Jarred McGinnis – Le Lâche

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2022

Prix du premier roman étranger 2022

vagabondageautourdesoi.com - Jarred McGinnis -Imaginez un premier roman comme un uppercut, non pas contre un adversaire, juste contre soi-même, contre ce narrateur qui s’appelle comme son écrivain, Jarred McGinnis !

Le Lâche, avec ses majuscules doublées, raconte comment un fauteuil roulant redonne à son propriétaire l’envie de revivre, allégé des entraves de son passé, réconcilié avec lui-même à travers une relation de fils à son père apaisée.

Brins d’histoire

Après un accident de voiture, Jarred se réveille à l’hôpital insensible du bas de son corps et complètement esseulé. On lui annonce, abruptement, le décès de sa passagère. Ce n’est pas sa petite amie comme tout le monde le pense.

Mélissa était bien plus : la compagne de ses années d’adolescence et d’errance après la mort de sa mère. Son soutien, son soleil, sa rédemption ! Sans elle, la culpabilité en plus, c’est sa colère brute et froide qui le mine !

A la sortie de l’hôpital, sans logement et sans autonomie, il est contraint de retourner chez son père dont il s’est enfui dix ans plus tôt sans donner de nouvelle.

Le Lâche est l’histoire de ces lents moments de reconstruction d’un homme de vingt-six ans qui doit réapprendre à apprivoiser ses colères, ses peurs et ses souffrances. Mais ce roman raconte surtout la relation avec ce père qu’il a terriblement haï au point de se perdre lui-même dans des déviances et diverses addictions.

Petit à petit, au fur et à mesure que son père lui prouve sa fiabilité, son sevrage alcoolique notamment, il retrouve son admiration et son amour. En même temps il s’ouvre de nouveau au futur grâce à la présence particulière d’une femme serveuse dans le café de son refuge. Ne pensez pas que ce récit puisse être une romance, c’est un cri que l’on peut enfin entendre !

Alors…

Après le décès de la mère, de leur relation à trois, les deux hommes n’ont pas pu construire celle à deux. De rendez-vous manqués, de violences plus ou moins larvées, de cris non entendus, le fils est arrivé à la détestation de son père.

L’accident va redistribuer les cartes entre ses deux protagonistes, leur donnant une nouvelle chance de vivre ensemble de façon apaisée.

Jarred McGinnis propose un premier roman d’une remarquable intensité. Son récit fait de culpabilité, de destruction et de colère pourrait devenir inconsommable s’il n’y mettait pas dans son quotidien, dans ses dialogues et mêmes dans les scènes très imagées la dérision et l’humour nécessaires au recul et à l’analyse.

Pirouettes pour détourner la bêtise d’un regard ! Pirouette encore pour cacher sa déception de ne pas être autonome ! Jusqu’au moment, où elles ne suffisent plus pour affronter une réalité qu’il faut, à un moment ou à un autre, assumée pour pouvoir la dépasser.

Car, ici, ce n’est pas que la réalité du handicap physique que la narrateur doit surmonter. La souffrance du deuil de sa mère a réveillé des fragilités dont il n’avait pas connaissance. Les accepter fut un plus long combat que d’accepter de se déplacer en fauteuil roulant !

Et au contraire, sans ce fauteuil comme béquilles, le narrateur serait resté à jamais quelqu’un de « bordeline » ne cessant de se mettre en danger pour soulager la souffrance de sa dépression.

Alors, c’est peut-être sur ce point que réside la principale nouveauté de ce roman, c’est en plaçant le handicap physique, et l’image du fauteuil, au centre d’une guérison de l’âme. Le fauteuil roulant pour se stabiliser ! Le fauteuil roulant comme engin de vie !

Le Lâche est aussi le récit d’une société libérale qui oublie de protéger ceux qui en ont besoin. En plantant son décor au cœur de l’Amérique, Jarred McGinnis dénonce la santé payante, les boulots pour survivre et les avocats touts puissants.

Pour résumer,

Le Lâche raconte la lente reconstruction physique mais aussi psychique d’un jeune homme de vingt-six ans parti de chez lui depuis plus de dix ans. Jarred McGinnis manie un humour au vitriol pour ce récit parfaitement émouvant et bien écrit, très réussi. Pour un premier roman, Le Lâche s’impose comme un incontournable en cette rentrée littéraire  !

Remerciements

à Marie des @metallie pour #Lelache de @jarredMcGinnis

Puis quelques extraits

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 » L’erreur est humaine mais persévérer est con. »

Qui voudrait être un faire-valoir ou un personnage secondaire dans le récit de sa propre vie. ?

Le sale tour que l’alcool vous joue, c’est qu’il vous laisse ressentir la douleur, mais il ne la laisse pas vous pénétrer.

On a tous un sac de nœuds, plein de ratés et d’erreurs.

Les gens pleins de bonnes intentions qui vous poussent pour remonter une pente sans vous demander votre avis n’ont aucune idée de l’intrusion dans votre espace personnel que ça représente.

La plupart du temps nos vies se détraquent lentement, une suite d‘incidents et de décisions séparés par des laps de temps suffisamment longs pour qu’on s’habitue peu à peu à un monde qui tourne de moins en moins rond. Il y a des exceptions. Un instant donné, un repère précis qu’on peut revoir et se dire : c’est là que tout a commencé.

Suivant qui vous êtes, les handicapés vous apparaissent comme des mémentos mori, la bonne action de la journée à accomplir, un réceptacle pour votre pitié ou un motif de curiosité.

Le passé, c’est l’histoire qu’on se raconte pour supporter le présent.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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L’incipit
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Premier court extrait
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Dernier court extrait

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Jarred McGinnis – Le Lâche

Twitter : @JarredMcGinnis Instagram : @jarred.mcginnis

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marc Amfreville

Éditeur : Métaillié

Twitter : @metallie Instagram : @editionsmetaillie

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Parution : 19 août 2022

EAN : 9791022612142

Lecture : Septembre 2022

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18 commentaires

    • Celui-ci devrait arrivé vite, je pense dans les Médiathèques. Le Gaëlle Josse devrait te plaire …Hâte de lire ton avis ! Bon dimanche

  1. je l’ai beaucoup aimé aussi, la reconstruction de relation père-fils la manière dont la confiance se restaure avec tous les conflits à résoudre, sans tombé dans la romance ou le pathos, sur fond de handicap, culpabilité etc. Tout m’a plu !
    merci pour le lien 🙂

    • Ça c’est sûr ! J’espère qu’il te plaira. En tout cas, j’attends ta chronique 🙂

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