Avec son nouveau polar Sans collier, Michèle Pedinielli enfourche sa détective atypique pour se souvenir des “Cani Sciolti” (chiens sans collier), ce groupe dans les années 70 refusant de s’affilier à un parti mais qui fut arrêté par la montée du fascisme en Italie.
Après La patience de l’immortelle et la Corse, Ghjulia Boccanera, surnommée Diou, revient chez elle à Nice et retrouve Dan avec qui elle vit en colocation.
Brins d’histoire
Un grand homme hirsute et muet fait fuir les deux skinheads qui campent en bas de chez elle pour lui régler son compte, semble-t-il. Car Shérif Haïchout, l’un des derniers inspecteurs du travail, “basané, communiste tenace et obèse”, lui a confié la mission de chercher la vérité auprès d’un ouvrier blessé par un accident survenu certainement pendant le temps de travail non déclaré en accident du travail.
Parallèlement, Diou vit le début de sa ménopause et passe par des moments d’ébullition et de perte de contrôle préjudiciable au cap de son enquête.
Au départ, j’ai été désappointée par l’abandon du style plus personnel du dernier roman de Michèle Pedinielli. Néanmoins, les trois entrées de ce nouveau polar construisent une intrigue bien menée qui entraîne à la fois dans le milieu des métiers du bâtiment, du milieu anarchiste italien et des confidences d’une femme amnésique.
Mais,
Mais, ce qui est la marque de fabrique de cette auteure de polar reste à la fois les saillies de son style à l’humour grinçant qui dit tant et le milieu populaire, et notamment les personnages, qu’elle présente. Michèle Pédinielli aime les personnages qu’on dit des marges, elle leur donne consistance et porte leurs voix.
Dans Sans collier, Michèle Pedinielli balaye l’Europe à partir de mouvements de rébellions pour mieux dénoncer les profits insolents que quelques-uns s’octroient. Surtout elle oblige à regarder ceux qui ont tout quitté pour venir travailler sans que leurs droits soient respectés.
Michèle Pedinielli n’en reste pas là. Elle implante son polar au cœur d’un attentat dont on sait depuis peu qu’il a été perpétué par des néofascistes, dont leurs successeurs sont au gouvernement dans un pays limitrophe. Une manière pour elle d’alerter et d’éveiller notre vigilance !
Encore une fois, la personnalité de Diou, audacieuse, fonceuse et téméraire, éclaire des événements passés dont Michèle Pedinielli décortique leurs actualités dans ce polar Sans collier, sans détour mais avec réussite !
Pour aller plus loin
Michèle Pedinielli – La patience de l’immortelle
Après les chiens – Michèle Pedinielli
Nice – Boccanera – Michèle Pedinielli dans la série Une ville : Un flic de polar
Puis quelques extraits
Il avait ainsi passé une nuit parenthèse, appréciant l’odeur et la douceur du lit qui sentait la vie normale, celle où l’on s’inquiète juste de savoir si on a changé les draps récemment.
(…) mais surtout parce qu’il est inspecteur du travail. Une profession qui résiste envers et contre tout pour faire appliquer les lois de protection des travailleurs. Des lois de plus en plus maigrelettes, éthiques, étiolées, survivantes des déferlements brutaux de l’ouragan libéral qui s’est un temps paré aux couleurs socialistes pour attaquer encore plus durement.
Je bous tellement de l’intérieur que si j’approche d’un tilleul, je deviens la femme-tisane.
Il faut savoir évaluer les moments où entamer un débat féministe est totalement inutile.
Elle était la gardienne du sommeil artificiel, première passeuse vers le monde des vivants.
Comme un pont qui tente de rapprocher de rives au-dessus d’un fleuve de quarante ans.
Ici en bref



Du côté des critiques
Du côté des blogs
Questions pratiques
Michèle Pedinielli – Sans collier
Éditeur : Éditions de l’Aube
Twitter : @EditionsdelAube Instagram : @editions_de_laube
Parution : 8 mars 2023
EAN : 9782815950916
Lecture : Avril 2023
J’ai retrouvé Diou avec plaisir, même si l’histoire ne se déroule plus en Corse.
Oh oui, c’est un personnage très typé avec un vrai engagement. Néanmoins, nous n’apprenons, me semble-t-il, pas plus sur son personnage, ce qui est un peu dommage. Je lirai le prochain avec plaisir, de toutes façons !
Beaucoup aimé les premiers mais ici les enquêtes piétinent un peu et Diou a un coup de mou (les vapeurs?) J’aime bien m’installer dans une série policière surtout quand les personnages sont aussi sympathiques mais est-ce mon intérêt qui s’érode ou l’inspiration qui ronronne? Cela ne m’empêchera pas de lire le prochain s’il y en a un.
J’ai été plus sensible à La patience de l’immortelle. Un personnage de série doit pouvoir, me semble-t-il, se révéler au fil des volumes. Et, c’est juste qu’à part les ” vapeurs” rien de nouveau pour elle sauf l’interrogation amitié-amour avec son coloc, il nous manque quelque chose ( par exemple, sur son passé ), je suis d’accord, pour tomber en pamoison 😉 ici, pour Diou. Mais, comme toi, je lirai son prochain !
Je ne connais pas cette auteure et une fois de plus tu me donnes envie de la découvrir. Bon dimanche
A suivre, peut-être ! Bonne fin de journée 🙂
J’aime bien les extraits que tu as choisis ( la femme tilleul m’a fait sourire …) Il y a donc un personnage récurrent et comme tu as lu deux autres romans, je suppose que c’est une série ? Découvrir l’autrice m’intéresse mais j’aime bien lire dans l’ordre ( si c’est bien une série)
Oui, la même détective dans des enquêtes qui se lisent sans être obligées de suivre l’ordre chronologique.
Il me tenterait bien mais j’en ai tellement encore dans les listes en attente…Bisous bon weekend
C’est sûr qu’on tellement à lire ! Bonne fin de dimanche !
Bonjour Matatoune. Je n’ai rien lu de cet auteur mais le sujet semble intéressant. Bonne journée
C’est une femme engagée qui utilise le polar, de bien belles façons, pour rendre compte de ceux dont on ne parle pas ou qu’on ne parle plus ! Bon week-end !
Bonjour,
Bientôt je publierai sur mon blog, broblogblack, un entretien avec Michèle Pedinielli réalisé pour la revue Émancipation.
Merci d’avoir signalé mon article sur son dernier roman.
Respirez, lisez !
François Braud
Ok, j’irai lire ! Merci
Je ne connaissais absolument pas comme autrice. Un retour vraiment intéressant.
A découvrir alors 🙂
🖤