Xavier Donzelli raconte l’histoire du poème de Paul Eluard dans son livre « Et par le pouvoir d’un mot ». A partir de son succès, il sera traduit en plusieurs langues, sera illustré et même accompagné d’une musique. Les reprendre ici me semblait une illustration nécessaire du magnifique récit de ce journaliste historique.

Fernand Léger – 1947

Un an après le décès de Paul Eluard, Pierre Seguers propose à Fernand Leger d’illustrer une nouvelle parution du poème Liberté. En 1953, Fernand Léger réalise un accordéon de plusieurs feuillets.

Pierre Seghers imprime, grâce à la technique du pochoir, seulement 212 exemplaires de ce poème-objet. Un exemplaire vient d’être acquis par les Archives Départementales du Val de Marne.

Des variantes du poème peintes sur contreplaqué par Fernand Léger à la sortie de l’ouvrage ont été réalisées pour une vente de livres organisée au Vélodrome d’hiver par le Comité national des écrivains (CNE). Trois de ces fresques habillent aujourd’hui l’Hôtel de ville d’Ivry-sur-Seine tandis que le quatrième panneau a rejoint le Musée national Fernand-Léger à Biot

Francis Poulenc – Figure humaine

Le directeur de la Compagnie des Discophiles demande à Francis Poulenc de mettre en musique, afin d’enregistrer un disque, le poème Liberté, qui ouvre Poésie et Vérité 1942, de Paul Eluard. Ceci se passait en mars 1943.

En 1953, Francis Poulenc présente une cantate appelée Fugue humaine, double cœur à cappella, pour illustrer plusieurs poèmes de Paul Eluard dont Liberté est le dernier. Lorsqu’elle sera jouer à Paris, elle rencontre un grand triomphe.

Rolland Penrose et Lee Miller

Lee Miller avait passé des moments d’insouciance lors du premier été de la seconde guerre mondiale. Elle avait rejoint Picasso, Paul Eluard et Man Ray à la Garoupe. Man Ray avait rendu ces moments inoubliables par une série de photos.

Devant le succès du poème clandestin de Paul Eluard, Lee Miller propose à son mari, Roland Penrose, de le traduire et sur sa machine à écrire, le recopie.

Jean Lurçat et sa tapisserie

Jean Lurçat avait, quant à lui, déjà réalisé un travail similaire sur un poème de Guillaume Apollinaire, Es la verdad (C’est la vérité), en rapport avec la guerre d’Espagne.

Puis, Jean Lurçat commence le projet Liberté dans son atelier de Lanzac, dans le Lot, avant que la tapisserie ne soit tissée à Aubusson en 1943. Le travail est alors surveillé par les Allemands mais, la tapisserie étant tissée à l’envers, ils ne peuvent lire le texte de Paul Éluard ni le comprendre.

Sur un fond ocre jaune se détachent, au centre, deux astres passant l’un devant l’autre telle une éclipse. Dans les quatre coins de la tapisserie, on peut lire des extraits du poème de Paul Eluard, Liberté ; les derniers mots du poème viennent
s’inscrire dans l’astre solaire :

                … Pour te connaître / … Pour te nommer / Liberté

Dans le soleil découpé en quatre parties à la manière d’un blason médiéval, on distingue en bas à gauche, sur fond noir, un serpent et la tige d’une plante fleurie qui s’épanouit en haut à gauche sur un fond clair ; en haut à droite, sur un fond noir, se détachent des visages alignés et, en bas, sur un fond blanc, s’inscrit le mot « Liberté ». Un coq se détache au-dessus de l’astre solaire, installé sur un trophée de cornes de taureau ; il arbore les trois couleurs – bleu, blanc et rouge – du drapeau français.
Le fond de la tapisserie est parsemé de nuages clairs et sombres, ainsi que d’étoiles et d’extraits du poème. Fiche œuvre – Musées d’Angers

Cinq exemplaires de la tapisserie seront réalisés dans les ateliers Goubely, et deux dans les ateliers Picaud en 1952, année de la mort de Paul Éluard.

Sources

Xavier Donzelli – Et par le pouvoir d’un mot

Archives Départementales du Val de Marne

Poulenc, figure humaine … France Musique

Panorama de l’art – Jean Lurçat

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Paul Eluard – Poème Liberté

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