Musée des impressionnistes – Giverny

Chefs-d’œuvre et Thématiques Inédits

Le Musée des Impressionnistes de Giverny propose, pour l’anniversaire des 150 ans de la première exposition des Impressionnistes, une exposition autour de la mer. Au-delà des loisirs balnéaires, souvent évoqués, le musée souhaite présenter d’autres thématiques pour prouver que les peintres impressionnistes se sont intéressés au grand large et à la vie marine.

L’exposition rassemble des chefs-d’œuvre célèbres comme La Vague de Courbet ou encore L’Évasion de Rochefort de Manet, qui dialoguent avec des œuvres méconnues, souvent prêtées par des propriétaires privés.

Les ports, la lumière, les falaises

Les peintres fuient la ville et sa pollution et découvrent la Normandie à l’aide du développement du train. La ligne Paris-Rouen est inaugurée en 1847. La France sort de la guerre avec la Prusse. Les photographes ont déjà fait connaître les ports.( Photographier en Normandie (1840-1890). Monet et ses amis rentrent de Londres où ils sont réfugiés pour fuir la Commune de Paris.

Les peintres impressionnistes voulaiient représenter le réel. D’ailleurs, Degas nommait le mouvement Les Réalistes. C’est par dérision que les peintres ont repris le mot Impressionniste à leurs comptes. La toile Impressions soleil levant de Monet en sera le tableau fondateur, composé en Normandie au Havre un matin très tôt.

Johan Barthold Jongkind – Le port d’Anvers – 1955

Auprès de Jongkind, Eugène Bourdin apprendra à peindre. Hollandais, Jongkind connaît bien ce port. Après avoir peint ce tableau, Jongkink vit une période dépressive que son retour en Normandie lui fera quitter.

Ce tableau se présente de façon très classique. Même si le thème est nouveau, la façon de le traiter reste très traditionnelle. Lors de son retour prochain en Normandie Johan Barthold Jongkind fera évoluer sa peinture.

Claude Monet – les rochers à Pourville à marée basse – 1882

Monet se trouvait certainement sur les rochers avec son chevalet ou dans son bateau dans cette petite commune près de Dieppe. Le ciel prend un tiers de la totalité de la toile. L’attention à rendre compte de l’intensité des vagues et de la nature des rochers préfigure ses tableaux sur Belle-Ile qui viendront plus tard.

Eugène Boudin – Port de Camaret – 1872

L’artiste est le peintre normand, par excellence. Seulement la ligne de chemin de fer Le Havre – Morlaix s’ouvre en 1849 ce qui permettra à Boudin d’aller séjourner un peu en Bretagne. Celle vers Brest s’ouvre aussi en 1865.

Deux sortes de bateaux sont illustrées ici : des grands voiliers blancs et des barques rouge orangée pêchant la sardine. Le ciel occupe les deux tiers du tableau. Il est tourmenté comme les ciels normands. La mer est aussi représentée ondoyante et changeante.

Camille Pissaro – L’anse des pilotes – 1903

Pissaro est un habitué de la Normandie. Il est revient depuis 1896. Ses problèmes oculaires (des poussières) lui interdisaient de peindre en extérieur. Il a trouvé son style, ce ui lui permet de vendre ce qu’il a envie de peindre. Néanmoins des passagers problèmes financiers l’obligent à répondre à la demande d’un collectionneur qui souhaite une série de toiles de l’avant-port du Havre. Installé à l’Hôtel Continental, il a une vue magnifique de sa fenêtre. Il peindra vingt tableaux formant une série, vue de la jetée du port.

Ici, trois quarts de la toile sont consacrées au ciel. Les personnages regardent une régate partir et non les bateaux à vapeur. Et, nous, visiteurs, nous les regardons !

Quelques mois plus tard, Pissaro tombe malade et décède.

Édouard Manet – L’évasion de Rochefort – 1881

Henri Rochefort est condamné comme 4000 communards à la déportation en Nouvelle Cadélonie. Journaliste et écrivain, fondateur de l’Intransigeant, il est un républicain engagé. Il entre au bagne en décembre 1873 et s’évade en juillet 1874. Rochefort est accompagné de camarades qui rejoignent un navire britannique en route pour l’Australie.

Édouard Manet a attendu la loi d’armistice de 1880 pour peindre ce tableau, qui reste une œuvre à part. Tableau politique, très rare chez les impressionnistes. Le tableau s’inspire du Radeau de la Méduse de Guéricault. Celui-ci est la seconde version avec le bateau au fond en haut.

Claude Monet – Les petites dalles – 1884

Issu de la collection privée Hasso Plarner, ce tableau est baigné par le soleil. La masse de la falaise se mire dans la mer. Il semble qu’on ne voit que ça. Et, puis en s’approchant, apparaît les personnages, des taches de couleurs pour désigner des baigneurs, des pêcheurs, des promeneurs et des villas. Les détails révèlent le talent du peintre.

Le regardeur se perd dans ce paysage à essayer d’y relever tous les détails. Ce tableau inaugure le modernisme futur de l’artiste.

Tempêtes et naufrages, Bretagne, villégiatures

Depuis la fin du XVIIIè siècle, les scènes de tempêtes sont appréciées. Les artistes romantiques ont largement exploité ce thème. La génération suivante continue à s’en inspirer.

Gustave Courbet – La vague – 1871/1973

Cette toile issue d’une collection privée montre la mer déchaînée. Elle est sombre et inquiétante. Courbet a séjourné en Normandie de 1866 à 1869. Il sera l’un des premiers, avec Monet, à créer des séries de paysages, ici à Etretat.

Exécuté directement sur la plage, nous avons l’impression que la vague va déferler sur nous. Courbet utilise la peinture au couteau pour rendre compte de cette furie.

Seulement, la toile a été peinte au moment où Courbet est accusé d’être impliqué dans la démolition de la Colonne Vendôme. On lui réclame 3 millions de francs. Condamné à l’exil en Suisse où il peindra deux choses des truites et des vagues ! Il meurt le 31 décembre 1877.

Paul Gauguin – Sur la plage de Bretagne – 1889

Les impressonnistes vont se transporter en Bretagne autour de Gauguin. C’est un tableau étrange comme codé que propose ici l’artiste. Il a travaillé avec Serusier à Pont-Aven autour de son Talisman. Les choses semblent inachever, les pieds, Le visage. C’est une scène de plage avec une baigneuse en blanc qui se cache derrière les rochers. De grands aplats de peinture et des cernes sont ici la signature du Maître.

Eugène Bourdin – Scène de plage – 1869

L’exposition présente de nombreuses œuvres de cet artiste (comme pour Monet). Difficile de choisir parmi toutes, une plus significative. C’est forcément réducteur !

Scènes de la vie sociale d’une catégorie sociale privilégiée, Bourdin croque inlassablement ses semblables sur les plages. Il les vendait, comme maintenant on prend des photos, pour au retour montrer ce qu’ils avaient vécu. Aujourd’hui, Instagram est utilisé pour ça !

Sur celui-ci, la cabine pour se baigner y est représentée. À la plage, les plus fragiles, se baignent. C’est une indication médicale. Les autres papotent et jouent à des jeux de société.

Les impressionnistes furent plus séduits par les paysages plutôt que par ces scènes de vie. S’ils ont représenté des personnages sur la plage, c’était des membres de leur famille.

En conclusion

Évidemment, cette présentation ne rend pas compte de toute la richesse de cette exposition. Si j’étais un peu restée sur ma faim lors de la visite de Renoir à Guernesey, je n’ai absolument pas regretté de la visiter. Cette exposition montre un sujet jamais traité et la recherche que ces artistes ont accomplie pour capter la lumière changeante sur des paysages magnifiques.

Sources

Conférence inaugurale de l’exposition L’impressionniste et la mer.

Normandie et l’impressionniste

Dans la presse

Questions pratiques

L’impressionnisme et la mer

Musée des impressionnistes – Giverny

#ExpoImpressionnismemer

                       Du 29 mars au 30 juin 2024              

          X : @MuseeGiverny Instagram :  @musee_impressionnismes_giverny  Facebook

Directeur : Cyrille Sciama

99 rue Claude Monet
27620 Giverny
+33 (0)2 32 51 94 65

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