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Mathieu Menegaux – Femmes en colère

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Court et incisif, le nouveau roman Femmes en colère de Mathieu Menegaux saisit le lecteur tant il renverse par sa narration ciselée d’un procès d’une femme pour avoir décidé de se faire justice elle-même.

Quelques mots de l’histoire

Une femme attend, dans la cellule des accusés, la décision de la cour lors de son procès, seule avec un papier et un stylo pour écrire son ressenti qu’elle livre au fur et à mesure que l’attente se fait plus longue. C’est l’occasion pour elle de repasser les interventions de chacun, les preuves exposées et de nous faire part de ses impressions.

L’avocat général a demandé vingt ans de réclusion. Son père, pour éveiller sa rapidité au calcul mental, l’obligeait, petite, aux conversions. Sept mille trois cent jours. Cent soixante-quinze mille heures. Stop !.

Mathilde Collignon, née à Rouen le 2 octobre 1985, est divorcée et mère de deux petites filles de neuf et six ans. Elle exerce la profession de médecin gynécologue. Elle aime vivre sa sexualité de façon libre en profitant des applications qui permettent des rencontres, sans engagement affectif.

Mathilde est privée de liberté depuis trois ans. C’est le 25 juin 2020 au Palais de Justice de la cour d’assise de Rennes. Deux victimes, Jérôme Guichot et Benoit Riol, sont assises sur le banc de la partie civile.

Pour aller plus loin

Acte de barbarie ou non, le suspens se prolonge tout au long du récit de Mathieu Menegaux Ce qui est sûr c’est que Mathilde savait qu’elle ne pourrait attendre de la justice qu’elle fasse convenablement son travail. Elle connait les chiffres. Cent viols pour une condamnation et uniquement 20% des victimes portent plainte. Alors, dans ses conditions, en femme connaissant la procédure, elle a choisi délibérément un autre chemin…

Mathieu Menegaux décrit aussi le décorum sans vie des délibérations où les impressions des jurés sont réinterprétées par l’aisance d’un président et de ses accesseurs attachés au prisme du droit. Ce huit-clos où rien ne doit être transmis semble être un théâtre de dupes. Ainsi, ceux qui savent essayent d’influencer ceux qui doivent rendre justice.

Après #MeToo, Mathieu Menegaux développe tous les aspects de l’inégalité qui sévit encore lorsqu’il s’agit de violences faites aux femmes. Il détaille aussi avec beaucoup de précisions cet arbitraire des réseaux sociaux et des médias continus qui privilégient l’immédiateté à la réflexion.

Mais le pire, c’est que je me suis interrogée tout au long de la lecture pour savoir si une femme aurait pu écrire une telle histoire. Bien sûr, sans aucun doute ! Mais comment les lecteurs auraient – ils accueilli ce récit ? Aurait-on qualifié son auteure d’hystérique ? Aurait-on crié à l’apologie de la vengeance ? Aurait-on compris qu’il s’agissait de dénoncer les inégalités encore incontournables ? …

Pour résumer

Mathieu Menegaux expose dans Femmes en colère les rouages d’une institution policière ainsi que judiciaire incapables d’assurer l’égalité de traitement entre les genres. Comme à son habitude, son récit est glaçant, efficace et documenté. Le suspens se charge de happer le lecteur jusqu’au twist final. Encore un roman très réussi !

vagabondageautourdesoi.comRemerciements

à @NetgalleyFrance et @EditionsGrasset pour #Femmes en colère par @MatMenegaux

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Puis quelques extraits

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À tous ces gens qui enragent de se retrouver coincés dans une petite vie étriquée entre leur boulot et leur pavillon, à tous ceux qui croient justifier de se plaindre, j’aimerais crier combien ils devraient se sentir privilégiés, et les inciter à jouir du simple fait de pouvoir respirer sans être scrutés, observés, surveillés dans les moindres faits et gestes.

Comme les homosexuels jadis, qu’il fallait soigner ou exorciser, les femmes qui avouent aimer le sexe relèvent de la pathologie. Je ne connais pas d’équivalent à  » nymphomane » pour un homme.

Nous devons être capable de faire abstraction de l’émotion pour vivre en société.

Comme à l’école pour le prix de camaraderie, chacun inscrit son vite sur le bulletin en prenant garde que ses voisins ne puissent lire ce qu’il écrit.

La démocratie, c’est bien commode dès lors que le petit peuple vote tout bien comme les élites lui ont indiqué qu’il convenait, n’est-ce pas ? Mais si le résultat n’est pas dans la ligne, c’est que le peuple n’a pas compris, que le pouvoir n’a pas suffisamment de pédagogie et il convient pour les dominants de trouver d’urgence une entourloupe pour enfumer le peuple.

Dès lors la seule façon pour l’agresseur de vivre en paix avec ce qu’il vient de faire est d’agir comme s’il ne s’était rien passé, comme si l’autre était consentante, d’ailleurs elle l’était et hop, on oublie. Sauf que pour la femme violée, la marque au fer rouge ne disparaît jamais, la peur s’installe et la vie se délite.

Je crois que je n’en pouvais plus de me dire que toujours ils demeureraient impunis, intouchables, tout ça parce qu’ils sont dotés d’un pénis et d’une paire de testicules.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un extrait
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Puis un autre
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Puis le dernier

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Mathieu Menegaux – Femmes en colère

Éditeur : Grasset

Twitter : @EditionsGrasset et Instagram :  @editionsgrasset

Parution : 3 mars 2021

EAN : 9782246826866

Lecture : Avril 2021

Littérature contemporaine

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20 commentaires

    • Là encore, Mathieu Menegaux est un auteur que j’aime découvrir. A l’écriture efficace, il enchaîne les sujets de société par des angles qui me conviennent assez bien 🙂

    • La couverture est très réussie. Elle percute comme cet auteur qui poursuit son analyse de la société actuelle ! Bonne continuation

    • Ah oui, c’est sûr mais ça avance ! Dans certains pays du globe, ce n’est pas le cas et rien n’est jamais acquis définitivement ! Bonne soirée

  1. Belle chronique et tu as raison quel aurait été l’impact, comment aurait été reçu cet écrit si l’auteur en avait été une femme… bonne question !

    • C’est un auteur sûr qui va droit au but. Son écriture a l’efficacité du roman policier qu’il manie parfaitement. Curieuse de savoir s’il te plaira … Bon dimanche

  2. belle chronique ! il est dans ma liste après avoir hésité car le sujet est tellement d’actualité, je me suis décidée… et NetGalley me l’a accordé malgré une liste qui grandit …

    • Je n’aurai pu passer à côté et suis ravie de l’avoir lu. Je serais ravie de lire ta chronique plus tard !

    • Sujet certes un peu plombant mais le talent de l’auteur est là pour emmener son lecteur avec brio ! Bonne journée aussi

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