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Yasmina Reza – Serge

Rentrée littéraire Janvier 2021

Présentation

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Serge est présent depuis le début dans tous les romans, et même les pièces, de Yasmina Reza. L’auteure donne une réalité fictionnelle à son ami de littérature qui a contribué à son succès.

Jean raconte sa famille, la famille Popper, au moment où les enfants se retrouvent orphelins de leurs deux parents juste après le décès de leur père.

Jean décrit leur vie d’après et notamment celle de son frère ainé Serge, héros flambeur de son enfance mais qui se révèle malade d’anxiété et de peurs. Dans sa narration, il associe aussi sa sœur cadette, Anne dite Nana, au destin si dissemblable de ses frères qui a accompagné sa mère jusqu’à la fin.

Cherchant à renforcer les liens avec leurs ancêtres, les frères et la sœur accompagnés de la fille de Serge vont entreprendre un voyage de mémoire au camp d’Auschwitz.

Par ce roman, Yasmina Reza plonge dans le microcosme d’une famille, en décrivant les liens qui existent autant avec les parents qu’avec les frères et sœurs, époux et épouses et enfants.

En relatant le quotidien, les bassesses et les moments d’amour partagé, l’auteure interroge sur ce qu’est une famille et sur les attaches que le temps a forgé. Yasmina Reza n’occulte pas les tiraillements qui se cristallisent dès l’enfance pour empiéter dans le présent et le déstabiliser. Cette mémoire vécue et partagée est celle pour laquelle Yasmina Reza trouve une nécessité à observer, à dire, à raconter.

Car Yasmina Reza dénonce aussi ce devoir de mémoire qui inonde nos vies. Selon l’auteure, le souvenir, la commémoration, la visite de lieux mémoriaux n’évitent absolument pas la reconduction des atrocités qu’ils sont censés dénoncer. Ainsi, elle décrit parfaitement le décalage entre les réactions des personnages et l’objectif de souvenirs que ces lieux veulent susciter. L’ironie, l’humour viennent combler souvent les interstices du quotidien qui ne s’ajuste pas à l’attente de chacun.

Pour résumer

Drôle par le récit des travers de chacun.  Réussite de la description de cette cruauté filiale, universelle dans toutes les familles. Récits succulents de ces petits arrangements avec la réalité créer pour garantir le souvenir doux et tendre. Tendresse racontée, malgré tout, qui permettent aux liens de se ressouder à nouveau.

Ce roman est une balade dans une famille au moment où des enfants, même âgés, prennent le temps de se retourner sur leur passé et d’essayer de construire un avenir, privé des parents qui les réunissaient. Mélancolie, sarcasme et  souvent cocasserie, cette fiction se déguste comme un bonbon acidulé multi-gout.

Puis quelques extraits 

cite-56a4b9b45f9b58b7d0d8877bJoséphine est maquilleuse et se sur-maquille. Quand elle fait la gueule, sa bouche devient un piment amer. 

On ne jure pas sur la tête de sa propre fille si ce n’est pas vrai. Il faudrait s’interroger sur l’incessante crédulité des femmes. Depuis la nuit des temps les hommes disent n’importe quoi. Les hommes n’ont pas de morale du verbe. Les mots ne pèsent rien. A peine prononcés ils s’envolent telles des bulles et éclatent doucement dans l’air. Qui s’en soucie ? Si un problème surgit on corrige avec d’autres mots qui s’envoleront également, et ainsi de suite.

Une image suffit pour faire tenir un homme entier.

Ça me paraît dingue qu’une juive se fasse incinérer.
– Elle le voulait
– L’idée d’être cramée avec ce que sa famille a vécu, c’est dingue.

Jusqu’où peut-on se fier à ses abattements ? Quand on s’intéresse à ce qui se passe dans la boîte crânienne, à tous ses embranchements, interconnexions de neurones et de synapses, il n’est pas absurde d’attribuer certains états d’âme à des combinaisons purement électrochimiques.

Aucun endroit où sa poussière aurait fait corps avec la terre.

Mais c’était notre famille, ils étaient morts parce que juifs, ils avaient connu le sort funeste d’un peuple dont nous portions l’héritage et dans un monde ivre du mot mémoire il paraissait déshonorable de s’en laver les mains.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Sur la mémoire
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Un extrait
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Autre extrait

Critiques

France Inter Le Masque et la Plume  Les Échos 

D’autres blogs en parlent

Librairie DiderotMouchtounelle  – Cluny 63

En conclusion

Yasmina Reza – Serge

Éditeur : Flammarion

Parution : 6 janvier 2021

EAN : 9782080235930

Lecture : Janvier 2021

Chroniques littéraires

16 commentaires

    • J’attends ton avis, alors ! Bon, tu avais raison… La fondation Pinault n’ouvrira pas …tout de suite. J’ai perdu mon pari 🙂

  1. je n’ai lu aucun de ses livres, mais celui-ci me tente, c’est un mes thèmes de prédilection 🙂
    cela me permettra de faire connaissance 🙂

    • Son roman est réussi. Par le passé, la lecture de certains de ses romans m’avait laissée moins enthousiaste. Mais, son humour à froid y est pour beaucoup !

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