
Un amour presque impossible mais intense au pays du quartier de Passy de Paris, L’amour moderne de Louis-Henri de La Rochefoucauld le raconte.
Yvan, ultime descendant de Russes blancs, les Kamenov, s’est forgé la réputation d’être le Molière moderne après avoir ravi un prix littéraire prestigieux avec son premier roman. Passionné de digressions, il se cache facilement derrière une allure de dandy. Reçu au bac en 2004, il se promène dans la vie de façon alanguie ses quarante ans de divorcé sans enfant.
Un drame qui eut lieu un 18 mai 1994 à la villa Vermeer relie cet écrivain à Albane, actrice, sans qu’ils le sachent.
Elle fut une actrice récompensée par le plus prestigieux des prix du cinéma aux États-Unis. Seulement, le lecteur doute de son talent sachant que son mari Michel Hugo, producteur reconnu jusqu’en outre-Atlantique. Il compte notamment, le sulfureux Epstein dans ses amis proches ! Albane, vieillissante, ne tourne plus.
Cet amour moderne dresse un bien triste inventaire du sentiment amoureux : un crime passionnel avant que l’on le nomme féminicide, l’emprise violente et avilissante, une amitié saccagée par la mort prématurée, une sensibilité masculine qu’il faut cacher. Bref au pays du 16ᵉ arrondissement, ce sont les mêmes conséquences d’un patriarcat que l’on espère finissant ! Heureusement, L’amour moderne a une belle fin !
Critique sociale réussie
La connaissance de Louis-Henri de La Rochefoucauld de son milieu d’origine lui permet de transmettre une multitude de détails savoureux mais particulièrement intéressants : l’histoire du théâtre Marigny, transformé ici en théâtre Mélusine, celle de La Coupole, et bien d’autres encore.
Louis-Henri de La Rochefoucauld nous fait croiser du beau monde, rendant accessible : un Mitterrand, surnommé Pharaon de la Ve République, un François Grossouvre, fidèle grognard nommé « ministre de la Vie privée », le suicide de Bérégovoy et tant d’autres. Son narrateur connaît tous les lieux comme des « boîtes de musique » qui se mettraient à jouer leurs airs dès qu’on les traverse.
Son ton suffisamment ironique rend cette lecture très agréable. Aucune victimisation, la bonne éducation de Louis-Henri de La Rochefoucauld l’empêche de s’étendre sur les ravages des émotions. Tout y est énoncé par nuances et sentiments cachés. Le lecteur survole de façon très neutre tous les drames énoncés.
Pourtant aucun faux-semblant ! L’amour moderne est une cinglante critique sociale. Connaissant tous ses codes, Louis-Henri de La Rochefoucauld ne s’en amuse pas. Un fond de champagne dans des flûtes en cristal de Bohème servi dans des appartements somptueux n’empêche pas la laideur humaine, mais évite d’en parler. Dans ce monde de loups, impossible de révéler ses faiblesses sans se faire dévorer. Ce monde du cinéma et du théâtre où l’apparence remplace l’essence, n’évite pas les excès du sentiment amoureux lorsqu’il se transforme en possession ou lorsqu’il devient fou.
Une belle découverte !
Puis quelques extraits

Blaguer ne tient plus quand on est seul.
(Epstein) Comment imaginer qu’on était face au plus grand proxénète de sa génération ?
Même dans leur caste, ce genre de boucherie était donc possible. Il avait été jugé à la fois plus convenable et plus sage d’enterrer les cadavres.
Dans son milieu, on avait élevé le flegme au rang de dogme. On enseignait très tôt cette discipline, comme le solfège et la tenue à table.
L’assassinat de son ami le plus proche par son propre père. La détresse de tous ces gens de pouvoir. Le spleen d’une princesse anglaise qui ressemblait à la mère d’Alexis avec son brushing bouffant. Cela l’avait ouvert de bonne heure au versant sombre de l’existence.
Un monstre grossissait, et personne n’en prenait la mesure.
Et, encore
Cette ainsi : la vie nous confronte à des difficultés. La meilleure métaphore que j’ai trouvée reste celle d’un skieur tentant de descendre avec élégance une piste noire. On n’envoie pas le bout, de ce slalom géant.
Il nous faut toute une vie pour déchiffrer la pierre de Rosette de notre enfance.
Poussés à bout de nerfs, certains fauves blessés, décide un jour de frapper un gros coup. Comment arbitrent-ils alors entre s’autodétruire ou tout détruire autour d’eux ?
Deux siècles après la mort de Germaine de Staël, la gloire était-elle toujours, pour les femmes, le deuil, éclatant du bonheur ?
Tout le monde veut être une victime aujourd’hui, même les bourges, ou plutôt, surtout les bourges – c’est aberrant ! On est des privilégiés. On doit faire bonne figure. Cette histoire, il faut la cacher tout au fond de nous, comme Emily le mercredi en fin d’après-midi, quand nos parents venaient nous chercher et qu’elle rangeait toutes les affaires dans le coffre à jouets.
Ici en bref




Du côté des blogs : Ma collection de livres
Questions pratiques

Louis – Henri de La Rochefoucauld – L’amour moderne
Rentrée littéraire 2025
Prix Cabourg du Roman 2025
Éditeur : Editions Robert Laffont – X : @Robert_Laffont Instagram :@robert_laffont – Facebook
Parution : 21 août 2025 – EAN : 9782221278024 – Lecture : octobre 2025

Bonjour Matatoune, ton billet est intéressant de même que les extraits que tu as choisis. Cette plongée chez les classes sociales les plus favorisées doit être assez instructive ! Un intérêt sociologique, sûrement, en plus des qualités littéraires. Merci, belle journée à toi 🙂
Un roman à contre courant des tendances actuelles et c’est intéressant ! Excellente continuation 😰📚
Cette thématique ne m’attire pas, même si on y crois du beau monde. Bonne journée
Je pensais aussi à plus de superficialité et j’ai èté étonnement surprise. Bonne continuation 📚🙏🌞
Bonjour Matatoune. C’est sans doute un beau roman mais qui ne m’attire pas. Bonne journée
C’est vrai qu’à-priori son roman ne tente pas! Néanmoins j’ai été agréablement surprise. Et, du coup, je ferai attention à ses prochaines parutions.
Bonne continuation 📚🙏🌞