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Un jour viendra couleur orange- Grégoire Delacourt

Rentrée Littéraire 2020

@vagabondageautourdesoi Grégoire Delacourt

 Grégoire Delacourt raconte les gilets couleur luciole, dans « Un jour viendra couleur orange » vue de l’angle d’une famille comme il en existe des milliers dans la France d’aujourd’hui. Un vers d’Aragon repris dans une chanson de Ferrat et voilà la culture qui s’invite au rond-point !

Lui, c’est Pierre !

Longtemps dans une boîte tranquille. Cela faisait sa fierté. Puis la précarité, le licenciement, la galère ! Heureusement, il y a eu, après, un mi-temps comme vigile.

Mais ça ne redonne pas la fierté, au contraire. Car sa confiance s’est depuis longtemps effilochée. Il a cru à tous les discours et même a voté en noir. Mais, là, c’est fini ! Alors, premier rond-point, première violence, la plus difficile ! Après le flot est lâché et Pierre ne s’arrête plus !

Elle, c’est Louise, infirmière qui a choisi volontairement le sixième étage de l’hôpital, celui des soins palliatifs. Elle sait sa présence indispensable même si après son boulot, elle revient fourbue et épuisée.

Au retour, elle retrouve Geoffroy, son fils de 13 ans, un savoir encyclopédique mais une solitude à faire fuir, plus vite encore que sa peur d’être touché. D’ailleurs quand il y a trop de bruit, il hurle encore plus fort pour ne plus avoir mal. Pourtant, la petite Djamilla a su lui prendre la main…

Avant la naissance,

Pierre était un futur père attentionné et amoureux. Mais trop de problèmes ont tué son capital de tendresse !

Avec des chapitres aux phrases courtes dont le titre donne la couleur du sujet, Grégoire Delacourt raconte ce mouvement des Gilets Jaunes de l’intérieur en lui faisant correspondre avec les événements parisiens ce qui éclaire ainsi leur portée et l’analyse qu’il en fait.

Ça claque ! Fuse ! Touche…

« Un jour viendra couleur orange » montre la façon dont les différents personnages vont se réapproprier leur vie après que la soupape de la colère ait tout fait exploser. Mais le message de Grégoire Delacourt est aussi que l’amour de deux âmes pures peut purifier leur entourage, remettant comme par miracle l’essentiel au centre de leur vie. Djamilla et Geoffroy, ça fait bien D&G c’est comme Dolce Gabbana, nous rappelle la jeune fille ! 

J’ai eu peur que « Un jour viendra couleur orange » ne devienne par sa dernière partie une romance plutôt qu’un roman social ce qui m’avait attirée. On ne peut en vouloir au parti pris de Grégoire Delacourt d’être un optimiste façon humaniste.

Néanmoins,

Ces évolutions que certains jugeront peu réalistes permettent à ses personnages de revenir dans leur vie en se la réappropriant plutôt que d’attendre des autres, des politiques, du gouvernement, les changements qui redonneront fierté et confiance. Le lecteur doit accepter ce parti-pris du magique et du merveilleux pour suivre la rédemption des personnages de ce roman particulier.

Le malaise social n’est pas qu’une question de moyens. Grégoire Delacourt dans son nouveau roman « Un jour viendra couleur orange » montre le retour du sentiment dans une vie qui par trop de difficultés s’en est trop éloigné quitte à oublier qui on est !

Merci

#NetgalleyFrance et @EditionsGrasset  #GrégoireDelacourt  pour #Unjourviendracouleurorange #rentréelitteraire2020

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C’est vrai qu’ici l’horizon c’était le bout de la rue. 70% des rues du village étaient des impasses.

Sa mémoire était déjà encombrée de choses qui ne servaient qu’à le rassurer sur la permanence du monde. Les chiffres étaient un équilibre, une certitude tout comme les couleurs. Ce qui terrifiait, c’était la poésie des hommes, c’est à dire leur imprévisibilité, car pour lui la poésie des hommes n’était que cela, fantaisies, cabrioles, facéties. Ne pas savoir si un inconnu croisé dans la rue va vous sourire, être tout à fait indifférent ou bien vous poignarder le ventre et le cou avec un couteau de chasse spécial sanglier était absolument effrayant.

Djamila prenait celle de Geoffroy, la serrait très fort. La broyait même. Cette douleur avait le don de concentrer toutes ses peurs et la main de Djamila de les extirper.

Et encore

Quand il y a trop de bruit, ses mains frappent sa tête, comme pour écraser les bruits dans son crâne. Ce sont les cafards. Des bestioles constituées de plus de vingt mille gènes, vous expliquera-t-il, soit presque autant que notre propre patrimoine génétique et parmi elles, plusieurs familles de gènes qui en font des insectes pratiquement impossibles à tuer, notamment à cause d’une production d’enzymes capables de décomposer la moindre substance toxique, y compris les pesticides. Il ne dit jamais de gros mots. Il respecte les règlements à la lettre. La loi. Lorsqu’il passe devant un miroir, il ne se voit pas toujours. Il voit l’arbre, jamais la forêt. Il perçoit le monde à sa façon. Mais surtout, il y a quelque chose en lui que vous détestez par-dessus tout, il ne vous reconnaît pas.

L’interdit et la violence possédaient quelque chose de sexuel. D’animal. Transgresser, c’était déplacer les lignes. Occuper plus de place. Déployer sa force. Cela revenait à jouir.

Ceux d’en haut étaient toujours plus hauts, ceux d’en bas toujours plus bas. Il fallait redevenir des bêtes. Les maîtres ne reculent que devant les chiens qui les mordent.

Encore

La France frappait ses mamies et le jeune président frappait sur la table.

Et ils se sont mis à rire comme des fous parce que le rire est une vague qui emporte toutes les hontes et toutes les peurs.

La faim, la honte, ne peut pas en plus te déshabiller de ta dignité.

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

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Un premier extrait

Grégoire Delacourt

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Puis le dernier

Questions pratiques

Un jour couleur orange – Grégoire Delacourt

Éditeur : Grasset

Twitter : @EditionsGrasset Instagram : @editionsgrasset

Parution : 19 août 2020

ISBN : 9782246824923

Lecture : Juillet 2020

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