Les carnets de Salonique ouvrent les portes du souvenir que Ivan Nilsen manient avec délectation au sein d’une enquête tout aussi captivante que documentée.
Quelques mots de l’histoire
Gabriel Franceschi, professeur d’histoire à la Sorbonne, fait un rêve étrange : une figure de vieux, couvert d’une tiare, aux yeux bleus et lèvres rouges apparaît au dessus d’un mur de pierre. En se réveillant, il accuse la chaleur de cette fin de mois de juin ou la fatigue d’avoir animé la veille un séminaire de fin d’études sur la restauration en archéologie. Ou est-ce un rêve prémonitoire ?
Le lendemain, se présente à sa porte Vassili Korasov qui lui demande d’enquêter sur un attentat en Grèce qui a tué, par hasard, sa compagne, en 1975. Vassili lui révèle que c’est le père de Gabriel qui a aidé la police et justice grecques de l’époque. Il souhaite faire la lumière sur cette mort qualifiée d’accidentelle qui ne le satisfait pas.
Gabriel et Vassili vont remonter l’histoire du XXè siècle en Grèce et plus précisément à Salonique où la famille de sa compagne a vécu un temps. Enfermé dans un Alzheimer au dernier stade, le père de Gabriel ne peut les aider malgré ses honorables qualifications d’ helléniste, spécialiste du siècle de Périclès.
En retrouvant les pièces de ce puzzle, on découvre l’histoire du quotidien, souvent difficile, de cette époque troublée que fut la seconde guerre mondiale.
Pour aller plus loin
Ce petit livre est comme la mémoire d’une communauté resplendissante, complétement oubliée. Elle fut presque rayée de la carte par l’extermination qu’en firent les nazis. Ne disait-on pas de Salonique, avant la seconde guerre mondiale, qu’elle était la Jérusalem des Balkans.
C’est aussi le combat des descendants pour retrouver dignité et reconnaissance de la souffrance au travers de leur recherche pour la restitution des biens spoliés.
Mais Ivan Nilsen choisit le ton de la légèreté pour traverser l’histoire du XXè siècle. Elle s’invite en Europe et même dans une partie de New-York tant l’exil et les migrations ont animé la communauté. Mais, ici, ce sont les faits historiques suffisamment forts qui émeuvent.
Avec beaucoup de précisions historiques, Ivan Nilsen sait captiver sans ennuyer. D’une écriture maitrisée, son récit se dévore avec délectation. Il rassemble, certainement, des témoignages authentiques qui donne une réelle épaisseur à son récit.
En résumé
Les carnets de Salonique sont le témoignage, sous la forme d’une enquête, de la période du XXè siècle dans cette partie de Macédoine, ouverte sur le monde par le commerce qu’elle entretient depuis de longues années. Ivan Nilsen trace les portraits de cette communauté qui a vécu l’exil, la terreur et souvent le silence sur ses origines et son vécu. Parfaitement documenté, ce roman se lit avec émotion et curiosité !
Puis quelques extraits
Présentation de l’éditeur :
Une jeune femme tuée par Balle à Thessalonique, peu après la chute de la dictature des colonels; un professeur d’histoire grecque de la Sorbonne dont le nom se révèle, vingts ans plus tard, associé à cette ténébreuse affaire. Tel est le point de départ de l’enquête menée par Vassili, qui ne se remet pas de la disparition de sa jeune compagne, et par Gabriel, le fils du professeur. Commence alors pour les deux hommes une plongée dans l’histoire trouble de la Grèce et dans le passé non moins opaque de l’helléniste, qui mes mènera de surprises en découvertes.
Voyage dans la Grèce des confins, de Smyrne à Salonique, ces carnets sont aussi une variation sur les thèmes de l’exil, des identités multiples et du mystère qui entourent les êtres qui nous sont proches.
” Je suis le “Non-juif” errant ” disait-il avec une ironie amère. A peine établi à ses aises, il lui fallait s’arracher à ce qu’il avait tenu pour un asile et qui se révélait, une fois encore, une faute promesse, ou un cul de basse-fosse .
Elle rêve à voix haute de la nouvelle Grèce qui pourrait advenir. “Une Grèce à nouveau libre” : ces quelques mots suffisent à la bouleverser.
Un bol de café devant lui, il repensait au journal de son père. Ces notations laconiques, ces noms qui revenaient de loin en loin, tout cela le rendait dubitatif. Il avait l’impression que quelque chose lui échappait.
Une fois encore, Costas avait sauvé les sIens. Un salut par la fuite et, à nouveau, vers l’ouest, comme si le soleil ne poursuivait sa course que pour le tourmenter et qu’il fallait toujours courir vers le couchant, garder un peu d’avance pour éviter l’astre -ou la nuit- ne l’anéantisse.
Ici en bref



Du côté des Critiques
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Questions pratiques
Ivan Nilsen – Les carnets de Salonique
Éditeur : Éditions Marie Barbier
Twitter : @ et Instagram : @marie_barbier_editions
Parution : 17 janvier 2020
EAN : 9782956119364
Lecture : Mai 2021
https://netsdevoyages.car.blog/2021/05/13/les-carnets-de-salonique-ivan-nilsen-ed-marie-barbier/
lu et chroniqué.
Lecture intéressante, fluide et agréable mais un peu superficielle, je reste sur ma faim.
Bien…Ainsi, je n’ai pas besoin de mettre ton lien 🙂 Oui, j’ai lu ta chronique! Ton désir de voyage était immense : archéologie, installation d’immigration à Marseille, déambulation à Smyrne, humer l’air sur le port de Salonique et j’en passe ! Heureusement, la Grèce encourage les touristes à revenir, car à mon avis, il te faut faire le voyage !
Comparer ce petit roman, qui fait quand-même 137 pages exactement en version papier, au Vidal d’Edgar Morin … Non je pense qu’Ivan Nilsen n’avait pas cette prétention !
En tout cas, ce roman a le mérite de divertir et de proposer une analyse historique de qualité !
Alors, un billet à venir direction Athènes ?
Pas de voyage à Athènes dans les prochaines semaines ce sera la Corse! Encore un mot pour Salonique ou Thessalonique je la vois aussi comme ville cinématographique pour Angelopoulos mais aussi parce que Z (tourné à Algers) s y est déroulé.
Alors bon séjour en Cose et au plaisir de lire tes aventures !
C’est bien noté ! ça a l’air intéressant
Merci bcp pour votre confiance ! Oui, ce petit roman raconte l’histoire au XXè s d’une communauté presque oubliée aujourd’hui.
ce livre m’a l’air passionnant, je le note illico, je suis sûre qu’il va me plaire 🙂
la Grèce au temps des colonels me rappelle de tristes souvenirs…
Oui, ce roman donne des éclairages sur les rivalités avec les turcs, presque ancestrales, et sur le triste régime des colonels.
Il va falloir que je note car en Grèce, je ne peux qu’aimer…Merci Bisous
J’avou que j’y ai découvert de nombreux points 🙂
Sujet inhabituel et intéressant. Je note.
Oui, très peu de romancier ce sont emparés de ces moments historiques dans leurs écrits!
Ce livre a l’air passionnant et son sujet nécessaire, je le note aussi. Bonne journée
Sujet nécessaire, oui tu as raison ! Le devoir de mémoire est toujours à relever ! Bonne soirée
Bonjour Matatoune. Je ne connais pzs cet auteur et je ne sais pas grand chose sur cette période en Grèse, mais je suis tentée par ce que tu en dis. Bonne journée
Petit roman qui traite très bien ce sujet sensible ! Bonne soirée
Sujet difficile et intéressant. Je prends note.
C’est traité avec bcp de délicatesse !
Salonique est une ville proche à mon cœur je note!
Je comprends 🙂