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Anne Boquel – Le berger

RENTRÉE LITTÉRAIRE JANVIER 2021

Présentation

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Pour son premier roman, et non son premier livre, Anne Boquel propose avec Le Berger une description de la destruction psychologique, physique et sociale d’une victime d’une secte et de ses gourous.

Anne Boquel raconte l’histoire de Lucie, jeune femme insérée socialement qui se consacre à son travail de conservatrice pour un petit musée de l’Oise consacrés aux arts religieux. Certes ce musée aux ambitions limitées ne reçoit que peu de visiteurs et aucune subvention.

Seulement dès les premières lignes, tous les ingrédients semblent présents :  Trop grande exigence des parents, dévalorisation récurrente de leur part, insatisfaction permanente, manque de confiance, solitude, etc.

Mal aimée, mal regardée, Lucie se dévalorise psychologiquement et physiquement constamment. Anne Boquel la présente comme « Timide, vulnérable et sans attraits.

Du coup, Lucie devient addict à un regard, à une attention et plus encore … Mariette, son amie, lui ouvre les portes d’une communauté qui s’appelle « La Fraternité » avec un Berger, Thierry, au charisme puissant.

L’habileté d’Anne Boquel est de montrer le système qui entoure le milieu sectaire. Bien sûr, il faut un gourou, mais celui-ci ne serait rien sans une organisation réglée au millimètre pour prendre et garder dans ses filets les personnes vulnérables. Ce réseau est parfaitement décrit ici.

Du coup, la lecture est éprouvante mais parfaitement nécessaire. Car, il faut garder en mémoire que le système sectaire décrit dans ce roman est transposable aussi aux groupes de radicalisation religieux divers. Et, Lucie ne veut et ne peut entendre aucune critique extérieure pour lui ouvrir les yeux.

Un premier roman très personnel, certainement, mais réussi tant l’emprise y est parfaitement décrite !

Remerciements

Merci @Babelio pour sa Masse critique et @EditionsduSeuil pour #LeBerger par #AnneBoquel

Puis quelques extraits

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Le caractère répétitif, presque hypnotique du discours délivré par le Berger le rendait très simple à saisir.

Ici, , les choses se disaient, simplement, naïvement peut-être, mais dépouillés de cette gangue d’amour-propre qui pourrissait tout.

Il y avait longtemps, longtemps qu’on ne l’avait plus regardée comme une personne digne d’intérêt.

Là- bas, il y avait toujours des choses qu’on ne disait pas, tout simplement parce qu’on ne pouvait pas les dire : elles vous dépassaient.

Un peu de bon sens psychologique suffisait. Savoir quoi dire au bon moment pour ne fâcher personne : elle maîtrisait cet art à la perfection. Et ses fiancés successifs l’avaient quittée satisfaits, vaguement désolés de laisser en plan une fille aussi conciliante.

Ce qui lui restait d’instinct de conservation l’avait poussée à préserver la seule chose qui lui restait intacte : sa soumission absolue aux volontés de Thierry.

Le caractère répétitif, presque hynoptique du discours délivré par le Berger le rendait très simple à saisir.

Elle croyait en cet homme, qui l’avait délivrée du doute et lui avait montré la voie de l’apaisement.

Ces relations chaleureuses, si pleines de cordialité, ces corps si proches, et faciles à étreindre au cours de chaque cérémonie de culte, tout ce qui l’avait émue à son arrivée dans la Fraternité, et jusqu’à ces caresses discrètes dont le Berger la gratifiait aux moments les plus imprevibles, trouvaient leur résolution dans ses nuits de plaisir où les petits frères et les petites sœurs retrouvaient le rythme sacré de la nature.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Extrait
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Puis un autre
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Un autre extrait

Critiques

 

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Anne Boquel – Le berger

Éditeur : Seuil

Parution : 4 février 2021

EAN : 9782021459654

Lecture : Janvier 2021

Chroniques littéraires

22 commentaires

  1. ce livre m’a donné beaucoup de mal j’ai failli laisser tomber plusieurs fois mais persévéré…
    L’emprise est bien abordé, l’écriture est belle mais chirurgicale, et je n’ai pas réussi à éprouver de l’empathie pour Lucie…
    Sois ce n’était pas le moment, soit il n’était simplement pas pour moi 🙂 et pourtant je m’intéresse aux sectes et à leur emprise depuis longtemps 🙂

    • J’ai aimé cette froideur « chirurgicale » car ainsi, sans prendre parti, elle oblige son lecteur à se positionner devant cette emprise et lorsqu’enfin, Lucie se réveille un peu … Du coup, j’ai enfin pu un peu respirer …
      Comme quoi les réactions sont différentes et heureusement …

      • c’est sûr qu’on est obligé de réagir avec son propre vécu ou expérience chez moi: colère et envie de secouer tout le monde 🙂
        ces sectes font tellement de dégâts dans les famille chez les enfants aussi et le pire c’est qu’aucune religion n’échappe à ce fléau dans ce siècle où l’on se cherche 🙂

  2. Je partage totalement ton ressenti sur ce très joli roman sur l’emprise psychique d’une secte sur une adepte. Elle démêle les mécanismes de lavage de cerveau avec talent. J’ai partagé mon ressenti également sur le blog. Bel après midi à toi 🙂

  3. Bonjour Matatoune, merci pour ce beau billet et je vais voir avec mon mari si ce livre l’intéresse. Il lit beaucoup.
    Je te souhaite un tout bon début de février avec mes amitiés.

    • Oui et magnifiquement traité ! Maintenant, pourquoi cette auteure a souhaité parler de ce sujet si particulier pour son premier roman …?

  4. J’en ai lu pas mal sur ce sujet et tous sont bouleversants et cruels en quelque sorte, pourtant il faut parler des ravages que font ces gourous. Il me plairait bien nul doute. Bisous

    • Oui. Néanmoins en France et en 2019, le gouvernement a supprimé la mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires… ce qui m’a fait, évidemment, bondir !

  5. Le réseau est effectivement bien décrit et hiérarchisé. Je vous rejoins pour la description de l’emprise bien décrite, sensible et incroyable. Merci pour le lien vers le blog !

  6. Le phénomène sectaire est très intéressant sur le plan psychologique. Je crois que personne n’est à l’abri de ce genre d’embrigadement, car nous avons tous nos fragilités…

    • Oui, c’est vrai que nous avons tous nos fragilités. Seulement, il faut une grande solitude et une grande dévalorisation de soi pour être aussi influençable.
      On comprend que des adolescents qui se cherchent soient des proies faciles à cet endoctrinement.
      Néanmoins, l’héroïne d’Anne Boquel ne se laisse pas si facilement prendre dans ce réseau. Mais, le groupe sectaire y arrive quand mème!

    • L’endoctrinement est très bien décrit ainsi que la vulnérabilité de ceux qui y succombent !

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