Cédric Sire – La saignée

Rentrée littéraire 2021

vagabondageautourdesoi.com Cédric Sire Surtout ne pas penser que le titre La Saignée de Cédric Sire ne raconte qu’un pâle polar juste légèrement sanglant. La violence y est omniprésente. Elle casse les codes de nos représentations. C’est terrible et pourtant, je vous l’assure, ça finit plutôt bien ! Ça aurait pu être pire !

Ici, les flics ont des failles plus ou moins profondes et leurs comportements y sont aliénés au point de ne plus savoir qui fait bien ou non ! Les personnages qui sont au cœur de cet étau qui ne cesse de se refermer, irrémédiablement, vont placer le lecteur dans des abîmes de réflexions.  Car le bien ne triomphe pas forcément du mal, chez tous les personnages de Cédric Sire !

Elle est sympathique cette Estel Rochand, ex gardien de la paix, convertit en agent de sécurité. Actuellement, elle protège un patron de boîte de nuit, trempant dans à peu près tous les trafics, proxénètes peut-être, dealer surement. Elle a quitté la police après une bavure. Au cours d’une interpellation, elle tue la victime !

Toujours borderline, elle est soutenue par des séances de thérapie. Mais elle soigne son stress post-traumatique à coups de baston. Ex-championne de boxe, elle entretient toujours son corps affuté et fuselé comme un arc tendu prêt à tuer. Elle s’enfonce dans la violence au point de se désocialiser et de friser la folie ! Et, personne ne semble arriver à la retenir !

Quentin Falconnier est un flic spécialisé en cybercriminalité et en systèmes de traitement des données. Vrai geek, il est affecté comme jeune investigateur au sein de la BRB. Lorsqu’enfin il craque les clefs USB d’un toxico convertit au trafic d’armes, il découvre la « Red Room », au cœur du dark web.

D’habitude, il poursuit les internautes qui mettent en ligne des images de décapitation de Daech, d’accidents de la route trash ou des vidéos d’autopsie.  Ici, pour 50 000 euros soit 5 Bitcoins, l’heureux élu est au cœur d’une pièce de crime qui existait déjà dans les films des années 80. Ici, La Saignée est une torture interactive sur internet avec participation directe des heureux acheteurs. Mais, le bourreau semble être une louve au corps d’acier !

Cédric Sire installe son univers lentement avec sous-jacente une violence qui monte inexorablement. Car, comme on s’habitue au anti-dépresseur, les premiers shoot de bastons ne suffisent plus à Estel Rochand. Il lui faut gagner jusqu’à presque tuer !

Glaçant, dérangeant avec son sadisme poussé à l’extrême, La Saignée accompagne la découverte d’aspects du diable qu’on souhaite qu’il n’existe jamais. Des traits psychologiques sont distillés au fil des pages pour donner épaisseur aux personnages mais surtout renforcer leur ambivalence jusqu’à ce que le lecteur ne puisse plus s’y repérer. C’est insoutenable. L’overdose n’est pas loin. Tous les sens sont sollicités. Son odeur, son goût dans la bouche, le sang se répand partout. La souffrance aussi !

Même si j’ai tendance, souvent, à occulter la violence, avec La Saignée, je n’ai pas pu me protéger ! Pourtant, je suis arrivée au bout et la fin m’a réconciliée avec son auteur ! Ouf ! Bravo Cédric Sire !

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Remerciements @EditionsFayard et @NetGalleyFrance pour #LaSaignée de @SireCedric

Puis quelques extraits

cite-56a4b9b45f9b58b7d0d8877bFalconnier arrachait le masque numérique, révélant le vrai visage du monstre.

Une fois en chasse, plus jamais personne ne le ferait abandonner .

Pour la jeune femme, les vrais ennuis commençaient. Il allait y avoir l’enquête interne. Le rejet de tous. L’inévitable sanction. Le casier judiciaire, probablement, qui l’écarterait de tout emploi dans la fonction publique. Par-dessus tout, elle priait pour ne pas passer par la case prison. Elle ne savait que trop bien comment on traitait les flics de l’autre côté des barreaux. Pourtant, c’était sorti tout de suite, sans qu’elle y réfléchisse, du ton automatique, détaché, avec lequel elle s’exprimait la plupart du temps.
– Je m’appelle Estel Rochand. Je dois vous voir parce que j’ai tué quelqu’un…

Une femme dans ce milieu, ce n’était déjà pas commun. Mais une femme qui savait se battre comme elle, c’était encore plus rare. Elle avait intégré une agence décente. Elle avait gravi les échelons. Vite. À coups de poing. Comme toujours.
Dans ce domaine, au moins, elle connaissait sa valeur.
Pour tout le reste, cela ne servait à rien de se raconter des histoires. Elle était sur le point de craquer, de se fissurer de l’intérieur sous sa façade de pierre impénétrable.

On ne lui avait assigné qu’une mission de merde. Mais c’est la définition d’un placard, non ? On y enterre pour ne plus vous voir. On attend que la dépression vous. pousse dehors.

Aussi loin qu’elle puisse se remémorer, elle avait toujours craint le jugement des autres, tout autant qu’elle avait redouté leur abandon. A l’adolescence, on l’avait diagnostiqué dyslexique. Anxiété de performance. La moindre mémorisation lui demandait de tels efforts qu’elle lui semblait relever du miracle. Elle serait bien incapable de l’avouer à ses collègues aujourd’hui, mais c’était la véritable raison de ses manies. Tout noter, classer, archiver était pour elle la seule façon de s’approprier le monde dans lequel elle évoluait.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un premier extrait
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Puis un second
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Puis un dernier

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Cédric Sire – La saignée

Éditeur : Fayard

Twitter : @EditionsFayard   Instagram : @editionsfayard

Site de l’écrivain

Parution : 29 septembre 2021

EAN : 9782213721088

Lecture : Octobre 2021

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24 commentaires

    • Pour moi, c’est ma limite d’acceptation de la violence. Plus, je déclare forfait 🙂

      • Je me souviens d’un livre de Claire Favan qui m’avais plus que troublé. Même chose pour Mathias Köping qui donne dans l’hyperviolence. Je préfère Jérôme Loubry qui est davantage dans le versant psychologique. Belle journée Matatoune 🙂🌞

    • J’espère que tu ne seras pas choquée par la noirceur du propos et les descriptions un peu rudes des bastons 🙂

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