Michèle Pedinielli – La patience de l’immortelle

vagabondageautourdesoi.com Prix spécial du Jury du Prix de L’Évêché

Avec La patience de l’immortelle, Michèle Pedinielli abandonne la tribu d’amis et le quartier du Vieux Nice habituel de Ghjulia Boccanera, sa détective, pour la transporter sur un meurtre dans l’île de Beauté.

Quelques mots de l’histoire

Letizia Paoli est une journaliste à France 3 de 26 ans, reconnue pour son professionnalisme et son charisme. Elle est aussi la nièce de Joseph Santucci, l’ex de Boccanera, commandant de police à Marseille. Lorsqu’on retrouve son corps, une balle dans la nuque, carbonisé dans le coffre d’une voiture, la stupéfaction et la douleur inonde la famille. Car le mode opératoire interroge : C’est un « barbecue marseillais » selon Jo et la police locale !

Dans l’impossibilité de pouvoir enquêter lui-même, Jo demande à Boccanera de trouver l’auteur de cet assassinat qui fait penser clairement à un règlement de compte.

Le blog de Letizia contient-il une partie de la réponse ? Car la journaliste avait l’habitude d’y consigner ses diverses investigations. Ou est-ce un assassinat pour se venger d’un drame familial, mais lequel ? Lorsque le mari de Letizia, jean-Noël,  disparait à son tour, le mystère s’épaissit. Même si la gendarmerie locale souhaite avoir les coudées franches, la détective, malgré ses liens avec la famille, ne peut qu’essayer de trouver des indices..

Vient compléter cette présentation, trois portraits féminins. Celui d’Antoinelle, la sœur de Jo, qui malgré le décès de François, son mari, a continué à apporter à Letizia toute la bienveillance dont elle avait besoin pour grandir au mieux. Puis, il y a Diane, la meilleure amie d’Antoinelle, venue avec son fils s’installer dans sa maison à la mort du mari, capable d’être la cerbère détestée par Diou. Et, il y a la plus jeune, Marie Stella, deux ans et demi, fille de Letizia et de Jean-Noël, qu’il faut protéger et continuer à aimer malgré le drame.

Pour aller plus loin

Non seulement, Boccanera retrouve une famille qu’elle a connue et appréciée lors de sa vie commune avec son compagnon mais elle retrouve aussi des racines qu’elle avait tenté d’oublier. L’enquête se mène en solitaire dans des décors magnifiques, rudesse et isolement semblant en être le leitmotiv. Car c’est une terre de cœur que décrit ici Michèle Pedinielli.

La détective peut compter uniquement sur un vieil autochtone, plutôt un sage, connaissant tous les secrets du coin, et un milan qui la suit dans ses différentes investigations.

Boccanera est complétement atypique. Où trouve-t-on une détective femme capable de résoudre une enquête difficile mieux que la police ? Car elle va trouver la vérité !  Moins « barré » que dans le précédent polar, elle gagne en épaisseur. Ses idées sont tout aussi engagées. Mais elle semble moins révoltée, plus chaleureuse, surtout lors des échanges avec Marie-Stella.

Mais ce qui fait la force de ce personnage, c’est sa capacité à penser au delà des représentations et des a-priori. C’est là sa vraie liberté, son champ des possibles très personnel, qui en fait un personnage de fiction inhabituel.

Il faut noter que cette liberté se retrouve aussi dans les autres personnages féminins, Antoinelle et Diane. Les femmes de Michèle Pedinielli sont capables de se dépasser et d’assumer, contre vents et marées, leurs responsabilités.

Habituées à agir seules, elles affichent leur force, comme d’autres leur séduction, droites et têtes hautes. De plus, il s’agit, ici, de redonner fierté à celle qui fut bafouée.

La proximité avec le lecteur s’établit avec le tutoiement qui revient de loin en loin comme par hasard. Du coup, l’impression de devenir le confident de Boccanera, et peut-être de Michèle Pedinielli, s’installe comme un lien amical. Ça renforce le plaisir de la lecture ! Et, puis il y a l’humour, très présent, comme une dérision du quotidien.

Évidemment (mais là il faut rester discret), il s’agit, comme dans toutes ses enquêtes, de dénoncer l’appât du pouvoir et de l’argent qui ne respecte rien, surtout pas l’humain !

Et pour finir

Pour La patience de l’immortelle, Michèle Pedinielli offre son « enquête corse » où les trafics, tricheries et influences gangrènent son île, magnifique, encore sauvage au patrimoine naturel séculier. Avec sa détective, elle propose un polar singulier aux personnages féminins libres et attachants. A recommander !

D’autres ici

Après les chiens – Michèle Pedinielli

Nice – Boccanera  – Michèle Pedinielli dans la série Une ville : Un flic de polar 

Puis quelques extraits

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Pour m’émouvoir, il faut donc passer par la puissance de l’écrivain et par la fidélité de son traducteur. Avec moi, la nature a besoin de filtres littéraires.

La Corse l’hiver, c’est tellement particulier. D’abord il n’y a presque personne, enfin personne du continent. Et oui le maquis oublié qu’il est méditerranéen et offre un imaginaire d’Irlande : du vert, de la brume et de l’humidité.

Pour moi c’est ça le miracle : l’intelligence d’un humain qui a imaginé cet assemblage et la précision de ses gestes qui ont donné corps à la pensée.

Je vais devoir les remettre à leur place. Une place au milieu d’une famille, d’une terre, d’une réalité sociale. Mais finalement, c’est mon boulot.

Si je choisis cette direction, je risque d’y perdre l’armure que je me suis forgée.

Je ne sais pas si je suis assez adulte pour supporter ses larmes.

Le monde est lourd comme une putain de croix à porter juste pour pouvoir vivre dans une vallée de larmes.

Avec la dématérialisation, on fait des affaires avec des fantômes.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Le premier extrait
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Puis un second
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Enfin, le dernier

Du côté des Critiques

Le Monde

D’autres blogs en parlent

Pour finir

Questions pratiques

Michèle  Pedinielli – La patience de l’immortelle

Éditeur : L’aube

Twitter :  @EditionsdelAube   et Instagram : @editions_de_laube

Parution : 18 mars 2021

EAN : 9782815942218

Lecture : Avril 2021

Romans policiers

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Chroniques littéraires

15 commentaires

  1. je note, j’ai des envies de polars en ce moment 🙂 et je ne connais pas l’auteure…
    Un petit voyage en Corse en plein confinement cela devrait faire du bien 🙂

    • Oh, j’y ai reconnu ces villages excentrés au fin fond de la montagne dans un paysage magnifique. En tout ça, pour moi ça m’a comblée !

    • Oui c’est un romans policiers qui en plus dépeint des personnages féminins forts . Bonne soirée

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