Jean-Marie Crantelle – Polart

vagabondageautourdesoi.com Jean-Marie Crantelle Avec Polart, Jean-Marie Crantelle entraîne son lecteur dans un labyrinthe littéraire passant par les caractéristiques du roman noir avec son détective Jean-François Kornélius, plutôt has been, du roman d’amour avec la belle Clara hypnotisant de ses charmes tous les hommes qu’elle croise, mais aussi d’un documentaire sur l’Art, véritable personnage principal de cette histoire foutraque.

Jean-François Kornélius dit JFK est un détective à la « Jack Nicholson dans Chinatown », sorte de Gentleman se transformant en cambrioleur, manipulateur, menteur avec le seul objectif de reconquérir la belle Clara, mais aussi de purger ses dettes de jeu et de s’offrir une vie quatre étoiles !

Lorsque que Stanislas de Flognac propose à JFK trois missions liées entre elles, il hésite à peine. Pourtant ces missions concernent des chef-d’œuvre de l’histoire de l’Art, décimés dans toute l’Europe, qu’il faudra… voler ! Incroyable que le détective accepte un plan aussi foireux !

Fantasque mais érudite, Clara Behlmann, est co-commissaire du Kunsthistorisches Muséum à Vienne, comparée par JFK à une Kay Kendall. Elle est aussi une insoupçonnable faussaire doublée d’une femme indomptable, dont l’écrivain Stanislas de Flognac, ex de la DGSE, risque bien de tomber amoureux !

Vont suivre une série d’aventures toutes aussi fantasques les unes que les autres, qui sont autant de prétextes à parler d’Art, son histoire et plus précisément des autoportraits de Rembrandt à Vélasquez en passant par Caravage. Jean-Marie Crantelle affectionne la période du XV jusqu’au XIX siècle et fait savoir que l’Art du siècle dernier ne l’attire pas du tout. Il traite, entre autres, Picasso de « fameux fumiste » et même d »Arsouille de la peinture business ».

Ce texte est foisonnant. Même si, les détails des vols sont tellement peu plausibles que le lecteur laisse de côté leur faisabilité. Les intrigues secondaires souffrent de quelques longueurs. Mais, lorsque arrive les documentations extrêmement fouillées concernant l’aspect artistique, c’est savoureux d’analyses et de justesse.

En conclusion,

Stanislas est le double de l’écrivain comme il nous l’indique au dernier chapitre. Peut-être, pas la peine de le préciser. Comme le préambule qui indique au lecteur, comme une autorisation, d’utiliser un dictionnaire web réputé pour trouver les représentations des œuvres présentées. Ironie, dérision, naïveté ou prétention excessive. A choisir ! Moi j’opte, après la lecture, pour de l’autodérision.

Alors, avec Stanislas, Jean-Marie Crantelle espère écrire le « Grand » roman qui rencontrera un public de plus en plus nombreux. Là aussi, le ton de la dérision vient faire comme un clin d’œil au lecteur.

Polart est un roman touffu de Jean-marie Crantelle prétexte pour lui à s’interroger sur les autoportraits de l’histoire de l’art et d’y distiller ses réflexions et analyses tout en entrainant le lecteur dans un récit à la Arsène Lupin, improbable et majestueux à la fois !

Merci à Johanna des éditions l’harmattan

Puis quelques extraits

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En fait, la richesse du rêve me faisait regretter le calme plat du quotidien. Voyez-vous, je suis écrivain Monsieur Cornélius et à ce titre j’ai besoin de forcer la réalité à sortir de son lit, quitte à la prendre au dépourvu, à la bousculer, quitte à la violenter !

Pourquoi Hopper ? Parce qu’il a la modestie, la platitude à fleur de peau, disait-il. Parce qu’il offre à l’observateur une rêverie mélancolique dans un décor figé où fourmillent les possibles. Parce qu’il impose des cadrages insolites. Parce qu’il génère une perplexité créative, tant on se sent souvent comme exclu du tableau.

La frustration du voyeur déçu, voilà le génie d’Hopper !

Autre coup de foudre, Egon Shiele! Le briseur de tabous, le fan de l’autoportrait. Insoumis, rebelle, provocateur, Egon Shiele ira jusqu’à la case prison, en 1912, pour détournement de mineure ( non avéré), utilisation de modèles enfantins, représentation de couples lesbiens, outrage à l’Église catholique en peignant une bonne en habit religieux s’abandonnant à l’étreinte d’un cardinal revêtu de l’habit sacerdotal (  » Cardinal et nonne- caresse »)

Sans promotion, l’ouvrage attira quelques centaines de lecteurs. Le sujet à l’aube du vingt et unième siècle, était prémonitoire : un jeune homme entre dans le métro parisien à Nation, sous sa parka il dissimule une ceinture d’explosifs. Un chapitre par station, intensifiant le suspense d’une potentielle explosion. Un rail-movie pouvant se terminer à la station Étoile ou dans les étoiles ! Il avait trouvé malin d’intituler l’ouvrage  » Nation – Étoiles ». Dans la foulée, il avait récidivé avec un autre roman,  » Hildegard Dixit » , beaucoup plus autobiographique dont le prétexte était sa relation tonitruante avec une actrice autrichienne. (…) C’était drôle et plaisant et ça frôla le millier d’exemplaires. (…). La réalité l’encombrait mais il en avait besoin pour combler son déficit d’imagination. Et, au fond de sa conscience bouillonnante, avait germé l’idée de forcer la réalité à devenir romanesque.

En encore

Tant de voitures pour autant de cercueils qui trimballaient des morts-vivants.

Elle retrouvait son Caravage, exubérant ,voyou, charmeur, criminel, celui qui avait été empoisonné, celui qui allait chercher les mendiants pour en faire des modèles, celui qui avait transformé son Art en passeport pour l’éternité.

L’autoportrait nous projette dans le mystère de l’être aux prises avec lui-même et avec les voyeurs qui jaugeront l’être aux prises avec lui-même…ou passeront leur chemin, déçus par un manque de sincérité, de bravoure, de talent.

On était monté d’un cran dans le délire, la mégalomanie, dans l’extravagance.

Je veux que mes désirs l’emportent sur la réalité. Je veux que l’Art soit plus fort que la bêtise humaine.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

 

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Premier extrait
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Puis, un second
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Et, le dernier !

Questions pratiques

Jean-Marie Crantelle – Polart

Twitter : @CrantelleJm

Éditeur : L’Harmattan

Twitter :  @HarmattanParis Instagram : @editions.harmattan

Facebook : @Editions.Harmattan

Parution : 16 novembre 2021

EAN : 9782343246338

Lecture : Décembre 2021

Littérature contemporaine

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Chroniques littéraires

20 commentaires

    • Très juste ! Et alors, ne trouvez-vous pas que le personnage qui s’en sort très bien est la belle et fameuse Clara ?

  1. Bonjour Matatoune, je te souhaite un joyeux Noël et de belles fêtes de fin d’année et je tiens à te remercier de tous tes gentils messages. Mes voeux les meilleurs 🙂

    • Merci Denise! Espères que tes fêtes seront joyeuses pour toi et les êtres que tu chéris 🙂

  2. ce polar m’a l’air très original donc tentant…
    Joyeux Noël 😉
    j’espère que mon commentaire est passé, cela fait plusieurs fois que j’essaie …

    • Oui, ton commentaire s’affiche ! Oui, j’ai passé un bon moment à retrouver tous ces chef-d’œuvre magnifiques !

    • Belles fêtes aussi pour vous-même et ceux qui vous sont chers. Et, Merci pour votre fidélité!

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