Centre Historique Minier Lewarde
A 8 km de Douai – Hauts de France
Visite le 14 avril 2018
La lecture du dernier livre de Sorj Chalandon, Le jour d’avant , m’avait plongée au cœur de la vie des mineurs. Pas celle de Zola, non ! Celle du XXème siècle. Aussi, au hasard de nos vagabondages, lorsque nous sommes passés à Douai, nous avons choisi de faire une petite pause dans ce centre.

La richesse de son fonds documentaire, l’action pédagogique envers les scolaires et l’accompagnement de ses médiateurs culturels, qui sont quelque fois d’anciens mineurs, permettent de garder active la mémoire et la culture de cette région et révéler aux jeunes générations, mais aussi aux autres, leur spécificité et sa solidarité.
Au sein du centre, deux approches sont développées :
– Visite du musée : présentation de la houille, l’organisation de l’entreprise minière, ses outils et vêtements, son univers paternalisme avec la construction de logement, d’école et de lieu de culture, etc.
-Visite guidée de la reconstitution d’une mine avec présentation de ce qu’était le travail de la mine et son évolution, l’historique des techniques et leurs risques ainsi que leurs prises en compte. Compter à peu près une heure.
En tout, il faut bien une demi-journée pour effectuer l’ensemble de la visite. Le lieu est facilement accessible aux familles puisque les espaces sont répartis sur un site vaste et aéré.

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Des chevaux dans la mine
Le cheval est utilisé pour le transport de charges lourdes. Des écuries souterraines étaient prévues près des bouches d’aération. Mais, la hantise était l’inflammation des fourrages ou de la paille. Après les luttes de 36, on s’intéresse au sort des animaux qui accompagnent les hommes dans leur travail. Et, dès 1937, des écuries de plein air sont organisées pour accueillir les chevaux malades qui ne peuvent plus travailler au fond mais aussi pendant les arrêts comme les grèves, etc. !
Descente d’un cheval
Il descendait dans la mine durant 4 à 5 heures en étant attaché sous la cage. Contrairement aux idées reçues, les chevaux ne sont pas aveugles lorsqu’ils restent longtemps au fond. Mais, on les habitue progressivement à la lumière avec des bandeaux lorsqu’ils remontent.
L’aspirateur
Pour garantir l’aération de la mine, était créée une ventilation électrique entre deux puits (celui d’entrée d’air et celui de retour d’air). Les circuits d’air traversant permettaient d’assainir et d’évacuer les gaz en les diluant.
Installations de jour
Quand la fosse Delloye a ouvert ses portes en 1931, elle n’employait que 165 personnes mais, au plus fort de son activité en 1947, elle en comptait 1019 qui travaillaient en alternance, répartis en plusieurs postes.







La vie dans la cité
Le coron se développe autour d’une rue bordée de deux rangées de maisons avec jardin individuel sur l’arrière où sont installées les dépendances. Les corons vont devenir des cités-jardins, puis des cités pavillonnaires et des “camus”. Lire plus ici
Le propriétaire négocie des prix prohibitifs pour l’achat du charbon de chauffage. De même, se développent les centres de vacances, comme le château de Naploule acquis par les Houillères. Des mesures sont prises pour permettre au plus grand nombre d’en profiter, certaines conditions sont à respecter: être en poste depuis au moins deux ans, coût très abordable. Le succès est au RDV : 380 en 1947, plus de 10 000 les années après 1950. L’immigration grandissante oblige à des cours d’alphabétisation avec du matériel adapté.

Lampisterie
Ce travail était réservé aux femmes : c’est le lieu où on abrite, répare, entretient et distribue les lampes aux mineurs. Passage obligé à la descente et à la montée, c’est avec la salle de bains un des lieux les plus fréquentés de l’espace. Vers 1950, les lampes au chapeau apparaissent, moins dangereuses.
Le travail au fond est interdit aux femmes dès 1874. Le travail à la lampisterie semble moins difficile et pourtant il y fait froid en hiver et chaud en été. Les odeurs d’essence sont très incommodantes. Le poids de chaque lampe varie de 3 à 5 kg et chaque lampiste en traite de 200 à 400 par jour. Les projections d’acide et décharges électriques sont courantes. De plus, les temps de distribution sont très stressants car tous les hommes remontent ou descendent aux mêmes heures !
Un jeton numéroté (taillette) contre sa lampe ! Un second jeton est quelque fois ajouté. Dans le Nord Pas-de-Calais, il est noir pour le poste du matin, rouge l’après-midi et jaune, la nuit. En cas d’accident, cela servait aussi à identifier qui était encore au fond ! A noter que le jeton numéroté était aussi utilisé dans la salle des pendus pour retrouver son vêtements.
Infirmerie
Les maux de la mine
- Ankylostomiase (dite aussi « anémie des mineurs ») : maladie infectieuse due à l’ankylostome, parasite de l’intestin grêle pénétrant soit par la bouche, soit par la peau et provoquant une anémie pernicieuse
- Anthracose : maladie due à l’inhalation des poussières de charbon qui s’infiltrent dans les poumons
- Pneumoconiose : maladie pulmonaire causée par l’inhalation prolongée de poussières (minérales, métalliques ou végétales)
- Silicose : maladie due à l’inhalation des poussières de silice qui s’infiltrent dans les poumons…“La bombe à retardement”

La ventilation et l’arrosage des parois permet de réduire les coups de grisou (Méthane- gaz contenu dans le charbon et qui se répand à l’extraction. S’il est à plus de 6% dans l’air, il explose à la moindre étincelle). Les poussières de charbon recouvrent les parois et inondent l’air. Elles sont hautement inflammables. Il faut éviter qu’elles ne rentrent dans les poumons.
La mine
Après les salles chauffées des installations de jour, le mineur empruntait la passerelle du personnel. En 1936, une des revendications demandaient la couverture de cette passerelle d’un bout à l’autre pour éviter le refroidissement !

Les wagonnets (berlines) contiennent les stériles qui constitueront par la suite les terrils. Les terrils étaient partagés avec plusieurs fosses. A partir des années 50, le triage sera arrête dans la mine.
L’espace à creuser mesure pas plus d’un mètre obligeant le mineur a resté assis et courbé. Il était impossible de mécaniser les métiers de la mine. Chaque rabatteur progresse d’un mètre par jour. Tout au plus, on introduira le marteau-piqueur, les rouleaux pour amener le charbon, les aérateurs, etc Mais, à la facilité, on opposera le bruit assourdissant, la chaleur et toujours les poussières.
Le grisou était détecté par des souris et des canaris puis par des machines plus fiables (télé-grisoumétrie).
Tirée par les enfants (Galibots) ou femmes, les berlines furent tirées vers 1847 par les chevaux de trait (de race bretonne à Lewarde à cause de leur petite taille à l’encollure) puis par une sorte de tracteur. Le cheval pouvait tirer 12 berlines à la fois. On appelle “balle” la berline pleine et “barrou” la berline vide. Une berline pouvait contenir 500 kg de charbon et jusqu’à une tonne de stériles.
Au début, le mineur portait un chapeau bouilli (la barette), des espadrilles et des vêtements en lin blanc pour mieux repérer plus facilement les blessures. C’est lui qui achetait ses vêtements. Puis, les protections sont apparues. Le port du masque était très peu respecté, trop contraignant (impossible de se parler) et trop étouffant. Il est à noter que les mineurs américains ne portent ni casque ni masque.
QUESTIONS PRATIQUES
Le Centre Historique Minier (rue d’Erchin, BP 30039, 59287 Lewarde) est situé à Lewarde, à 8 km de Douai, dans le département du Nord.
Des parkings pour les voitures, les camping-cars et les autocars sont disponibles sur le site et gratuits.
Une mini cafétéria et un restaurant sont disponibles. Des espaces de pique nique pour les scolaires sont disponibles. Des bancs permettent de pouvoir se reposer entre deux halls de visite.
Du 01/03 au 14/11 :
Tous les jours de 9h à 19h30*.
*La billetterie ferme 2h avant le musée.
Bonjour Matatoune. Quel bel article ! Avec tes explications et tes photos je mes uis replongée dans “Le jour d’avant” et découvert à quoi ressemblait les taillettes et la salle des pendus. Bonne journée
Bonsoir Ecureuil, merci beaucoup ! Je n’ai pas relu Sorj Chalandon mais je l’ai bien en mémoire . Bonne semaine !