Arnaud Nebbache
Arnaud Nebbache revient avec brio sur cet épisode ubuesque qui opposa le sculpteur Constantin Brancusi à la ville de New-York en 1927 forçant la justice américaine à repréciser ce qu’est une œuvre d’art.
À l’occasion de la préparation de l’exposition Brummer, Brancusi fait voyager, par bateau, une vingtaine de sculptures dont L’oiseau en bronze aux alentours d’octobre 1926. Les douanes américaines considèrent que c’est un objet utilitaire et lui réclament des droits d’entrée sur le pays. Déjà exposées à l’Armory Show en 1913, les sculptures de Brancusi ont déjà beaucoup de succès. Seulement, depuis plus de dix ans, ses œuvres deviennent de plus en plus abstraites.
Seulement, le sculpteur, âgé d’à peu près cinquante ans, ne va pas s’en laisser conter. Refusant de payer, il passe à l’attaque, aidé de son ami Marcel Duchamp, et intente un procès à la ville de New-York.
Originaire de Roumanie, et voulant compléter sa formation, Constantin Brancusi est arrivé en France à pied vers 1905. Après avoir suivi les cours à l’Ecole des Beaux-Arts et être entré à l’atelier de Rodin, il s’affranchit des différentes influences en composant son Baiser, sculpture funéraire qui le fera connaître du monde entier.
L’Oiseau en Bronze mesure 1, 35m de haut, de forme fuselée et polie comme un miroir. Le procès permettra de redéfinir ce qu’est une œuvre d’art.
Arnaud Nebbache, avec des retours en arrières, un dessin épuré, des angles particuliers mis en avant sur cette affaire, rend parfaitement l’esprit obtus de la partie adverse, les affres vécues par le sculpteur, les liens étroits entre Marcel Duchamp et Brancusi, etc.
À la conception du scénario, des dessins et des couleurs, Arnad Nebbache a développé ici un style très personnel. J’ai eu un peu de mal à entrer dans cette bande dessinée. Puis, j’ai apprécié le style particulier qui sied parfaitement à l’œuvre de Brancusi. Les couleurs, les formats différents et le peu de textes renforcent les émotions recherchées.
En bref, cette bande dessinée rappelant un épisode si particulier de l’Art moderne renforce à la fois la connaissance sur l’artiste Brancusi mais aussi permet d’en poursuivre la réflexion encore aujourd’hui.
Puis quelques extraits
Est-ce qu’ils vont faire chier Claude Monet, lui ? Est-ce qu’ils vont lui demander si ces cathédrales sont des copies sous prétexte que le sujet est trente fois le même !
De la même façon, monsieur Epstein… si vous aviez devant vous une barre de laiton, polie de manière identique, incurvée et composée de façon à « exciter » votre sens de l’esthétique, vous la considéreriez comme une œuvre d’art !
Un ouvrier pourrait devenir artiste s’il était capable de créer, d’imaginer l’œuvre ?
Des portraits, il les appelle : « dessin dans l’espace ». (Des sculptures de Calder).
« Brancusi omet les détails afin de capter l’essentiel et de mettre l’accent sur l’importance des formes. »« Ces faits constituent l’originalité et la puissance de son œuvre. » Ou plus loin : « Ces bronzes, ces bois et ces marbres polis exaltent les qualités respectives de ces matériaux à un degré inégalé. »
Grâce à son travail, nous sommes contraints à rompre avec toutes les idées artistiques établies depuis la renaissance. Il nous ouvre les portes d’un monde d’une liberté infinie. La liberté qui nous a tant manqué pour nous permettre une création puissante et totale. C’est beaucoup pour les petites épaules de Constantin.
Il ne ressemble pas à un oiseau, ses formes expriment l’esprit de l’oiseau, l’expression de l’oiseau. Ses lignes expriment l’envol de l’oiseau vers le ciel. Je n’affirme pas que c’est un oiseau, je dis qu’il suggère un Oiseau dans l’espace. […] Ce n’est pas un oiseau. En fait, ça n’a rien à voir avec un le titre, c’est seulement la sensation que ça procure.
Ici en bref
Du côté des critiques
Questions pratiques
Brancusi contre Etats-Unis
Arnaud Nebbache
Éditeur : Dargaud
Twitter : @EditionsDargaud Instagram : @dargaud
Parution : 6 janvier 2023
EAN : 9782205202342
Lecture : Mars 2023
Merci pour cette intéressante découverte. Bises bonne journée
Oui, une drôle d’histoire. Bonne soirée 🙂
Je ne connaissais pas cet épisode. Bonne journée
Et en plus, il a gagné ! Bonne fin de journée !
Moi aussi je suis tentée par cette bande dessinée sur cet artiste au caractère bien trempé. Bonne journée et bisous
Tout à fait 🙂
Je ne connaissais pas du tout cet épisode de l’histoire américaine et de l’art ! Merci pour la découverte de cette BD que j’emprunterais volontiers.
Oui, c’est un événement très particulier et Bracusi n’a pas voulu se laisser faire 🙂
Le sujet me plaît beaucoup ! J’ignorais qu’il y avait eu ce débat entre Brancusi et la ville de New York, ça doit être passionnant… Par contre, je ne lis pas tellement de BD…
Comme je l’ai dit plus haut, plusieurs essais ou même des articles sont parus pour rapporter cet événement qui a eu son importance. 🙂
Comme Anne tu piques ma curiosité !
🙂
Bonsoir,
Voilà une idée tentante même si je ne suis pas très BD mais ma curiosité est piquée, et tu réveilles l’envie d’aller voir où en est le Baiser de Montparnasse. Merci
Amicalement
Anne
Divers essais relatent aussi cet événement qui a fait grand bruit à l’époque! L’apport de la Bd c’est qu’Arnaud Nebbache fait parler Marcel Duchamp qui était chargé de chroniquer par des dessins ce procès et donc, ne donne que les interventions intéressantes. Car, la lecture des différentes interventions est longue et fastidieuse. De plus, le dessin auquel j’ai eu un peu de mal à m’y faire au début est époustouflant pour appréhender l’esprit de création de Brancusi 🙂