Rentrée littéraire 2024
Exploration ROMANESQUE de l’adolescence et de l’islamisme radical

Second roman de Inge Schilperoord, Le ciel était vide, traduit la fascination que peut représenter l’islamiste radical pour de jeunes gens fragilisés par leur adolescence et des souffrances difficilement dépassées.
Au Vingt-quatrième sourate du coran et plus particulièrement au vers trente-cinq
« An-Nur, la lumière sur lumière, Allah propose aux hommes des paraboles et guide vers sa lumière qui il veut« . C’est le leitmotiv de ce roman.
Son travail portait le titre » Les véritables causes du djihadisme chez les jeunes Néerlandais », leur chahada, leur conversion à un islam 2.0. Mort à 45 ans d’un accident de vélo, cet avocat des causes perdues des djihadistes laisse sa fille, Sophie, surnommée So, Fifi et moineau, seule et orpheline. Elle a l’âge de ces adolescents qui cherchent un futur dans le rejet d’une société où ils n’arrivent pas à trouver leur place. En plus, il leur offre une soif d’absolu correspondant aux envies inassouvies qu’ils ressassent sans relâche.
Sa tante Lulu, pour Lucienne, de trois ans plus jeune que son père, l’a recueillie. Un dossier récupéré dans des affaires pour la ressourcerie l’obsède :
« 10894-Isra El Hannouri, et une date de naissance, deux ans pile avant la sienne. Et, en dessous : Article 140a du Code Pénal, participation à une organisation terroriste ».
Sophie est à la fois attirée par l’histoire d’Isra, qui lui ressemble, son amour de la langue arabe et son attirance pour l’islam. Appréhendant l’absence d’un père aimé, elle célèbre à la fois la beauté de la culture arabe mais flirte dangereusement avec un réseau islamiste, se mettant en danger, comme seul sait le faire l’adolescence.
Adolescence et radicalisme
Inge Schilperoord sait séparer la réalité de la culture arabe et le courant islamiste radical qui corrompt le message de cette religion de bonté. De plus, elle approche avec beaucoup de sensibilité l’attirance qu’il représente pour des jeunes qui cherchent leurs propres chemins. Le lecteur passe de l’inquiétude à la sérénité pour cette jeune fille ayant perdu ses repères, montrant ainsi combien l’équilibre de l’adolescence est précaire.
Son personnage principal est décrit avec beaucoup de précisions, rendant son portrait très juste. Son style, fouillé et travaillé, montre tout le désarroi né de l’absence, de la solitude adolescente renforcée par le deuil et du besoin essentiel de trouver réconfort dans les relations entre pairs. Ici Zana, jeune émigrée d’un pays subissant le joug de l’obscurantisme, permet à Sophie de trouver l’attache qui la ramène dans le monde des vivants.
De la lumière fondamentale au radicalisme mortuaire, Inge Schilperoord montre toute la fragilité de l’adolescence confrontée à des pressions si fortes et qui répondent souvent parfaitement à un malaise existentiel. Une belle découverte pour moi !
Remerciements
Aux éditions Belfond et à Netgalley
Puis quelques extraits

Le Djihad al-nafs était un combat contre soi-même, le plus grand et le plus important à mener en tant qu’être humain.
Tout ce qui comptait c’était qu’elles soient là, et qu’avec ces idées échangées, quelqu’un quelque part tisse entre elles des fils invisibles, une toile diaphane en expansion, dont le sens ne tarderait pas à se révéler.
Quand elle marchait dans la rue en burqa, elle était rejetée, insultée par les Néerlandais blancs. Traitée comme une lépreuse. Ils l’apostrophaient au supermarché, dans le bus. Pourquoi s’habiller elle ainsi ? Qu’elle foute plutôt le camp dans son pays ! Mais c’était où, son pays ? Elle n’avait passé que des vacances au Maroc. Son seul chez elle, c’était Internet.
Ici en bref



Du côté des critiques
Le Soir –
Du côté des blogs
Questions pratiques

Inge Schilperoord-Le ciel était vide
Traducteur : Françoise Antoine
Éditeur : Belfond
X : @Belfond Instagram : @editionsbelfon
Parution : 22 août 2024
EAN : 9782714499813
Lecture : Juillet 2024

Bonjour Matatoune. Le sujet est intéressant. Les adolescents sont souvent très fragiles et influençables. Bonne journée
Un roman très juste pour réfléchir . Bonne continuation 😄
Je le note, les livres qui traite de la religion m’intéressent toujours. La semaine dernière on a signalé en Suisse le cas d’un enfant de 10 ans qui relayait des sites islamistes et qui semble s’être radicalisé tout seul sur le net. Bon week end
La puissance des images, quand même et des arguments mortiféres pour des personnalités en construction.
Bon week-end 😉
Merci de mettre en avant ce titre, passé un peu sous les radars de cette rentrée me semble-t-il (mais c’est peut-être moi qui l’ai loupé, ne m’intéressant que de loin à la rentrée littéraire). J’ai lu La tanche, son premier roman, et il m’a suffisamment marquée, par son intelligence notamment (elle y développe une réflexion nuancée et complexe), pour avoir envie de relire l’auteure.
Je reecris mon retour car il a disparu dans les nimbes de l’application, semble-t-il !
Nuancée et complexe ce sont vraiment des qualificatifs pour qualifier la démarche de cette écrivaine que j’ai eu plaisir à découvrir.
Merci d’être passée ici 🙏
Un roman sur les mécanismes de l’emprise ?
Non, pas vraiment, elle détaillé l’attirance répulsion sur l’actualisation de cette religion qu’elle partageait avec son père et essaye de comprendre pourquoi une autre fille a fasciné son père au point de la défendre.
On a peur,on tremble qu’elle ne soit elle aussi happée…C’est la fragilité de l’adolescence blessée qu’elle décrit parfaitement !
C’est un sujet central de notre époque. Et qui ne touche pas que les adolescents un peu paumés, mais aussi des adultes très déterminés. Merci de cette présentation, bonne journée !
Oui tu as tout à fait raison. Ici l’écrivaine met parfaitement en lumière la fragilité de l’adolescence avec les fauseurs de mensonge !
Bonne continuation 😄