Pour son huitième long métrage, le réalisateur Mathieu Amalric revient avec un film sensible sur l’absence. A partir d’une pièce de théâtre de Claudine Galea, Je reviens de loin, il embarque le spectateur au sein d’une histoire de l’intime, parfaitement servie par la personnalité rayonnante de Vicky Krieps qui incarne une jeune femme qui décide de quitter le confort de son quotidien pour essayer de vivre ses envies.

Enfin, c’est ce qu’on comprend au début ! Car, je n’en dirais pas plus. Surtout, ne pas révéler plus, afin de laisser chacun découvrir le plaisir que procure le film !
Au fil des images, filmées au plus proche des acteurs renforçant l’intimité du propos, se dessine une toute autre histoire, bercée par une musique omniprésente. Le spectateur se laisse embarquer questionnant ses impressions mais subjugué par le sourire et la douceur aimante de la comédienne.

Comment décrire un film où il faut se laisser emporter dans son univers, se laisser envahir par ses émotions, passant du sourire aux larmes et lâcher prise devant tant de justesse et de sensibilité !
Car la douleur de Clarence éclate jusqu’au malaise. Néanmoins, les moyens qu’elle nous propose pour la dompter sont autant de petits cailloux jetés à terre pour se relever. Et, elle y arrive, nous rappelant au passage la force de l’imagination pour panser des plaies qu’on croit inguérissables.
Au delà de l’histoire …
Présenté en séance spéciale sous le label Cannes Première au Festival de Cannes 2021, Serre Moi Fort aurait pu s’appeler Serre Moi Moins Fort, confie le réalisateur. En mélangeant scènes sur une réalité insoutenable pour Clarence et les délires imaginaires qu’elle s’invente pour contrer cette dernière, Mathieu Amalric témoigne d’un sens de la mise en scène affirmé et généreux.

Sa caméra capte le bonheur d’une famille, la souffrance de l’absence et le cheminement complexe d’une jeune femme pour se sortir de ce cataclysme. Évidemment, Vicky Krieps est lumineuse et Mathieu Amalric la saisit au plus proche de sa complexe sensibilité.
En tentant de remplir les vides, Mathieu Amalric offre un moment de cinéma intense où le plaisir d’être saisi par le cœur est prépondérant. Il faut se laisser tout simplement embarquer et se souhaiter un bon voyage !
Secrets de tournage
La pièce avait été mis en ondes par France Culture en 2017 mais n’a jamais été montée au théâtre. Mathieu Amalric a travaillé tout au long de la réalisation du film avec l’écrivaine pour adapter l’histoire aux moyens cinématographiques.
Le film a subi la crise sanitaire, comme tant d’autres. La scène de la fin de l’hiver a été tournée en premier. Puis ce furent les autres qui suivent les saisons. Au moment du montage, ce fut le premier confinement. Mathieu Amalric a essayé de travaillé à distance avec son monteur, François Gédigier. Il n’y a pas réussi et est resté dans son Trègor attendant de pouvoir ensemble s’y confronter.
Terminé en octobre 2020, le film subit encore la crise sanitaire jusqu’à mai 2021. C’est Cannes qui le réveille, puis le Festival International du film de Jérusalem puis celui de Bruxelles.
Mathieu Amalric laisse ses acteurs très libres de leur interprétation. Le matin, il leur remettait un résumé des scènes à tourner dans la journée. Il travaille de façon rapprochée avec ses acteurs pour que chacun trouve le ton juste.
Pour la scène où le père parle tout seul avec ses enfants autour, Vicky Krieps était dans une autre pièce et dictait par une oreillette aux autres comédiens ce qu’ils devaient faire.
Pour aller plus loin
Cinéma Jacques Tati – Twitter : @JacquesTati93 – Instagram : @jacquestati93
Emmanuel Burdeau, critique de cinéma actuellement chez Médiapart et au Magazine littéraire.
Twitter : @emmanuel_kelley
France Culture – Je reviens de loin de Claudine Gelea
Du côté des critiques
Télérama –
Des blogueurs en parlent aussi
MHF Le blog – Métronomiques – Lilylit – Edencinema –
Questions pratiques
Mathieu Amalric – Serre Moi Fort
Genre : Drame
Réalisateur : Mathieu Almaric
Acteurs : Vicky Krieps, Arieh Worthalter, Anne-Sophie Bowen-Chatet
Pays : France
Durée : 1h37
Sortie nationale : 8 septembre 2021
Distributeur : Les Films du Poisson
Bonjour Matatoune. Ce film semble bien joué mais je crains que ce soit encore une histoire de femme battue… Bondimanche
Non, c’est l”absence de l’être aimé ! Bonne soirée 🙂
Très envie de le voir. J’apprécie Mathieu Almaric et cette comédienne est rayonnante🙂
Rayonnante, oui vraiment ! Et du coup le film devient lumineux 🙂
Oh je n’en avais pas entendu parler et j’ai un peu de mal avec Amalric en tant que comédien mais là en tant que réalisateur cela me tente. S’il passe chez moi j’irai. Merci 🙂
J’aurais plaisir à lire ton avis, alors !
Ca donne envie d’en savoir plus ! En plus Amalric est une valeur sûre du cinéma.
J’avoue n’avoir vu que Barbara en tant que réalisateur et j’ai été très surprise de son maniement de la caméra !
Tu nous donnes envie de découvrir ce film. Bonne soirée
J’ai pris bcp de plaisir à me laisser embarquer dans cette histoire émouvante et sensible ! Bonne journée !
Bel article (et merci d’avoir cité “Métronomiques” !à. 🙂
Mathieu Amalric m’a bien baladée et comme c’est agréable de retrouver un cinéma de qualité 🙂