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Nicolas Rodier – Sale bourge

RENTRÉE LITTÉRAIRE 2020

  • Présentation

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Pour son premier roman, Sale bourge, Nicolas Rodier choisit de décrire la montée de la violence chez un homme devenu agresseur conjugal après avoir subi des maltraitances. Quatre mois de sursis résument le combat de sa vie !

Le nom de famille du narrateur n’apparait qu’après le pardon de sa mère. Pierre raconte son enfance et son adolescence à subir la violence de sa famille et à combattre sa propre agressivité.

Ce roman démontre parfaitement le fossé qui existe entre la figure sociale et l’intime familial. En mettant de côté les stéréotypes habituels, Nicolas Rodier ancre son récit dans la haute bourgeoisie versaillaise. Ce corps social est montré se recroquevillant sur des critères d’un autre âge. En refusant tous changements et en s’arcboutant sur des croyances obsolètes, cette classe sociale reproduit des schémas voués à l’échec. Malgré tout, un équilibre précaire pourrait s’établir.

Mais, l’équilibre est bâti sur des secrets ! La famille choisit de cacher l’accumulation de faits répréhensibles et d’autres devant appeler réprobations. Du coup, la folie habite une mère maltraitante ! Et parce-que Pierre ne peut totalement s’affranchir ni de cette femme, ni de cette famille et ni de ces silences, la violence vient exprimer ce qui ne peut se dire.

Son récit est d’une justesse rare. Les chapitres sont courts, comme la rage contenue. De plus, Nicolas Rodier raconte les faits, rien que des faits, montrant l’accumulation des sévices dont sont coupables tous les adultes de cette famille.

Magnifique premier roman, Nicolas Rodier démontre sa maîtrise et la justesse de sa narration pour happer son lecteur dans un récit  aux accents de sincérité. A recommander !

  • Extraits

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Il reproche cette situation à ma mère : il lui dit qu’elle a été trop sévère avec moi, avec nous, que tout ça, c’est à cause d’elle, à cause de ses problèmes psychologiques.

Un silence s’installe. Il ajoute, tourmenté :  » Il y a un tel écart entre nos principes et nos comportements ».

Une minute après, je lui demande pardon. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je suis confus et terrifié.

Tout semble m’asphyxier, la moindre foule, la moindre situation où je me sens enfermé, dans les ascenseurs, les magasins.

Je lui confie certains soirs que je n’ai plus la sensation d’être moi et que ma douleur est immense depuis la rentrée mais je ne suis pas pourquoi.

Dans l’ascenseur, je songe à ma mère, à son changement progressif, à cette nouvelle forme de bienveillance et d’effacement- comme si c’était mon père désormais qui avais pris le relais, débordé, effrayé, après tant d’années d’absences, par ce qu’il a contribué à engendrer.

Je me sens offensé d’être rabaissé au rang de malade. Je refuse.

Et souvent, en repensant à l’état dans lequel j’étais sous l’emprise de l’angoisse, je me dis que j’aurais dû rester dans le rang, que j’ai été beaucoup trop prétentieux, que c’était une hérésie, une illusion. Nous n’avons pas tous les mêmes capacités de nous affranchir du passé et de choisir notre vie.

Il y a une épaisseur dans la pièce, une électricité, quelque chose qui peut dérailler…cette gueule de bois infinie, dans les yeux de chacun, qui percute les murs. C’est l’heure de la descente. Chacun doit prendre ses médicaments. Ma gorge se serre.

  • D’autres citations

Je me dis que tout, ici, est fait pour médicaliser les choses, pour les rendre plus appréciables et contrôlables. Il faut croire à sa maladie, pour espérer un traitement.

La famille est un mot d’ordre, quelque chose qui s’impose à nous.

L’assaut est immédiat. C’est incontrôlable. Je me sens amputé de tout attrait de séduction. Mon sang bouillonne. Je suis castré. J’ai peur de ma réaction. Je remets mon manteau et quitte l’appartement.

Prendre les gens qu’on aime dans les bras lorsqu’ils en ont besoin, est-ce un signe de soumission ?Qu’est ce que je risque si je la console ?

J’ai envie d’écraser quelque chose, de rabaisser le monde, de le mettre au niveau de l’estime que je me porte présentement, à savoir le mépris le plus total.

De retour sur l’avenue de Flandres, je me dis qu’à force de s’accuser d’une charge qui ne nous appartient pas, on finit par créer les conditions de son enfermement.

 » Alors, quand on souffre, soit on est dans le rejet, soit on s’attache à ce qui nous est le plus accessible, à ce qu’on nous a inculqué. Et parfois, on reste entre les deux. »

  • Brèves

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

 

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  •  Critiques

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  • En conclusion

Nicolas Rodier  – Sale bourge

Éditeur : Flammarion

Parution :18 août 2020

EAN : 9782081511514

Lecture : Octobre 2020

Littérature générale

 

20 commentaires

    • C’est facile car il n’y a pas de pathos. Ce sont des faits signalés mais bien évidemment le sujet est difficile. Bonne soirée Renée

  1. Coucou! Je reviens après quelques mois d’absence. Comment vas-tu depuis ?
    Un sujet très fort, qu’il est plus que nécessaire d’aborder !
    Je t’embrasse !

    • Merci à vous de passer sur ce blog. Je suis ravie que cela vous plaise. Très bonne soirée Évelyne.

  2. Très sincère et juste, c’est vrai, mais la plume reste excessivement épurée cela dit. Un message fort mais pas un coup de cœur pour ma part…

    • Deux angles sont intéressants : le milieu social et la maltraitance de la part d’une femme. On va attendre le second …

    • Oui, sujet difficile avec une maltraitance pratiquée par une mère et le point de vue de l’agresseur qui tente d’échapper à un certain déterminisme.

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