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Carole Fives – Térébenthine

Rentrée Littéraire 2020

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Couverture

« Térébenthine » est le surnom donné aux étudiants apprenti – peintres.  De plus, dans les années 2000, plus personne n’utilise la peinture pour peindre ! Et Luc, Lucile et la narratrice font partie des derniers attachés à cette technique. Alors lorsqu’ils font connaissance sur les bancs de l’école des Beaux-Arts de Lille pour leurs trois ans d’étude, ils comprennent que le chemin sera long vers leur existence d’artiste  et encore plus vers leur reconnaissance.

Un récit sur la création

À travers son expérience, Carole Fives bâtit son récit autour de sa narratrice qui avec la mise à distance du tutoiement raconte les relations entre les groupes d’étudiants selon leur technique utilisée, la nature du marché d’art contemporain, les difficultés de la création, les désappointements de l’isolement et le manque de soutien.

Mais, Térébenthine » décrit aussi les méthodes d’enseignement dans cette école du second millénaire qui continue à enseigner l’histoire de l’art contemporain en ne présentant que des artistes masculins alors que les étudiants sont féminines à plus de 75 %. C’est une palette d’artistes féminines que nous présente Carole Fives de Nikki de Saint Phalle qui utilise une carabine pour « tuer la peinture » jusqu’à Annette Messager et ses « pensionnaires » et « Les enfants aux yeux rayés »en passant par Miss Tic et Agnès Marti.

Néanmoins, le récit devient savoureux lorsqu’il décrit les professeurs. Le pauvre Urius déroule son laïus de cours en cours avec ses diapos préparées certainement depuis des lustres et son discours su sans jamais l’avoir appris. Et la palme revient à Véra Mornay, prédatrice es art contemporain, sans succès personnel qui tyrannise ceux qui pourraient en avoir. Et, nettement moins drôle : un professeur oublie son statut d’enseignant pour son contentement personnel.

Pour conclure

De son style alerte et léger, Carole Fives bâtit un roman qui se dévore. En exergue de ce court roman, la phrase suivante : La liberté ne nous est pas donnée, il faut la prendre. Et la narratrice décrit son cheminement et celui de ses amis qui vont prendre la liberté de réinterpréter ou de détourner les images qui inondent notre monde. La narratrice s’éloigne de la peinture pour trouver les mots, comme son auteure.

« Térébenthine » de Carole Fives est un court roman, certainement plus autobiographique que les autres, mais qui reprend les thèmes habituels de l’auteure avec ce plus ici sur les affres de la création artistique. De monologue à la seconde personne en dialogues, un roman très agréable à découvrir !

Puis quelques extraits

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L’urgence de devenir sujet.

Tu penses à cette phrase de Picasso, la peinture n’est pas faite pour décorer les appartements. C’est un instrument de guerre offensive contre l’ennemi.

Mais tu as beau répéter aux professeurs, toujours aussi déconcertés par ta pratique picturale, que si tu peine c’est parce que tu ne sais pas t’exprimer autrement, Ils réclament du discours, de l’écrit, du sens.

Le discours compte plus que l’objet, voire le remplace. Sinon c’est de l’art brut! L’art des fous, des enfants à la limite.

Tu réponds d’une voix blanche :  » Si je commence à écrire, vous comprenez, ce n’est pas un mémoire de troisième année que je vais rendre. Si j’écris, ce sera plus un mémoire, ce sera, ce sera …un roman.  »

De la rue, tu observes les petites vitrines, s’ouvrant sur des espaces vides, immaculés, le fameux White Cube de l’art contemporain. Neutralité absolu du lieu afin de mettre en valeur les oeuvres. Un laboratoire propre, aseptisé. Il y a des photos, des vidéos, trois branches peintes reliées à un seau rempli d’eau, une accumulation de bottes en caoutchouc, une sculpture en Lego.
Pas de peinture.

Le circuit court ne semble pas être la voie privilégiée par le milieu de l’art contemporain, au moins es-tu au courant. Dans la majorité des galeries où tu oses entrer, ta présence semble être d’une telle incongruité que tu n’auras pas jusqu’au bout de la liste, découragée.

Tu peines avec les idées, les phrases, les silences.

Ici en bref

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Carole Fives  – Térébenthine

Éditeur : Gallimard

Parution : 13 août 2020

EAN : 9782072869808

Lecture : Septembre 2020

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Chroniques littéraires

14 commentaires

    • Merci beaucoup! C’est très gentil ! A mon tour, je mets le lien de ta chronique sur ma page !

    • Bonsoir, oui je crois qu’en ce moment, nos livres en attente sont trop nombreux ! Bonne fin de journée

  1. J’ai lu plusieurs bonnes chroniques de ce livre, merci de ta présentation. Peu de chance toutefois que je le lise un jour vu la hauteur de ma pal et ma préférence pour les mauvais genres.

    • Tu vas être satisfaite par le nombre de bons romans « mauvais genres » , du moins certainement, vu les bons auteurs qui font paraître leurs derniers bébés pour octobre

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