Bijoux et tabous
Du 19 mai au 05 novembre 2017
Musée d’Art Moderne
Commissaire : Anne Dressen
En collaboration avec Michèle Heuzé et Benjamin Lignel, conseillers scientifiques.
Tout comme le visage de Méduse dans la mythologie grecque, le bijou attire et trouble celui qui le conçoit, le regarde ou le porte. Objet au statut ambigu, à mi-chemin entre parure et sculpture, il reste l’une des formes d’expression artistique les plus anciennes et universelles bien qu’il ne soit pas nécessairement considéré comme une œuvre d’art. Il est en effet souvent perçu comme trop près du corps, trop féminin, précieux, ornemental, ou primitif.
Pouvez-vous nous parler de la diversité des bijoux exposés ?
Michèle Heuzé : L’exposition réunit plus de 400 bijoux : réalisés par des artistes (Anni Albers, Man Ray, Meret Oppenheim, Alexander Calder, Louise Bourgeois, Lucio Fontana, …), des bijoutiers d’avant-garde et de designers (René Lalique, Suzanne Belperron, Line Vautrin…), mais aussi des bijoutiers contemporains (Gijs Bakker, Otto Künzli, Karl Fristch…) ou encore des joailliers (Cartier, Victoire de Castellane, Van Cleef & Arpels, Buccellati…), ainsi que des pièces anonymes, plus anciennes ou non-occidentales (de la Préhistoire, du Moyen-Age, des bijoux amérindiens, du punk et du rap au bijou fantaisie…). Il y en a pour tous les goûts et les époques !
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Sans climatisation et au premier sans fenêtre, l’air était irrespirable! Et, pourtant, ce jour là ce n’était pas la canicule!
Alors, oui, une collection de pièces rares et précieuses que je n’ai pu vraiment pleinement apprécier! Dommage…
Alors juste pour le plaisir des yeux …
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Pourquoi avoir choisi l’affiche avec la bouche de Salvador Dali ?
Michèle Heuzé : L’affiche présentant la reproduction de Henryk Kaston d’une broche « Ruby Lips » en forme de bouche, réalisée par Dali est pertinente car c’est un bijou d’artiste particulièrement reconnu et le bijou est à la fois attirant et repoussant reflétant parfaitement le sous-titre de l’exposition « bijoux et tabous ». Sitographie de l’exposition.


On découvre aussi la double fonction rattachée à un bijou, par exemple garantir l’authenticité d’un document (le sceau égyptien), ranimer les femmes ayant perdu connaissance dans leur corset trop serré (la bague vinaigrette), enregistrer les activités de jour comme de nuit (le bracelet connecté) ; un bijou que ne connaissait pas la Salomé du tableau de Gustave Moreau, qui clôt le parcours de cette « inestimable » exposition. Télérama
400 créations d’artistes contemporains et d’avant-garde, pour démanteler les tabous et poser un nouveau regard sur le bijou. Vogue




La nouvelle de Maupassant, La Parure, illustre l’image dangereusement séductrice du bijou. L’héroïne, Mathilde Loisel, parisienne issue d’un milieu désargenté, emprunte le précieux collier d’une de ses amies qui vaut une petite fortune. Seulement, une fois la fête terminée, Mathilde constate que le collier a disparu. Elle n’ose rien dire à son ami et rembourse la somme pharaonique de la parure, en travaillant et en vivant dans la misère pendant dix années de sa vie. La chute est cruelle, puisque son amie avoue finalement que le bijou était de pacotille. Les Inrocks.