Kupka – Pionnier de l’abstraction
Rétrospective
Grand Palais
Du 21 mars au 30 juillet 2018
Visite le 7 avril 2018

Curieux et cultivé, Kupka ( 1871 / 1957) s’est passionné pour tant de sujets qu’il nous laisse une œuvre complexe aux facettes multiples. Homme d’engagement mais aussi très indépendant, il invente sa propre forme qui révolutionne l’art du début du XXème siècle. C’est sa propre abstraction.
Il faut toujours faire la différence entre ce qui désigne une chose et l’idée que l’on aura de cette chose.
Baigné par la culture viennoise où ses œuvres ont été appréciées (contemporain de Klimt), Kupka est façonné par l’art du 19ème siècle. De cet art nouveau, Kupka retient la géométrisation des formes et les frises avec des rythmes verticaux. A son arrivée à Paris de sa Tchécoslovaquie natale, il vit boulevard de Clichy dès 1986 au cœur du quartier populaire et a comme voisin Picasso. Il découvre la bohème de Montmartre, la vie au jour le jour, notamment avec “Gabrielle” comme modèle.
Végétarien et naturiste, Kupka frappe par sa modernité ! Il réfléchit sur la place de l’homme dans la nature et l’univers. Mais, il renonce à faire de son art une pensée philosophique.
Artiste symboliste (peinture chatoyante et colorée), Kupka a des engagements politiques à très forte connotation anarchiste puis va côtoyer les artistes (du cubiste Picabia à Duchamp) et va basculer dans l’abstraction naissante dès le début du mouvement. Il aura une reconnaissance en France après la seconde guerre mondiale.

Au début de l’exposition, les couvertures qu’il a faites pour “L’Assiette au beurre” (magazine satirique) font incroyablement penser à Charlie Hebdo. Anti-cléricales et anarchistes, elles dénoncent des situations que nous regardons avec une attention particulière tant elles sont d’actualité !


Pendant quatre années, j’ai eu à suivre l’évolution de l’homme sur la terre et c’était pour moi un bienfait, j’ai vu les humanités passer mieux qu’on les voit dans les écoles. Enquête sur la vie des peintres.

Pour les amateurs de livres rares, le Grand Palais présente un exemplaire de l”Eschyle” et du “Cantique des cantiques” sur lesquelles Kupka a travaillé longuement l’illustration.


Après ces différents travaux, Kupka décide de se consacrer à la peinture. Ses œuvres témoignent de ses réflexions et de ses recherches.



Vous avez oublié que le sens des couleurs se trouve en vous-mêmes. C’est là qu’il faut aller le chercher !


La série des Gigolettes décrit des marlous qui exploitent de plus pauvres encore! Les personnages ont des visages déformés et représentés de profil.

Comment représenter le mouvement du ballon, alors que le tableau est statique ?


Kupka abandonne de plus en plus l’expression pour se consacrer à la couleur. Puis, les plans verticaux, géométriques s’imposent.

Pour le Salon d’Automne (1912), Kupka présente “Anamorpha, fugue à deux couleurs”, référence à l’œuvre de Bach (à gauche).
Comme pour ses œuvres précédentes, Kupka est persuadé qu’il serait compris, ce qui ne fut absolument pas le cas ! Le tableau fait un énorme scandale. Avec Apollinaire et son poème Orphée, les peintres exposeront au Salon des Indépendants en 1913 (courant de l’Orphisme – peinture avec musique). Des rivalités feront éclatés le petit groupe formé avec Delaunay. Vexé, Kupka refuse de faire la promotion de ses recherches, s’isole et se détache des trois grands de l’époque : Kandinsky, Mondrian et Malevitch. En 1913, Kupka écrit “la création dans les arts plastiques”.

Fuyant la communauté de Montmartre (persuadé que ces peintres sont plus intéressés par l’argent que par la recherche pure), il s’installe à Puteaux avec Eugénie, qui restera sa femme (1910) jusqu’à sa mort. Leur pavillon est voisin de la famille Duchamp. Picabia appartient à ce groupe aussi.
Passionné par les sciences, Kupka s’interroge sur la notion Espace – Temps.


En 1914, Kupka s’engage malgré ses idées anarchistes et combat sur le front de la somme avec Blaise Cendars, qui le trouvait quand même un peu vieux.

En 1921, sa première exposition est organisée.
A la fin des années 20, Kupka peint une série avec des éléments figuratifs sur les machines que j’avoue n’avoir pas appréciée. Cette série, il n’a jamais voulue l’exposer. Mais, après, il peint des formes géométriques épurées.



Kupka rencontre Valdès qui deviendra son mécène. Après la seconde guerre mondiale, le premier directeur du jeune MoMA organise une exposition en 1936.
Très fragile, souffrant de dépression et d’un complexe de persécution et d’angoisses sévères, Vladès lui offre une rente.

En 1939, il apprend la mort de Valdès après qu’il soit arrêté et déporté.

A la fin de la guerre, Kupka s’interroge sur “que peindre après l’holocauste?”

A 75 ans, il reviendra dans sa Bohème natale pour leur offrir un tableau : personne ne l’attend. Il reprend le train, le soir seul.
De la génération des inventeurs de l’abstraction, Kupka est celui qui a vécu le plus vieux : Kandinsky et Mondrian sont morts en 1954 et Malevitch en 1935.
Riche de quelques 300 œuvres, cette rétrospective offre un parcours chronologique et thématique à travers l’œuvre du peintre tchèque. Elle présente une nouvelle approche de deux courants majeurs des XIXe et XXe siècles, le symbolisme et l’abstraction, dont Kupka fut l’un des principaux précurseurs et acteurs.
Découvrez les peintures, dessins, gravures, manuscrits, journaux, livres illustrés, photographies et films et vivez une immersion totale dans l’univers coloré de František Kupka ! Grand Palais
L’exposition couvre la totalité de la création avec les œuvres les plus importantes. Après Paris, la rétrospective sera présentée à Prague puis à Helsinki l’an prochain.
Merci Écureuil bleu et très bon WE !
Bonjour Matatoune. Je ne connaissais ce peintre que de nom et je découvre son oeuvre grâce à toi. L’exposition doit être très intéressante. Bonne journée
Une expo qui me tenterai bien =)
Alors, il faut se laisser tenter!