“38 secondes” pour se distinguer aux yeux des autres et donc de soi-même. C’est ce que prétend Francis Humbert dans son nouveau roman. Comme souvent chez l’auteur, il suffit d’une aspérité du destin pour que la vie bascule et pour Tristan-le-héros, il lui faudra que “38 secondes” pour devenir ce qu’il n’est pas!
Mais, lorsque l’on s’est distingué, faut-il en plus continuer à vivre en héros? Pour répondre à cette injonction, notre Tristan-le-héros va toute sa vie osciller entre culpabilité, supercherie et mensonges constants!
C’est à partir d’un mensonge, et pas n’importe lequel que va se construire l’histoire: vivre dans le déni et y croire si fort par pure haine de soi, par incapacité à se supporter, par impossibilité à s’accepter bancal, à se reconnaître humain, entrainera le drame du personnage principal, de sa femme et de sa filiation!
Pour se racheter à ses yeux, notre héros n’aura de cesse d’essayer d’agir comme une âme pure : Mais, qu’est-ce-donc cela ? A prôner l’Amour avec un grand A, le respect qu’il inspire n’aura que le masque de la violence!
Contradictions, égoïsme, dissimulation “..car, Tristan passa toute sa vie à ruminer ces questions et à imaginer les divers possibles et les différents fantômes tapis en lui. Et, bien sûr, il ne trouva d’autre réponse que la vie avec les fantômes, en sachant que certains sont plus fréquentables que d’autres. ” Tout ça pour que Tristan-le-héros s’apprécie et arrive à s’accepter tant bien que mal. “A ce moment il méprisa l’homme et il se méprisa. Tremblant de rage, dévoilant l’être qui était en lui et qu’il avait tâché toutes ses années de dissimuler, dressé face à ces pairs comme un fou échappé de l’asile. ” Car, pour faire croire qu’on vit en héros, il faut museler sa nature et se calfeutrer derrière le fard de la tromperie.
Mais, Francis Humbert est un infatigable romantique et, comme toujours, l’amour, à la fin, sauvera son héros!
Ce roman dissèque notre relation à l’Histoire mais aussi à notre histoire: toujours à rechercher des idoles, nos monstres de papier ornent nos Panthéons cathodiques et autres! De combien de mensonge, de dissimulation sommes nous prêts à avaler pour se distinguer du lot et devenir star d’un jour, d’une heure, de “38 secondes”….pour sortir de la masse et répondre aux trompettes de la renommée pour son village ….ou pour son chat!
Que dire d’autres ?
Que ce livre parle des banlieues, d’un père communiste, de socialisme, de conflit des générations, que le Maire que deviendra Tristan m’a fait étrangement pensé à Stéphane Gatignon , Maire de Sevran depuis 16 ans…
Que je l’ai follement aimé ce roman et espère que je ne serais pas la seule!
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RÉSUME DE L’ÉDITEUR:
Comment vivre en héros ?

“Tout était aléatoire, tout était contradictoire. Marcel n’avait pas tiré- il aura pu tirer. Il était un résistant courageux- il était un lâche. Il mentait- il disait pourtant vrai. Tout était contradictoire, tout était aléatoire. “
“Alors que les cris éclataient dans la salle,(…), Tristan pleurait devant le corps à terre de l’homme qui, après lui avoir appris (…)lui enseignait qu’il n’y avait pas de vie droite sans décision finale et que pour bien vivre il fallait bien mourir. “
“Il n’y a pas de petit match. Il n’y a que des victoires et des défaites.”
“Alors que n’importe qui peut constater chaque jour, dans son quotidien le plus banal, le mensonge, la déloyauté, la corruption, pour les gains les plus insignifiants, quel ressort pousse certains êtres à dépasser la condition ordinaire de l’homme et à devenir des saints et des héros. ”
“Il n’y a pas de situation historique où l’homme n’est plus un homme, avec son quotidien, ses petits désirs, ses pensées habituels. “