Découvrir le passé de sa mère alors qu’elle est déjà atteinte de la maladie d’Alzheimer c’est le sujet du dernier roman de Philippe Amar, Les trois vies de Suzana Baker.
Présentation
Vendredi 3 mai 2018, Laureen Moore reçoit ses résultats du test ADN offert par sa fille pour ses 50 ans. Pourquoi une telle démarche ? Comme ça pour rire et pour identifier des cousins génétiques . Mais en fait, il n’y a pas de hasard. Car son résultat va mener la tranquille professeur d’histoire contemporaine sur les pas de ses ancêtres au cœur de l’Europe de l’est mais aussi dans différentes villes de France.
Dans sa maison victorienne de la fin du XIXè siècle située près de Boston, La maison Bleue, Laureen Moore réunie la famille pour fêter l’anniversaire des 89 ans de Suzana, sa mère, pendant un week-end. Elle est divorcée, mais Olivier, son ex, journaliste au Globe, est présent. Leur fille Emily ne manquerait pour rien au monde cet événement. Tess, sa meilleure amie, est là aussi avec son mari, médecin dans l’hôpital le plus réputé de la ville.
Jeudi 11 juillet 1940, Esther attend son mari avec sa fille sur le port de Marseille.
Le mardi 13 mai 1941, une autre histoire commence, celle de Frida.
Philippe Amar entremêle ces trois histoires pour permettre à son héroïne, Laureen, de se déconstruire par rapport à un passé fait de mensonges et de se recentrer autour de la recherche de ses origines. L’occasion pour l’auteur de raconter à hauteur d’enfants les persécutions anti-sémites, les rafles, les déportations en cours en France pendant la seconde guerre mondiale.
De plus, imbriquer trois histoires permet de mettre à distance et d’être lucide pour l’analyse de cette politique de destruction massive dont la communauté juive a été victime. Mais, Les trois vies de Suzana Baker permet aussi à Philippe Amar de rendre un hommage aux nombreux “justes” qui par leurs contributions ont permis de sauver de nombreux enfants.
Les recherches de Laureen mettent en tension les autres chapitres en décrivant une enquête généalogique dans toute l’Europe. Un roman que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir malgré le sujet sombre qu’il évoque.
Remerciements à @Netgalleyfrance et @EditionsFayard #LestroisviesdeSuzanaBake @philippeamar1
Puis quelques extraits
Sa maladie avait fait un hold-up sur sa mémoire, mais ne lui volerait jamais son allure et sa belle gestuelle.
Nous, les Américains, étions tous des enfants et petits- enfants d’immigrants, nos origines étaient brassées depuis plusieurs générations, néanmoins le résultat de cette recherche génétique m’apparaissait absolument extravagant.
Et comme je relisais les conclusions du test, le néant s’empara de mon cerveau : je ne me reconnaissais plus. Un peu comme si j’avais vécu cinquante ans dans le corps d’une autre.
C’était le sentiment légitime d’une enfant, incapable de comprendre pourquoi les juifs avaient cédé aussi facilement à toutes les interdictions et obligations auxquelles on les soumettait.
Hannah connaissait le prix d’un Juif. Dans les cinq mille francs de l’époque.
A cet instant, j’avais envie de me sentir un peu juive. Je compris que c’était par culpabilité quand le train ralentit et que le panneau Krakow apparut. La culpabilité de ne pas avoir souffert. De ne jamais avoir été traitée de “sale juive”. Personne ne m’avait jamais traité de sale chrétienne.
Puis d’autres
Des noms sans dépouille. Sans stèle. Consigné, compactés dans un immense registre Comme dans les pages d’un cahier de comptabilité.
Malgré le poids du mensonge, j’avais compris. Ma mère ne m’avait pas menti. Elle avait voulu me protéger. M’épargner l’hérédité de ses traumatismes.Avec le courage de l’abnégation. Le courage de s’oublier.
Je devenais à cause de ce test imbécile porteuse de la mémoire d’une rescapée. Porteuse de l’horreur de l’horreur de cette période damnée. Porteuse de traumatismes que ma mère avait réussi à ne pas me transmettre.
Et comme je relisais les conclusions du test, le néant s’empara de mon cerveau : je ne me reconnaissais plus. Un peu comme si j’avais vécu cinquante ans dans le corps d’une autre.
Ici en bref


Du côté des Critiques
D’autres blogs en parlent
Pour finir
Questions pratiques
Philippe Amar – Les trois vies de Suzana Baker
Éditeur : Mazarine Fayard
Twitter @EditionsFayard :et Instagram : @mazarine_editions
Parution : 17 mars 2021
EAN : 9782863748657
Lecture : Mars 2021
Bonjour Matatoune. Ce livre devrait me plaire aussi et je note son titre. J’ignorais qu’un test ADN pouvait donner autant d’informations. Bonne journée
Oui, mais ils sont encore interdits en France même si les sites de généalogie anglo-saxon en vante les avantages
Merci Mata pour cette belle idée de lecture. Bises
Ce fut un livre qui m’a bcp plu, en effet !
3 histoires imbriquées qui ne perdent pas le lecteur, on dirait.
Non pas du tout ! Tb, vraiment !
ta chronique me donne vraiment envie de le lire!
j’aime beaucoup les extraits et le thème bien sûr… Je n’avais pas osé le demander sur NetGalley vu mon retard mais je vais tenter quand même 🙂
J’avoue ne pas trop aimer lire cette période de l’histoire. Mais là généalogie et histoire presque contemporaine, ça m’a bcp plu !
ma demande a été acceptée, il n’y a plus qu’à trouver le temps 🙂
Ah j’attends ton avis avec impatience! Très bien !
J’aime beaucoup les extraits et le thème de la mémoire et de la seconde guerre mondiale me semble très intéressant ! Je note !
J’aurais le plaisir de lire ton avis alors !
Tu me donnes très envie de découvrir ce livre qui devrait beaucoup me plaire, je le note.Bonne soirée
Ah; j’ai bien aimé !