@vagabondageautourdesoi

Gerda Taro

Gerda Taro (1910 -1937)

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Première journaliste femme à couvrir une guerre, Gerda Taro fut complétement éclipsé par Robert Capa. Militante antifasciste, elle fut contrainte de quitter Allemagne avec la montée de l’hitlérisme.

En 1936, elle obtient sa carte de presse. Avec Capa, ils couvent la guerre d’Espagne du côté des républicains. Le 25 juillet 1937, sautant sur un camion, elle est blessée par un char républicain. Elle décède le lendemain dans un hôpital de Madrid.

Plusieurs milliers de personnes assistèrent à son enterrement, le 1er août 1937 au cimetière du Père-Lachaise, qui fut l’occasion d’une manifestation anti-fasciste. Pablo Neruda et Louis Aragon firent son éloge funèbre. Aucune de ces dernières photos ont été retrouvées.

Éloge funèbre

Elle ne savait sans doute pas, au moment où elle prend le nom de Gerda Taro dans un éclat de rire, au moment où elle abandonne Gerta Pohorylle alors qu’elle l’a été pendant vint-cinq ans, que ce n’est pas derrière ce pseudonyme qu’elle disparaitra bientôt mais derrière celui d’un autre : Robert Capa. Ce nom-là aussi, c’est elle qui l’a inventé, cette fois pour l’homme qu’elle aime et qui s’appelait Endre Ernö Friedmann quand elle l’a rencontré. Elle n’est plus, désormais, une juive allemande qui a fui Hitler, il n’est plus un juif hongrois chassé par le régime de Horthy: ils  ont tous les deux les homonymes approximatifs de célébrités hollywoodiennes et ils espèrent que les journaux, attirés par les nouvelles sonorités séduisantes de leurs noms, se décideront enfin à leur donner du travail. Ce sera le cas en 1936 et ce sera l’Espagne, pendant onze mois, jusqu’au  25 juillet 1937.

Si on avait demandé à Gerda , à ce moment-là, au moment de son départ pour le front espagnol, si ça lui posait un problème d’arriver toujours en seconde position, d’être « la femme de » ou le membre des Beatles dont personne ne se souvient, elle aurait sans doute dit que non et rallumé une cigarette. Elle a laissé ses compagnons des Brigades internationales la surnommer pendant des mois « La Petite Rousse » sans s’offusquer. Elle a accepté que l’on parle de son sourire ou de ses amants plutôt que de son travail quand on la mentionnait dans la conversation, alors qu’elle était la première femme reporter de guerre. Ce qui était important, aurait-elle dit, c’était de pouvoir lutter contre le fascisme qui montait en Europe, c’était de filmer et de photographier ceux qui se trouvaient en première ligne dans ce combat, avoir des images à opposer à la propagande nationaliste. Et filmer ou photographier, eh bien, c’était déjà disparaitre un peu, derrière un objectif, un pseudonyme ou le corps de l’être aimé; ce n’était pas bien grave, elle s’en accommoderait. Alice Zeniter – Comme un empire dans l’empire-

Oubliée, effacée

Longtemps son travail est resté inconnu. En 1938, Robert Capa publie un livre en sa mémoire, qui réunit des clichés qu’ils ont réalisés ensemble, sans toutefois qu’il soit fait mention de leur véritable auteur, comme le rappelait François Maspero, auteur de l’ouvrage L’Ombre d’une photographe, Gerda Taro, déclara en 2006 dans l’émission Du Jour au lendemain : 

Gerda Taro, c’est pire qu’un effacement. […] Ce qui est pire que la mort c’est la disparition. Or effectivement, à un moment Gerda Taro a disparu de la mémoire. On a beaucoup accusé Capa, qui était son compagnon, et qui tout de suite après la mort de Gerda Taro a publié un livre d’hommage qui s’appelle « Death in making », La Mort en action, et ce livre est signé Robert Capa et en sous-titre « Photos de Robert Capa et Gerda Taro ». Ensuite il y a toute une série de photos et personne ne sait lesquelles sont de Taro et lesquelles de Capa. Mais tous les versos des tirages qui sont déposés dans les agences de photo, particulièrement chez Magnum, portent la mention Gerda Taro et cette mention est soit rayée, soit superposée pour être remplacée par « Copyright Robert Capa, Magnum ». »

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Nouvelle découverte

Il faut attendre 2007 pour que le travail de Gerda Taro soit redécouvert : dans une valise retrouvée à Mexico, 4500 négatifs de la Guerre d’Espagne sont retrouvés. Ils sont de Gerda Taro, Robert Capa et David Seymour;

Le photojournalisme était né !

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14 commentaires

  1. Quel destin que celui de cette redécouverte de clichés de la guerre d’Espagne au Mexique.. J’ai lu un livre passionnant sur le rôle des intellectuels dans cette guerre. C’est de Pierre Frédéric Charpentier. Cette femme devait être très courageuse ! Merci Matatoune pour cette chronique 🙂

    • Oui, c’est incroyable de retrouver ses clichés et du coup, de lui redonner le talent qu’elle avait !

  2. Bonjour Matatoune. Ton article est très intéressant et met bien en lumière cette 1ère femme reporter de guerre, effacée derrière et par son compagnon… Bonne journée

    • Oui, elle devait penser que leurs deux noms allaient être associés pour rendre compte de cette guerre.Elle n’avait certainement pas imaginé que son amant reprendrait une position machiste habituelle de l’époque. Bonne journée

  3. Une femme de l’ombre qui est morte bien trop jeune.Merci pour cette belle présentation. Bisous Matatoune doux weekend

  4. Coucou
    Il y a quelques années j’ai lu sa biographie intitulée En attendant Robert Capa, que j’avais trouvée passionnante. Merci pour cette belle présentation d’une grande dame de la photo. Bonne soirée

    • Oui plusieurs livres sont sortis au moment où on a retrouvé ses photos ! Bonne soirée à toi aussi

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