Franck Thilliez – La faille

Sharko & Henebelle

Treizième enquête de la série Sharko & Hennebelle, La faille de Franck Thilliez est un thriller terriblement efficace qui explore tous les aspects de la mort, de l’acharnement thérapeutique aux expériences de mort éminente en passant par le commerce des organes post-mortems et les déviances nécrophiles.

Attention, un vrai bijou qu’il faut explorer en se laissant porter car ici nulle faille au niveau du suspens et de l’horreur !

Brins d’histoire

Sharko, déjà la soixantaine, est en planque avec son équipe. Lucie Hennebelle est donc présente à ses côtés, sa compagne avec qui il élève deux jumeaux d’à peine 9 ans. Le décès des jumelles de Lucie plus de dix ans plus tôt est loin maintenant. Ils font tout pour tenir éloigné les garçons des horreurs qu’ils découvrent dans leur métier. Nicolas Bellanger, un de ses lieutenants, éprouvé par le passé pour avoir perdu sa compagne, renoue une relation sérieuse avec la policière, solaire, qu’est Audra Spick. D’ailleurs, celle-ci à cinq mois de grossesse reste dans le véhicule lorsque les quatre, accompagnés de Pascal Robillard, le procédurier du groupe, décident d’intervenir.

Mais rien se passe comme c’était prévu : Le suspect ne se laisse pas arrêter et même attaque un membre de l’équipe qui doit être transporté de toutes urgences à l’hôpital. Le temps de l’enquête de l’IGPN, Sharko se retrouve sur la touche. Seulement, pour ne pas sombrer, il n’y a que le boulot même s’il sort des clous !

Très vite, l’enquête se complexifie. Il faudra attendre presque la fin pour connaître le mobile du (ou des) tueurs des différents meurtres que l’équipe trouvera tour à tour sur son chemin.

Thriller très réussi

En confrontant personnellement l’équipe et Sharko à la mort, Franck Thilliez plonge chacun de ses personnages au cœur de son expérience personnelle du deuil. Du coup, il renvoie le lecteur à ses propres émotions.

Au-delà d’une enquête parfaitement ficelée, le lecteur réfléchit à sa position sur la mort par rapport à l’éthique, à la religion, avec les concepts de paradis et d’enfer et l’émergence de l’idée chrétienne de l’âme, aux avancés de la législation sur la mort cérébrale, aux recherches actuelles sur la fin de vie, à la notion de fœtus, aux limites de la législation et aux pouvoirs médiatiques des réseaux sociaux et des médias. Ah, j’oubliais aussi, sur les déviances sexuelles et les dérives de la vente de cadavres et d’organes… Et, tout ceci lors de la résolution d’une enquête qui, des catacombes aux couloirs froids d’une ancienne usine, enchaîne les découvertes macabres où la nature humaine, du moins celles de l’assassin, est désespérément et terriblement sombre.

Franck Thilliez franchit avec La faille un niveau élevé de maîtrise de son art. Son talent s’y développe pleinement. Sa documentation y est sérieuse et conséquente. Et, malgré le sujet et l’ampleur des axes traités, La faille est bien un thriller, et si parfaitement réussi qu’on ne peut que féliciter Franck Thilliez de nous faire autant plaisir !

Pour aller plus loin

Franck Thilliez – Labyrinthes

Sharko – Franck Tuilliez

Franck Thilliez – 1991

Puis quelques extraits

Memento moris. « Souviens-toi que tu vas mourir » (…) La locution latine, écrite sur la carte de visite dénichée chez Dotty, offrait une vision de la condition humaine destinée à rappeler que la gloire, le succès, la jeunesse et toutes les actions que nous entreprenons se heurtaient tôt ou tard à un brutal couperet qui finissait toujours tomber : la mort.

Les hôpitaux étaient des failles spatiotemporelles, des gouffres qui emportaient et recrachaient des corps au gré de la roue du destin.

Notre culture la ( la mort) médiatise à outrance, mais dès l’instant où elle entre dans notre cercle intime, on fait tout pour l’éviter, l’oublier au plus vite.

– la mort ne peut pas être aussi belle, souffla-t-il. Elle pue. Elle a le visage des chairs en putréfaction, de noyés gonflés qu’on sort de l’eau après des semaines d’immersion. La mort, tu le sais, ce sont les corps raides et froids des salles d’autopsie. Pas ça. Son corps vit, il donne la vie. Comment il peut donner la vie, s’il est mort ? Je n’y comprends plus rien.

Si Dieu existait, alors il manquait de temps pour veiller sur toutes les âmes.

On y soignait depuis des siècles la folie, mais de manière plus discrète aujourd’hui, avec des mots plus savants, telles « neurosciences » ou « unités de sciences cognitives ». .

D’une certaine manière, qu’on fût poisson ou humain, policier ou criminel, on avait tous un seul objectif : survivre.

Ici en bref

vagabondageautourdesoi.com - Franck Thilliez - — Présentation de l’éditeur

Du côté des critiques

France Bleu –

Du côté des blogs

Tomabooks – Aude bouquine – EmOtions

Questions pratiques