
Gaspard – Félix Tournachon dit Nadar (1820-1910) fut non seulement l’inventeur célèbre de l’art du portrait mais aussi un témoin de son temps acéré et attentif.
Début par le dessin
Ainsi à l’origine, il est caricaturiste entre autre dans le journal illustre du moment “Le Charivari”. Il apprend à saisir d’un trait la caractéristique de ses personnages en l’accentuant.

Or, après avoir fait un tour vers la guerre de Pologne, il fréquente Baudelaire, Gérard de Nerval, etc. Il fait partie de cette bande d’intellectuels qui rajoute des “ard” à tous les surnoms des copains. Le sien, à l’époque, est “Tournadar” qui devient “Nadar” par abréviation.

Art du portrait
Par ailleurs, avec son frère, ils ouvrent des ateliers photographiques mais séparés. En 1860, Nadar installe un nouveau studio en plein Paris. Il s’y développe grâce à la communication et la publicité.
C’est dans son atelier que Nadar invente l’art du portrait dont son fils Paul reprend les bases au début du XXè siècle. Entre temps, il gagne le procès qui l’oppose à son frère et récupère le nom “Nadar” comme une marque avant l’heure.

Ainsi, l’atelier développe une pièce où chacun, à la demande, vient se faire photographier. Assis derrière un fond neutre et sous une verrière pour laisser passer la lumière, le client adopte la pause pendant longtemps. Comme au temps des peintres de cour, le cliché doit montrer le client à son avantage. Enfin, la satisfaction de soi se démocratise !

Le portrait est un exercice qui vise à la «ressemblance intime» et l’intimité du «portrait psychologique» procède paradoxalement de la sobriété des poses et de l’aspect hiératique des personnages. Exposition du Jeu de Paume –
Le fond derrière le client se diversifie. On y appose des toiles peintes représentants des paysages auxquelles on ajoute des accessoires. Pour ne pas craindre l’effondrement de la pose du client, on place aussi des cales invisibles pour soutenir l’effort pendant le temps long.
Il s’agit de prendre plusieurs clichés pour les proposer au choix. Les prix varient selon les formats et le nombre d’images produites. Et l’atelier les commercialise aussi.
« La photographie est à la portée du premier des imbéciles, elle s’apprend en une heure. Ce qui ne s’apprend pas, c’est le sentiment de la lumière […] et encore moins l’intelligence morale de votre sujet […] et la ressemblance intime » Félix Tournachon
Photographie en extérieur
L’idée lui vient alors de sortir de l’atelier pour aller vers l’extérieur. Ses premiers clichés sont pour les Catacombes . Mais, son idée de génie est d’assembler son art à son attirance pour l’aéronautique naissante.

Il édite son “Panthéon“, puis le réédite entre 1854 et 1858, composé de trois cents portraits-chargés de célébrités contemporaines.
Dès 1860, il déménage dans son “palais de verre” et décide de standardiser sa production.

La Commune
Mais le pays est asphyxié par la guerre Franco-Prusse. Gambetta fuit Paris et le frère de Nadar, Paul, immortalise l’instant par une peinture.

Une certaine foule entourait un grand espace carré, muré par les falaises à pic de Montmartre. […] On chuchotait dans la foule : Gambetta va partir. J’ai aperçu, en effet, dans un gros paletot, sous une casquette de loutre, près du ballon jaune, dans un groupe, Gambetta. Il s’est assis sur un pavé et a mis des bottes fourrées. Il avait un sac de cuir en bandoulière. Il l’a ôté, est entré dans le ballon, et un jeune homme, l’aéronaute, a attaché le sac aux cordages, au-dessus de la tête de Gambetta. Il était dix heures et demie. Il faisait beau. Un vent du sud faible. Un doux soleil d’automne. Tout à coup le ballon jaune s’est enlevé avec trois hommes dont Gambetta. (Choses vues, Paris, Calmann Lévy, 1900, p. 282). Victor Hugo

En 1870, lors du siège de Paris, il est chef d’une compagnie d’aérostiers militaires pour défendre la ville.
Dans une lettre de Nadar du 9 avril 1871, trouvée dans les archives au service historique de la Défense, on peut lire : « Les gens de la Commune représentent le Droit et la Justice. Quoique fatigué et malade, j’appartiens à la Commune. Dites-lui que je suis à la disposition de la République sociale – sans rien lui demander comme récompense.» Il propose alors à la Commune de l’aider à récupérer des ballons pour diffuser des « nouvelles vraies » et non les « venimeuses calomnies » du « parti de l’ordre ». Médiapart
Après 1871, l’atelier Nadar s’installe rue d’Anjou.
Puis la suite
Ainsi, les affaires vont mal. Nadar s’inquiète pour ses amis communards déportés. Il a des soucis de santé. Sa femme Ernestine et son fils Paul vont prendre le relais.

Suite de la famille Nadar ici
Sources
Jeu de Paume – Nadar – La norme et le caprice – 29 mai – 7 novembre 2010 au Château de Tours.
Une belle exposition Nadar à la BNF en 2019
Oui, comme d’habitude très bien construite !
Je ne le connaissais pas. Merci pour ce partage et cette découverte 🙂😉
Ses portraits ont une profondeur que la maison Nadar aura un peu de mal à retrouver !
Bonjour Matatoune. Belle mise en lumière ce ce photographe portraitiste ! Bon après midi