hurlements, une vie qui finit par se recroqueviller à force d’avoir mal existé: un mari qui ne peut en supporter plus, le deuil d’un enfant toujours aussi douloureux et l’existence de Jeanne est à deux doigts de sombrer dans une grave dépression.
Cette partie est décrite avec une telle réalité que les émotions ne sont jamais loin. Sorj Chalandon décrit avec justesse la découverte de la maladie, l’accompagnement des soignants, les réactions de l’environnement et même ces” abeilles”, les bénévoles, qui volent au malheur quelques instants de solidarité. Du coup, on imagine qu’il a vécu une situation similaire. Qu’importe où il a trouvé son inspiration, le rendu est magnifique de pertinence et d’émotions !
Pris par mon ressenti, j’en avais oublié le premier chapitre : “Une vraie connerie”. Car, Sorj Chalandon sait nous étonner. Déjà, dans “Le jour d’avant , il nous avait fallu attendre les dernières pages pour comprendre toute l’histoire. Alors, ici, ce n’est pas le récit de la guérison d’un cancer que Sorj Chalandon choisi de nous raconter, non, c’est le récit d’une résurrection, celle de son héroïne.
Car, lors de sa première chimio, Jeanne fait la connaissance d’une autre malade, Brigitte, qui va savoir l’entourer, la soutenir et la faire rentrer dans son cercle très privé. Pour dépasser la morbidité entourant cette maladie, Jeanne va rejoindre le projet de faire renaître l’amour entre une mère et sa fille “Eva, la plus belle fille au monde”. Sauf, que se sera “une belle connerie !”
Au début de cette seconde partie, qui commence vers la centième page, je me suis dit que, là, l’auteur exagérait un peu : Pourquoi décrire si précisément le ressenti de Jeanne pour entrer dans un mauvais polar ? Et, parce-que c’est Sorj Chalandon, j’ai continué. Et, heureusement…
Dans son monde comme dans le mien, rien n’est idyllique, rien n’est romantique, tout est d’une banale normalité. Et, quelque fois, la fiction n’a rien à envier à la réalité…Les quatre amies de maladie ont toutes en commun une relation à l’enfant contrariée. En se trouvant au centre d’un mauvais coup, Jeanne et ses amies vont éprouver leur volonté de vivre en se décentrant d’un quotidien trop sombre. La maladie rend le quotidien aléatoire et instable, alors Jeanne se bat au jour le jour et se découvre guerrière flirtant avec l’illégalité tout en ménageant sa liberté.
C’est donc une fable pour adultes ordinaires que nous dévoile Sorj Chalandon avec son héroïne, Jeanne, se révélant, au cours du processus de soins de son cancer du sein, insoumise et dévoreuse, capable d’être une combattante avec “Une Joie Féroce” . Une façon bien particulière de décrire le combat mené contre une maladie qui s’avère encore être mortelle.
Le jour d’avant – Sorj Chalandon
Merci à #NetGalleyFrance et #Grasset pour #UneJoieFeroce
Ce livre m’a été offert en service de presse par Netgalleyfrance. Remerciements aux éditions Gasset. Ceci est mon avis en toute honnêteté et sans pression, comme d’habitude.
On aurait dû boire aux jours d’après, lorsque mon camélia serait fané et moi, resplendissante.
Les amitiés captives sont des serments à vie.
Depuis lorsqu’elle croise un adulte broyé, elle vient au secours de l’enfant qu’il était.
Dans l’appartement, ses étagères ne murmuraient que du passé.
Je ne pleurnichais plus, j’avais une joie féroce. (…) Pendant des semaines, je m’étais demandé que faire de tout cet inconnu. Cette colère, cette volonté, cette énergie, Comment s’emparais de cette force nouvelle.
La police changeait de déguisement comme on bouge de quartier.
La vision du gardien couché sur le sol me hantait. Homme vaincu, à tout jamais. J’étais face à lui, un jouet à la main. Et il m’obéissais parce que j’avais dérobé sa puissance. Petite Jeanne, petite femme, petite rien du tout, changée en guerrière par le général Camélia.
Ici contrairement à la vraie vie, les hurlements, les peurs, les rires, les cris, les joies, les drames étaient prisonniers des pages. Le tumulte ne s’offrait qu’à celui qui les ouvrait.
Nous savions que tout était fragile. Qu’il y aurait cet avant et plus aucun après.
La libraire au camélia était leur coup de cœur de la rentrée.
Tous ses mots jamais dit, tous ses cris jamais poussés, toutes ses larmes jamais répandues. Je ne contrôlais plus rien.
Une joie Féroce – Sorj Chalandon
Éditeur : Grasset
Parution : Août 2019
ISBN : 224682124X
Lecture : Juillet 2019
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J’ai beaucoup aimé ce roman, cette fable comme tu dis… joli billet !
Je viens d’aller lire votre billet ( https://pamolico.wordpress.com/2019/08/12/la-rage-de-vivre-une-joie-feroce-sorj-chalandon/ ) . Jolie chronique sur ce livre que nous avons beaucoup aimé ! Merci de présenter ma chronique !
De rien ! J’ai bien aimé la vôtre aussi !
J’aime beaucoup cet auteur, je vais proposer à ma bibliothèque de l’acheter 😉
je viens de le terminer et il m’a beaucoup plu 🙂
critiques en retard…
J’ai hâte de lire ta chronique !
merci pour cette belle présentation je note dans un coin car beaucoup en retard pour le moment. Bisous
Bonjour Matatoune. Je le lirai avec grand plaisir car j’ai bien aimé “Le jour d’avant”.
Oui, je pense que tu aimeras celui-ci Brigitte. Bon dimanche !
Une folle envie de découvrir ce récit qui parle de nous, nous les femmes.
Oui, d’habitude, Sorj Chalandon parle dans ses livres d’aventures d’hommes et là, il parle au nom d’une femme… Rare!
Cet auteur a été mis en avant sur notre forum dans les lectures de printemps, mais ce n’est pas mon style.
Bon dimanche
Pas grave. En matière de lecture, pas d’obligation, que du plaisir à découvrir ! Bon dimanche aussi