Stéphanie Dupays – Un puma …

… Dans le cœur

vagabondageautourdesoi- Stéphanie Dupays - Que signifie le titre du nouveau roman de Stéphanie Dupays ? Un puma dans le cœur est l’histoire d’une quête, pour aller voir derrière le miroir, et remettre en cause les évidences que la légende familiale a construites pour cacher la réalité.

La légende d’une arrière-grand-mère spécifiait qu’elle était morte de chagrin à la mort de son mari. Beau romantisme !

Mais, quand les dates, issues de l’Etat Civil, révèlent qu’en fait, il s’est passé 40 ans entre le décès du mari et celui de cette femme, le mythe familial s’effondre pour la petite fille qu’est la narratrice. Puis, quand elle découvre que sa mère a été placée quatre ans sans que sa mère la réclame, l’enquête commence !

Seulement, ce n’est jamais un chemin tout tracé ! Il faut du temps pour reconnaître, digérer et faire remonter les souvenirs pour que de nouvelles représentations se construisent.

Et, puis, il y a la vie, les chagrins quelquefois, la surprise du hasard, aussi et l’enquête rebondit.

Pas besoin d’être passionné(e) de généalogie pour être touché(e) par ce récit qui analyse les répercussions de la vie des ascendants comme « un choc sur un pare-brise, ça irradie sur les descendants ».

Stéphanie Dupays confronte l’origine de son milieu et sa façon de vivre du paysage des coteaux de Grave à la fourmilière parisienne. Lorsque l’émotion inonde le ressenti de sa narratrice, l’écrivaine a recours à la poésie, comme pour la mettre à distance, pour la poser là, pour se l’approprier ou encore pour en désamorcer son onde.

Mais, en plus de l’aspect littéraire, c’est un résumé historique de la prise en charge de la maladie mentale au 19è siècle, surtout pour les femmes. Le titre dévoile ainsi sa signification au cours de la seconde partie.

Un puma dans le cœur est une enquête émouvante, touchante et littérairement maîtrisée que présente Stéphanie Dupays sur l’histoire d’une aïeule que la rumeur familiale avait figée en amoureuse éperdue pour en cacher la vérité.

Puis quelques extraits

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Depuis sa retraite, ma mère a entrepris d’y ajouter des ascendants puisque je lui refuse les descendants : elle s’est mise à la généalogie.

Ou bien la légende romantique n’était qu’un écran protégeant un « secret de famille », ce nom poli du mensonge.

Car ce soir-là je pressens que l’histoire familiale qui m’était apparue jusqu’alors comme une matière solide et stable de lieux et de faits ressemble plutôt un tissu lâche et mouvant de souvenirs déformés, de fantômes errants et de mensonges.

Les spectres tentent d’attirer l’attention, ils chuchotent à l’oreille, tirent par la manche et, parfois, ils se font comprendre.

En convoquant un souvenir lié à une période, on entrouvre une porte, et des choses qu’on croyait avoir oubliées réapparaissent dans les jours qui viennent, l’inconscient continuant son travail d’extraction des souvenirs à notre insu.

J’ai besoin d’en savoir plus parce que ma grand-mère, en m’élevant, a fait que je suis celle que je suis. Quelqu’un qui a besoin des livres pour remettre le monde en ordre et qui a dû pas mal lutter contre « cette vision apeurée du réel » que mes amis les plus proches ont souvent constatée. Comme si je ne parvenais pas à croire que le hasard puisse être heureux, que l’événement ne soit pas toujours une catastrophe.

Et encore,

À cette motivation intime s’ajoute un goût pour la résolution des énigmes. Trouver le petit x de l’équation. Trouver le sens de la phrase en langue étrangère. Deviner le coupable du film noir. Inscrire le dernier mot sur la grille des mots croisés. Déchiffrer les symboles dans la peinture.

L’épigénétique a montré que les épreuves, les chocs, les deuils qu’ont vécus nos ancêtres ne se lèguent pas seulement par le climat familial ou la fréquentation des personnes mais marquent le patrimoine génétique qui se transmet de génération en génération.

Quand il s’agit d’inventer des tourments, mon cerveau est plus vaste que l’enfer.

Je me demande si on n’a pas inventé les formalités administratives pour distraire les endeuillés du chagrin.

La vie, dans son élan, chasse les fantômes.

C’est aussi de là que je viens, de cette série de catastrophes que je n’ai pas vécues, de l’absence et de la honte transmise de mère en fille.

L’utopie qui a présidé à la naissance de la fonction asilaire n’a pas résisté à la surpopulation et à la promiscuité.

Parfois, on écrit pour tirer au clair, pour savoir et comprendre. Et parfois, on écrit pour admettre qu’il y a des choses qu’on ne peut connaître.

Les morts sans sépulture, les morts sans lieu, les morts sans inscription, les morts sans écriture deviennent des fantômes menaçants. Les évoquer, c’est leur rendre hommage, les relier à l’histoire présente et les remettre à leur place. Pour que nos mains cessent de trembler.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Incipit
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Premier extrait
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Second extrait
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Quatrième de couverture

Stéphanie Dupays – Un puma dans le cœur

Éditeur : Editions de l’Olivier

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Parution : 10 février 2023

EAN : 9782823620092

Lecture : Mai 2023

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11 commentaires

  1. Bonjour, copié collé à tous.
    Je me suis désinscrite des news pour ne pas surcharger ma boite email, cela ne m’empêchera toutefois pas, de passer sur ton blog dès que j’aurai un moment durant cet été chargé puisque, j’ai le lien.
    Bisous

    • Oui, de plus, elle dresse une situation de la prise en charge psychiatrique, qui fait penser à d’autres destins, comme celui de Camille Clzudel ou Le bal des folles de Victoria Mas.

    • Oui, mais quand ils sont tus, les dégâts sont moins visibles mais tout aussi importants. Bon dimanche 😉

  2. Tu aiguises ma curiosité pour découvrir le secret de cette grand mère. Bon depuis la princesse de Clèves et Werther, plus personne n est mort d un chagrin d amour. Bon week-end

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