Alexandre Brasseur – Additionne !

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Dans Additionne ! Alexandre Brasseur, comédien et scénariste, raconte son parcours, sa carrière et les rencontres qui ont fondé ses engagements professionnels et personnels. Son visage jovial, sa gentillesse qui transparait dans son regard doux nous sont connus depuis qu’il a joué dans des séries télévisuelles renommées devenant le neveu de Maigret ou dernièrement Pépé dans le Bureau des Légendes. Mais, sa carrière s’est construite aussi autour du théâtre notamment dans la pièce La locandiera de Goldoni ou plus récemment, Les Funambules que j’aurais été curieuse de découvrir.

Alexandre Brasseur a souhaité citer Mathieu Souquière qui l’a aidé dans l’écriture de ce témoignage. Mais, comment ces deux-là on travaillé pour aboutir à ce récit, sensible, souvent émouvant, qui semble autant sincère ! Est-ce que Alexandre a raconté et Mathieu a retranscrit ? Est-ce que Mathieu a écouté et classé ce que Alexandre a relu et corrigé ? Qu’importe, car la narration, les mots et même les intonations collent parfaitement à l’image qu’Alexandre présente au public, altruiste, simple et accessible.

Porté un nom connu et reconnu depuis des générations, quel handicap, au vrai sens du terme ! Alexandre impose sa personnalité face à des monstres, capables même décédés, de capter l’attention des journalistes. Et pourtant, Pierre n’est pour lui qu’un grand-père découvert à travers ses films et interviews. Et, Claude, fantasque, joyeux, extraverti, s’est concentré presque trop sur sa carrière. Il leur faudra une tournée, la vieillesse de l’un, la maturité de l’autre, pour renouer une affection qui ne demandait qu’à s’exprimer.

Ainsi ces dynasties de chanteurs, de comédiens, etc sont étonnantes ! Dans la vie de tous les jours, les enfants font rarement le même métier que leurs parents, sauf lorsqu’ils héritent d’une charge, comme les notaires. Mais, par exemple, Charlotte et Ours chantent. Et Alexandre s’inscrit complétement dans les traces de ses ascendants.

Au lieu de penser qu’ils ont quelque chose en plus, à la lecture d’Additionne ! , il semble, au contraire, qu’ils ont quelque chose en moins, comme un manque, d’attention peut-être, tant le métier de ces pères les captive, ou encore d’écoute, difficile de passer après les dizaines et dizaines d’applaudissements que le public donne…

Car, lorsque Alexandre Brasseur raconte sa jeunesse, on la découvre indépendante et libre. Chouette pourrait dire l’adolescent qui ne rêve que de liberté et que ses parents l’oublient un peu ! Mais, lui, pour tenter d’exister aux yeux de cette parentèle si singulière, il rivalise dans le même domaine, pour, peut-être, tout simplement, être vu.

Additionne ! comporte plusieurs moments d’émotions fortes, comme lorsque qu’il décrit son père, sur « sa » scène, dans son presque théâtre, le Théâtre Saint-Antoine, venu remercier ce fils de l’avoir dépassé par son talent, son jeu d’acteur et sa présence.

Du côté des célébrités, la grand-mère d’Alexandre Brasseur tient une place singulière pour son apprentissage culturel. Cet héritage l’a ouvert à l’Art. Beaucoup de discrétion, appréciée, entoure les difficultés relationnelles de son père. Mais, sa personnalité devient limpide lorsqu’il raconte comment il a constaté la réduction de son espace intime dans l’appartement de cette artiste pour son bien-être !

D’autres personnes sont présentées ici qui ont, à un moment ou à un autre, permis à Alexandre Brasseur de grandir, de devenir cet homme ouvert et simple qu’il présente et de développer son talent, petit à petit, comme lui a dit un de ses maîtres « Additionne ! « .

Ainsi par ce récit, Alexandre Brasseur les remercie en devenant leur « passeur de mémoire ». Mais aussi leur prouve, et du coup à nous aussi, qu’il est prêt à prendre son envol délesté du poids de leurs mémoires. Et, ce fut pour moi un très bon moment de lecture. Je le recommande !

Remerciements

à Delphine de @editionsplon pour #Additionne! de @albrasseur

Puis quelques extraits

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Car la nostalgie n’occulte jamais le présent, n’entrave jamais la vie, qui coule comme une rivière, tantôt sage, tantôt sauvage, toujours vivace.

Qui peut rester insensible au charme raffiné et à l’avant-gardisme des impressionnistes qui marquent une rupture esthétique profonde et parviennent à le faire avec une force dénuée de brutalité ? Une vraie révolution, mais sans violence celle-ci, d’où la lumière jaillit, avec des jeux de couleurs et de perspectives jamais vus auparavant. Leur modernité est telle que, face au cadrage d’un tableau de Caillebotte, on se sent comme devant une photographie de Doisneau ou un plan de Kubrick.

Là où des photos auraient pu emprisonner le récit, dans une imagerie figée, être redondantes par rapport à mes propos, les oeuvres de cette artiste questionnent, ouvrent, dépassent mon propre récit. J’y voyais l’opportunité de stimuler l’imaginaire du lecteur en le rendant actif plutôt qu’en le cantonnant à une posture plus passive. Et aussi la volonté de mettre de la beauté dans tout cela.

Je suis en effet entré dans ce métier avec une vision datée, parfois anachronique de ce qu’il était. (…) Là où Pierre avait magistralement trouvé et imposé son style, je le singeais de façon grotesque, plaquant quelque chose qui n’avait rien à voir avec moi, devenant aussi artificiel qu’ampoulé.

Je n’avais en effet aucune raison de chercher, dans une vaine entreprise, à imiter un Brasseur, à jouer au Brasseur. Puisque j’en étais un moi- même…

De savoir dire l’essentiel, au moment essentiel.

Et encore

Lorsqu’ une page se tourne, je sais aborder la suite sans me laisser enfermer dans ce qui précède.
Si certains traînent quelques bagages un peu lestés de leur enfance, jai au contraire appris á composer positivement avec. Si la vie est un verre, le regard rétrospectif que je porte sur la mienne en général et sur ce que furent mes interactons avec mes parents, en particulier, pour moi ce verre n’ est pas à moitié vide. ll est incroyablement plein.

C’est d’ailleurs en cela que le théâtre est fondamental car il permet de tenir sur la durée, en jouant tous les soirs. Même dans une petite salle, même sur un projet qualifié de confidentiel, il entretient le lien avec le public et évite le décrochage fatal qui arrive lorsque l’on ne peut tout simplement plus exercer son métier.

Personne ne m’a évidemment jamais délaissé, mais un sentiment c’est si profondément développé en moi que cette place de fils a longtemps été une quête.

Pour la culture, l’Amérique a toujours constitué un horizon suprême : comme si ce pays dépourvu d’histoire longue et de mémoire forte avait compensé par une capacité à enfanter un imaginaire réalisant l’exploit d’enjamber toutes les frontière et tous les océans.

Pas de culture digne de ce nom sans diversité, sans mélange des genres, à l’image de ce qu’est une société, faite de goûts différents et d’aspirations contradictoires. Car la culture, c’est ce champ à part de la société, qui tout à la fois innove, transgresse, dérange même, et, par son avant-gardisme, fait progresser cette dernière. Mas c’est aussi ce qui sait par ailleurs fédérer, par des émotions collectives et des références communes, et donc s’inscrire dans une histoire que tout le monde aime sentir avoir en partage.

Jouer la comédie de père en fils ne saurait relever d’une lubie immature, cela ce construit et cela se mérite. La leçon était limpide.

Et encore, encore

Ce moment de nomadisme propre au « monde de la roulotte », c’est un shoot d’humanité.

Additionner, accumuler, s’imprégner, apprendre de tout, tout le temps, des autres, de soi-même, des événements, de l’imprévu, de ce qui l’est moins. C’est si vrai: ce métier est une addition permanente, jamais achevée. L’art dramatique pensé comme l’addition d’un homme – ou d’une femme, d’un texte, d’une technique. Une addition d’émotions, faite de toutes les séquences d’une vie, d’une maturité en construction.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un premier extrait
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Puis un second
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Puis le dernier
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Au Cri de la Tortue a construit un univers poétique pour ponctuer les chapitres.

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Alexandre Brasseur – Additionne !

Avec Mathieu Souquière

Twitter : @albrasseur Instagram : @albrasseur

Éditeur : Plon

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Parution : 5 mai 2022

EAN : 9782259306522

Lecture : Mai 2022

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11 commentaires

  1. Je t’avoue que je ne connais pas beaucoup cette famille de comédiens, mais j’apprécie les textes sensibles et j’aime beaucoup cette idée de passeur de mémoire…

    • Oui nous sommes tous des « passeurs de mémoire » de nos ascendants mais ici tout le monde les connaît …:)

  2. C’est une famille de comédiens que j’apprécie depuis toujours ! J’ai adoré son père Claude, très professionnel, quel que soit le rôle qu’il interprétait. Et Alexandre n’a pas failli lui non plus. Sa grand-mère Odette Joyeux était super aussi. Quelle belle famille de très bons comédiens ! Je lirai son livre avec plaisir. Bon week-end à toi Matatoune 🌞

    • Ce livre révèle cette famille si particulière et la carrièere d’ Alexandre digne héritier de ses ascendants de talent ! Bon we, aussi 🙂

    • Ce comédien est bien le digne héritier de son ascendance célèbre ! Et le livre le démontre !

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