
Danièle Henky, universitaire spécialisée en science de l’information et de la communication et aussi spécialiste littérature jeunesse et contemporaine, sort son premier livre de fiction “Baptêmes du feu” .
“Baptêmes du feu” raconte les combats de deux personnages l’un de fiction, celui de Clothilde, et l’autre réel, celui d’Apollinaire, à partir des années 1912, période qui va subir mutations et transformations sociétales en profondeur et en très peu de temps.
Clothilde, jeune fille de bonne famille, profite des idées féministes en vogue pour essayer de les mettre en pratique dans sa vie quotidienne. Allant à contre-courant de ce qui a été prévue pour elle par sa famille, elle décide de devenir indépendante, se choisit une formation et prend un travail. Elle s’installe à Paris à quelques pas de sa sœur, son mari et de leur réseau. Du coup, Clothilde découvre le foisonnement artistique et culturel de l’époque. La guerre arrive. Tous les hommes valides sont envoyés à la guerre. Tout ce qui était une belle utopie, reconnaître aux femmes l’égalité, devient une nécessité. D’où coup, Les femmes deviennent un relais indispensable pour l’ensemble de l’économie. C’est dans le journalisme que Clothilde entend y faire sa place. A force d’un travail acharné, de rebuffades mises entre parenthèses et de colères ravalées, une voie s’ouvre, ténue et fragile, vers l’indépendance et la liberté.
Peut-être, le parcours de Clothilde ressemble à celui de Louise Weiss, alsacienne plutôt que belge, qui, après des études de lettres, se dirige vers le journalisme. Clothilde signe pudiquement ses articles C. Delahaye. (Pour Louise Weiss, c’est Louis Lefranc !). Toutes deux se feront aider par un mentor. Joli clin d’œil pour lune femme de la première génération !
Le second combat est celui de Guillaume Apollinaire. Poète reconnu, critique d’Art apprécié à l’Intransigeant, tout semble lui réussir ! Mais, l’amour de sa vie, Marie Laurencin, artiste peintre avec qui il vit une relation très chaotique depuis sept ans , décide de le quitter. Et, avec cette séparation, ce sont les années de fragilité et de doute que choisit de nous raconter Danièle Henky. De ses doutes et des blessures nées de ses amours difficiles voire impossibles, Apollinaire apprend dans la solitude de sa création. Son engagement dans cette sale guerre, et à travers elle pour la France qu’il désire servir, lui l’émigrant, rend compte des horreurs et des conditions de vie subies. Mais, devenu le “poète soldat”, son vers “Ah Dieu ! Que la guerre est jolie ” tente, pour toute une génération, d’embellir le quotidien et de le le dépasser pour retrouver goût à la vie et au monde. De ces années terribles, Apollinaire publie “Calligrammes”. Il influence toute la création artistique en inventant le mot “surréalisme” et sa pièce “Les Mamelles de Tirésias” est son manifeste, reprenant clairvoyance sur son époque, les idées féministes et antimilitariste du moment.
Évidemment, les deux destins finissent par se rencontrer mais celle-ci pré-figure les préoccupations nouvelles qui vont animer la suite du siècle où cet ancien monde est devenu, d’un coup, complétement obsolète.
J’ai vécu un très bon moment de lecture! C’est une fresque historique que j’ai découverte avec plaisir. Passionnante et enivrante, vue du côté de la jeune fille qui, en ne remettant pas en cause les valeurs enseignées (importance de la famille, aide et soutien aux proches, mère avant tout, etc. ) travaille à une révolution lente des relations sociales hommes / femmes. Tout aussi passionnante est le portrait terriblement humain et chaleureux du poète. Oublier sa jalousie maladive qui pollue ses relations amoureuses pour ne s’attacher qu’à son côté visionnaire, cette faculté d’aimer le monde, d’en saisir les changements, de s’en enthousiasmer et de les rendre perceptibles à tous ! Cette pièce de théâtre qu’il présente est d’une modernité étonnante !
Révolutionnaires, ils le sont tous les deux ! L’un et l’autre, facettes d’un monde qui marche vers une nouvelle appréhension des valeurs sociétales !
Et, du coup, fiction et récit ne font plus qu’un, l’un nourrissant l’autre et vice versa. Cet Apollinaire – là à jamais gravé dans ma mémoire. Cette jeune fille, notre grand – mère, malgré sa prise de conscience, ne pourra obtenir que, très tardivement, la reconnaissance du droit de vote. La vie est un roman lorsqu’une plume de talent s’en mêle !
Merci à Masse critique de Babelio et à Weyrich Édition

Marthe et elle ont tout fait pour que la fête soit belle. Malheureusement, il n’existe pas de recettes de joie !
Pourvus de leurs masques à gaz, les soldats ressemblent à des céphalopodes ruisselants tapis dans les profondeurs d’un océan sans repos.
Le poète concilie dans ses écrits les deux versants de lui-même, il se donne a voir soldat, combattant mais aussi amoureux, nostalgique d’un bonheur passé réel ou ré inversé.
Non seulement la guerre prive sa génération des moments de joie et d’espérance auxquels elle aurait droit, mais elle fauche tout son passage, blesse, tué, massacre.
Ainsi la guerre, à son corps défendant, finit par représenter un jalon indéniable dans l’histoire de l’émancipation des femmes.
-La femme est une force (…) Toute force naturelle ne se réduit ni ne se détruit. On peut la détourner, la pervertir, mais comprimée sur un point, elle se reporte vers l’autre avec plus d’intensité et plus de violence. Que deviennent donc ces forces sans emploi, ces facultés expansives, cette activité cérébrale ? Faute d’issue, elle exaspère, se décompose, c’est un trop-plein qui déborde. Maria Deraismes. Conférence.
– Toute loi qui, à priori, gêne l’essor des individus en les frappant arbitrairement d’incapacité est non seulement anormal parce qu’elle contrarie le plan de la nature, mais, de plus, elle est immorale, parce qu’elle provoque chez ceux qu’elle spolie le désir de sortir de la légalité pour chercher ailleurs des avantages que celle-ci leur refuse.
Les femmes trop cultivées ne constituent pas des partis prisés surtout si leur dit est maigre.
Pas un jour sans qu’il se demande comment il a pu croire que l’amour le protégerait de la mitraille et comment il a pu l’écrire.
Pourtant de chacune, j’ai appris, à chacune, j’ai écrit. Pour chacune, j’ai écrit.





Ce livre m’a été offert en service de presse par Weyrich Édition.
Ceci est mon avis en toute honnêteté et sans pression, comme d’habitude.
Baptêmes du feu – Danièle Henky
Weyrich Édition – Collection Plumes de coq
Parution : Décembre 2018
ISBN : 2874895245
Lecture : Février 2018
[…] Voir Baptêmes de feu de Danièle Henky […]
Bonsoir Matatoune. Ta présentation donne envie de lire ce livre…
Merci à toi ! Bonne fin de journée !
Merci Matatone pour ce grand choix de lecture et j’ai aussi admiré tes photos 🙂
Belle journée avec mes amitiés ♥
Merci Denise ! Belle journée à toi aussi !
Il a tout pour me plaire.
A suivre donc peut-être !
Voilà un livre qui me tente bien après ce beau commentaire.
Merci ! J’espère que si il y a lecture, celle-ci puisse te plaire !
Merci, je suis très curieuse de découvrir ce livre ! Bises
Merci. Bon WE
Je ne suis pas en avance pour ma lecture « Masse Critique ». Un compte-rendu qui donne vraiment envie !! Merci 😊
Quel livre as-tu reçu ?
« Un souffle de Vie » de Clarice Lispector. Je me régale 😊
J’attends avec impatience ton billet !
Merci pour cette très belle présentation. Bisous
Ravie qu’elle t’ait donné envie ! Bon WE, Renée !