Joséphine Baker

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Joséphine Baker, femme de paillettes et de combats

À travers ce destin, la France distingue une personnalité exceptionnelle, Joséphine Baker, née américaine, ayant choisi, au nom du combat qu’elle mena toute sa vie pour la liberté et l’émancipation, la France éternelle des Lumières universelles. Palais de l’Élysée

Pour apporter ma modeste contribution en ce jour de panthéonisation, voici une petite autobiographie très orientée, très sélective, absolument pas complète de la grande dame qu’était Joséphine Baker (1906- 1975) !

Ambition de l’enfance

A Saint-Louis dans le Missouri, Joséphine Freda McDonald nait dans une famille d’artistes. Lors de ses 1 an, les parents se séparent. Sa mère se remet en ménage et Joséphine devient l’aîné de quatre enfants. Seulement, la famille vit dans la misère.La ségrégation imprègne de ses griffes tout. Le beau-père ne travaille pas mais fait travailler son petit monde.

Et dès 8 ans, Joséphine est placée comme domestique dans une famille. Après son travail, elle dort dans la cave avec le chien. Il est probable qu’elle y subit des sévices et peut-être d’abus sexuel.

On m’a appris à croire que j’étais inférieure. 

Dès 13 ans, elle est mariée. Mais le mariage ne tient pas. Pour ne plus avoir froid, elle se met à apprendre à danser. Elle reprend les pas de La danse des jambes en caoutchouc bien connus aux États-Unis par les danseurs de jazz des années vingt. A force de travail, sa danse semble aisée et naturelle.

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Émeutes à l’Est de Saint Louis

En 1917, une importante émeute raciale éclate à Saint Louis : trente neuf noirs furent tués et plusieurs milliers laissés sans abri. Joséphine n’oubliera jamais ce jour-là.

La vie de la famille s’améliore un peu. Elle intègre à 13/14 ans tout d’abord en tant que costumière puis danseuse le Black Vaudeville qui se produit dans les rues et les cours, sorte de comédie musicale pour les noirs par les noirs.

Elle incarne la « Funny girl », celle qui se trompe de pas dans l’harmonie du ballet, celle qui roule des yeux alors que les autres sourient.

Puis, elle se marie à un certain Baker qui lui donne son nom de scène.

A 15ans, en 1921, elle arrive à Broadway après s’être produit à Philadelphie. Sa carrière est lancée.

A 19 ans, on lui propose la Revue Nègre à Paris.

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La revue nègre

Première star de la communication

Dé l’objet de fantasmes sexuels qu’elle incarne dans la Revue nègre, Joséphine Baker va passer au statut d’artiste à part entière grâce au compagnonnage d’un homme.

Son mariage avec Pepito Abattino va bouleverser sa carrière. Son mari devient son manager, son coach et son mentor. En deux ans, il organise toute sa vie de meneuse de revue loin du scandale des débuts.

 

  • Les produits dérivés

Joséphine Baker joue à fond la représentation de la sauvage, naïve mais hypersexualisée. Ainsi elle se fait accompagner de son Léopard dans les rues de Paris… Mais, en plus, ils inventent la marque « Joséphine Baker ». Toute les femmes sont folles de sa façon de plaquer ses cheveux. Tout le monde parle de sa peau.

  • Le manque pour provoquer la demande

Lorsqu’elle se produit trop longtemps France, ils organisent une tournée de revue sophistiquée à Prague ou à Vienne. A contrario, elle diffuse ses spectacles des Folies Bergères en province et se fait absente de Paris.

  • Diffusion de la marque

Abattino ouvre un restaurant où le Tout Paris se presse. Elle joue dans la Sirènes des Tropiques en 1927. C’est la première artiste noire à l’affiche. Elle joue avec jean Gabin. Le sculpteur Calder lui fabrique sa silhouette filiforme. Elle rencontre tous les artistes de la période : Picasso, Hemingway et tant d’autres. Mais, l’idée géniale qui lui permettra de rester au sommet, elle décide de chanter. Elle enregistrera pendant cinquante ans.

Utopie avec sa tribu Arc-en-ciel

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Joséphine Baker (1906-1975) et Jo Bouillon (1908-1984) au domaine des Milandes avec leurs enfants (France). En 1956.

Néanmoins, la seconde guerre mondiale l’amène vers la résistance. De la Croix de Lorraine en or offerte par De Gaulle après à la Croix de la légion d’honneur, Joséphine Baker acquiert une légitimité et même la reconnaissance de la nation française, bien sûr, mais aussi de tous les alliés, y compris les États-Unis.

Nouvelle période, nouveau mari et c’est Jo Douillon qui décroche la dame le 4 juillet 1947. C’est certainement un contrat qui les lie aussi tous les deux. Lui sort de la guerre avec une ombre de collabo qui plus est homosexuel. Elle a besoin d’un homme peu encombrant et surtout dévoué. Elle ne cache pas non plus sa bisexualité.

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Leur mariage

Sa nouvelle revue Lucrèce Borgia devient hyper respectable avec ses tableaux historiques qui font référence à la culture universelle.

Seulement, Joséphine Baker n’a rien de pragmatique. Elle vit dans un monde de spectacle loin du quotidien pesant des autres femmes. Elle achète son château des Milandes. C’est Jo qui s’occupe des constructions, des réparations, de toute l’intendance. Joséphine fait rentrer l’argent.

Alors, elle décide de mettre en pratique ses valeurs. Ils ne peuvent avoir d’enfants. A la faveur d’une tournée au Japon, elle ramène un enfant comme on ramène un souvenir ! Son postulat est de montrer qu’on peut vivre ensemble même si on est différent. Puis, elle en ramène un autre…Et, ainsi de suite ! Ils seront douze …

Au départ, Jo est ravi ! Puis, lorsque le nombre augmente, il n’en peut plus. Pourtant il restera son mari jusqu’à la majorité de ses douze enfants venus du bout du monde.

Belle idée, complétement naïve et peu adaptée à la réalité ! Pourtant, lorsqu’elle était présente, elle était aimante.

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Josephine Baker with her International family of children 1964,Image: 503899005, License: Rights-managed, Restrictions: , Model Release: no, Photo by STARSTOCK/Photoshot / Avalon | 777594_008

Marche pour les droits civiques

Lettre de Joséphine Baker à Martin Luther King : « Je suis de tout mon cœur et de toute mon âme avec vous. »

Après le scandale du dîner du Stork Club, où Joséphine se heurte avec brutalité à la ségrégation et au maccarthisme de l’époque, elle reste marquée par l’affront qu’elle y a subi.

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Alors, lorsqu’elle se présente le 28 août 1963 à la Marche des Droits Civiques de Washington, seule femme noire au côté de Martin Luther King, elle se présente avec son uniforme des armées et ses décorations pour faire la première aprtie de son célèbre discours.

Cette photo est très émouvante. Elle rassemble en un cliché son combat. Considérée au début comme une Vénus noire, sauvage et inférieure, elle s’est affirmée respectable et honorée.

Au Panthéon

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Son parcours évidemment devient aujourd’hui très politique. Dans une France où le parfum des vieux démons titillent de nouveau, la figure de Joséphine Baker rassemble unanimement.

Joséphine rejoint cinq autres femmes : Marceline Berthelot, car son mari ne voulait pas être séparé d’elle, Marie Curie, l’immigrée polonaise naturalisée devenue découvreuse, Germaine Tillon et Geneviève De Gaulle-Anthonioz, honorée pour leur bravoure et leur résistance et la toute dernière Simone Veil.

On avait pensé à Gisèle Halimi ou Françoise Giroud. D’autres à Camille Claudel ou alors Louise Michel, Lucie Aubrac ou même Olympe de Gouges. Non, c’est la prudence dans cette année pré-électorale qui a prévalu … Dommage pour les autres ! Chouette pour Joséphine !

Sources

Palais de l’Elysée

Des mots et des Arts

HOMMAGES EN VRAC

BRIC A BRAC DE CULTURE

22 commentaires

  1. Une grande dame, très courageuse. Elle méritait le Panthéon ! J’ai vu son château il y a quelques années, mais il n’était pas visitable.

    • Oui, une personnalité hors norme et tellement engagée pour les valeurs auxquelles elle ne transigeait rien !

    • Oui un destin à l’américaine d’une self-woman sauf que c’est la France qui lu a offert son tremplin ! Sacré nana 🙂

  2. Je ne la connaissais que de nom avant de visiter son château des Milandes en Dordogne devenu un musée qui retrace sa vie de façon très émouvante. Elle a fait preuve d’un tel courage tout au long de sa vie ! Une très belle personne!!! 🌹

    • J’irais avec plaisir visiter ce château qui parait-il rend bien compte de ses combats 🙂

    • Oui, moi je me souviens lorsque elle était en galère avec son château. Cette femme seule qui revendiquait un toit pour sa famille m’avait bcp émue.

  3. Il était temps de lui rendre hommage quand même, Joséphine c’est beaucoup plus que « j’ai deux amours »…
    tant pis si c’est une « manœuvre politique dans un contexte de campagne électorale » j’applaudis 🙂
    il fallait avoir beaucoup de courage pour adopter 12 enfants (pour nous trois ce ne fut déjà pas simple!!!) donc Admiration 🙂

    • Oui bien évidemment ses valeurs sont celles qu’on voudraient être portées par tous et partout 🙂

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