Franck Thilliez – 1991

En racontant les débuts de son « Requin » au 36 quai des Orfèvres, Franck Thilliez plonge dans l’année 1991 pour décrire une police dont les investigations sont révolues mais qui flirtent toujours avec la loi et les procédures pour arriver à connaître la vérité et arrêter les assassins.

Quelques mots du début de l’histoire

Ce 10 décembre 1992, Philippe Vasquez rentre de son boulot, harassé par la musique, la foule et les lumières. Sa seule envie, se mettre devant  » La dernière séance « !  Mais une lettre et un livre vont bouleverser sa soirée…

Pourtant, ça commençait bien ! Car, la lettre lui vantait des qualités auxquelles il ne croyait plus. Mais, en demandant de penser à un prénom féminin, la lettre le renvoie à la page 122 du livre Les fleurs du mal de Baudelaire envoyé avec, où est écrit le prénom auquel il a pensé !

Divination ? Transmission de pensées ? Hasard ?

Puis, pour le convaincre définitivement, l’expéditeur l’invite à aller chercher une seconde enveloppe dans le Marais. Dans celle-ci, il y a une photographie, en noir et blanc, qu’il lâche instinctivement dès qu’il découvre l’horreur : Une femme allongée, attachée sur un lit et sa tête cachée par un sac. Derrière la photo, une adresse …

Au 36, c’est le jeune inspecteur Franck Sharko qui reçoit l’homme paniqué. Encore » bleu-bite » , le numéro 6 de l’équipe du chef de groupe Thierry Brossard, dit Titi, doit faire sa place dans une équipe fatiguée qui n’a pu résoudre « l’Affaire des disparues du Sud parisien », qui les a tenu en haleine depuis presque cinq ans. Celle-ci est considérée comme le premier « crime à répétition »!

A noter que dans cette équipe, Florence Ferriaux, la numéro 5, est toute menue et mignonne avec ses cheveux bruns toujours coiffés en queue de cheval. Seule femme mais surtout première a intégré une équipe du 36. Son surnom est « Pitbull » !

Heureusement, Sharko doit à sa fiancé, travaillant encore dans le nord, des instants de chaleur et de tendresse, échangés régulièrement par fax ou à la cabine téléphonique du coin.

Car, cette enquête est éprouvante pour toute l’équipe. Mais, pas seulement ! La peur, et même la terreur, qui retient le lecteur tout au long du roman, est tout aussi intense  !

Pour aller plus loin

Confronté son jeune Sharko à des vieux briscards du 36 permet à Franck Thilliez de décrire les conditions de travail de la Police qu frise une maltraitance institutionnelle consentie. Aucune journée de repos ou de soirée, car l’enquête est toujours prioritaire sur tout, et surtout sur la vie privée. Du coup, les liens avec les collègues se renforcent au point de ressembler à ceux d’une famille et remplacer ceux du privé.

Car, Franck Thilliez montre parfaitement le décalage entre les horreurs rencontrées et l’impossibilité de partager son ressenti, ni avec son entourage, ni même avec ses collègues. Car, partager l’impact de l’horreur serait consentir à reconnaître la supériorité de l’assassin qu’on voudrait anéantir.

Du coup, chacun cherche à lutter contre la noirceur du monde et l’enfer. Car la vie normale, c’est-à-dire la femme, ou le mari,et les enfants, ne peuvent suffire à créer un cocon qui préserve. Et, le lecteur les admire même dans leurs dérives qui leur fait brûler leurs vies même dans des addictions diverses.

Alors pourquoi les flics restent-ils flics ? Selon Franck Thilliez, c’est certainement pour le shoot d’adrénaline pur que chaque policier ressent lorsque l’enquête bouge après avoir avancé à petits pas pendant longtemps et qu’ils peuvent jouer à la vie à la mort avec le suspect !

Mais, ce qui fait qu’un polar est très réussi, c’est la façon dont il intègre les problèmes que la société contemporaine rencontre. Et, 1991, n’y déroge pas. Mais, impossible d’aller plus loin sans révéler quoique ce soit !

En résumé

Parfaitement réussi, 1991 donne à Franck Thilliez la possibilité de présenter les débuts de Sharko au 36 avec une enquête aux rebondissements qui va l’amener dans le monde de la magie, du vaudou et des troubles diverses.

Évidemment, le lecteur est encore son otage et ne choisit ni l’horreur, ni le chaos dans lequel il est émergé. Mais, ce qui est sûr, c’est qu’il présente rapidement le syndrome de Stockholm et attendra, fébrilement et en manque, l’année d’après pour renouer avec le Boss du thriller français !

Ici, une précédente chronique

Sharko

Puis quelques extraits

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Aujourd’hui, ils en plaisantaient, les gaillards de la PJ.mais derrière les sourires, une moisissure invisible grandissait, se ramifiait, insidieuse, et finissait toujours par fendre les carapaces les plus solides. La plupart des hommes qui arpentaient ce bâtiment étaient des écorchés vifs.

Dès qu’il y a un soupçon d’intelligence dans la tête d’un criminel, ça complique les choses.

Derrière chaque meurtre, il y a un homme ou une femme qui a franchi une frontière.

Désormais, pourtant, même la lumière la plus vive, les ors les plus purs ne pourraient dissiper les ténèbres qui, à jamais, emprisonneraient les deux habitants du pavillon. Il n’existait pas de recette, pas de formule magique pour les soustraire à leur souffrance.

Un parcours aussi classique que sinistre, comme si leur malheur n’était pas assez grand. Le pris à payer pour espérer, un jour, accéder à la vérité.

: ils vibraient à l’unisson pour de tels moments de chasse. De l’adrénaline pure, en intraveineuse, qui les maintenaient en vie.

Il fallait fouiller ce chaos, explorer, s’attendre à voir apparaître la mort entre les débris.

Une fois dehors, il se tourna vers le bâtiment et eut un pincement au coeur. Il comprit que cet endroit où il avait fourré les pieds,le36, quai des Orfèvres, n’était pas qu’un lieu de prestige.
C’était une arène sanglante
La fosse aux lions.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

vagabondageautourdesoi.com
La première page
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Le second extrait
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Puis le dernier

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La Voix du Nord

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Franck Thilliez – 1991

Éditeur : Fleuve éditions

Twitter : @Fleuve_Editions  et Instagram : @fleuve_editions

Parution : 6 mai 2021

EAN : 9782956119364

Lecture : Mai 2021

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25 commentaires

    • Non, pas du tout ! Les polars de Thilliez peuvent se lire tout à fait séparément. Et, ici c’est le début de son commissaire fétiche. Donc, bonne lecture !

  1. Je n’ai pas encore eu le temps de découvrir cet auteur par manque de temps. Ce livre donne très envie de s’y plonger en tout cas. Pourquoi les journées n’ont-elles que 24 heures ? Bon week end

  2. retenu bien sûr et plutôt deux fois qu’une, j’aime bien Thilliez et Sharko alors faire sa connaissance à ses débuts c’est trop tentant….

      • je suis une fan de Thilliez ses livres m’ont presque tous plu
        Par contre je suis en peu en retard: « Sharko » et le « Manuscrit inachevé » sont encore dans ma PAL « il était deux fois aussi
        j’ai un faible pour Sharlo donc il faudrait que je fasse « une cure » cela aiderait ma PAL ) s’alléger 🙂

    • Il devrait arriver très vite car il sera demandé par de nombreux lecteurs ! Bonne soirée !

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