@vagabondageautourdesoi

Soleils noirs- Louvre Lens

De l’Égypte à Soulages,

l’épopée de la couleur noire

@vagabondageautourdesoi

La couleur noire fait référence au sein de cette région au charbon, aux terrils et aux mineurs. Imaginez la réouverture de ce musée après cette période particulière avec ce thème est un vrai clin d’œil aux habitants !

@vagabondageautourdesoi

Le musée a été la concrétisation d’un espoir de renouveau pour ce Bassin minier meurtri par l’arrêt de l’extraction du charbon. Elle a été portée à la fois par ses habitants et les collectivités territoriales. L’exposition souhaite aborder la symbolique du noir au sein des arts occidentaux, de l’antiquité à nos jours.

@vagabondageautourdesoi

L’expérience du noir

La couleur noire renvoie aux limites de chacun. Et quand on pense au noir, la nuit nous vient à l’esprit. L’exposition montre l’importance de ces ressentis pour les Romantiques que la littérature et la poésie ont largement montrées.

@vagabondageautourdesoi
Grande Ombre – Auguste Rodin -1898

« Grande ombre » devait composer La Porte de l’Enfer commandée par l’État Français en 1880. Cette œuvre est suggérée de la main de Rodin mais reste inachevée.

Vous qui entrez, laissez toute espérance. Dante

@vagabondageautourdesoi
Ombres portées – Emile Friant-1891

Emile Friant  peint des scènes de la vie quotidienne de façon très photogénique. Présent au salon de 1891, le peintre construit son tableau autour des mains de ses personnages et des regards échangés.

@vagabondageautourdesoi

Ce tableau « La Ronde de Sabbat » de Louis Boulanger a pour sujet un poème de Victor Hugo publié en 1825.

Le noir et le sacré

L’obscurité associée à la couleur noire débouche vers l’inquiétude et la peur. De nombreuses civilisations ont associées cette couleur aux Enfers. Le christianisme, dès le Moyen-Âge, l’associe à l’occulte et aux superpositions.

Alors que Dieu est pensé comme la lumière et règne dans les cieux, son opposé, le Diable, incarne l’anti-lumière au fond de l’Enfer. Catalogue

Déesse aux pouvoirs cosmiques, Isis est infiniment liée à l’idée de régénération en vertu de la résurrection de son frère et époux Osiris.

@vagabondageautourdesoi

Sculptée dans un bloc de diorite, roche volcanique, Isis démontre par cette couleur la promesse de vie nouvelle.

En Égypte, la couleur noire symbolise la régénération car elle est associée à la terre fertile de la Vallée du Nil.

@vagabondageautourdesoi

Dans une époque marquée par La Guerre de cent ans et la Peste noire, l’apparition des transis reflète une apparition nouvelle de la mort. Le passage au trépas est dépeint comme une lutte d’Anges et de Démons où l’attitude du mourant détermine sa vie éternelle. 

Transi de Guillaume Lefranchois -1466

Mort au milieu du XVè siècle, le transi a l’aspect d’un décharné, grouillant de vers. Le mort dégage une image terrible et angoissante renforcée par la couleur de la pierre de Tournai.

La dimension sociale du noir

La couleur noire est associée à la salissure et au péché en Occident. Aussi, elle est identifiée à l’idée de pénitence et d’humilité. Mais, en teinturerie, c’est compliqué d’obtenir un beau noir alors le plus souvent c’est l’aristocratie qui porte de beaux vêtements noirs.

@vagabondageautourdesoi

La couleur noire devient synonyme d’élégance au XIXè s.

@vagabondageautourdesoi
La dame au gant – Charles-Auguste Émile Durant dit Carolus -Duran – 1869

La dame au gant, portrait en pied grandeur nature de la jeune épouse de l’artiste, remporta un grand succès lors de son exposition au Salon de 1869, où il obtint une médaille. Considérée par la critique comme l’archétype du portrait d’apparat, l’œuvre révèle une sobriété de composition, une maîtrise du dessin et une délicatesse dans l’usage restreint de la gamme colorée qui rappellent David et Ingres. Se détachant sur un fond dépouillé réduit à une variation de gris et de noirs, auquel se superposent les teintes sombres et moirées de la robe, trois éléments jouent entre eux et attirent le regard : le visage et la coiffure coquette de la jeune femme, les mains dont l’une dépouille l’autre d’un gant gris perle, le gant à terre enfin, souligné par la signature, rouge, du peintre. Ce détail, qui tient de l’anecdote, inscrit l’œuvre dans une instantanéité moderne : c’est ce qui permet de comprendre pourquoi Émile Zola voit en Carolus-Duran un disciple de Manet. Site Musée Orsay

@vagabondageautourdesoi

L’énigme – Alfred Algache – 1888

Le titre de l’œuvre, Ênigme, est explicite : le tableau lui-même est cette énigme. Au salon de 1888 où il est présenté, il est accompagné d’un cartel reproduisant un poème d’Edmond Haraucourt (1856-1941) dont l’élégant hermétisme trouve ici sa parfaite traduction : « Prêtresse de l’énigme et fille du mystère / Je garde sous le ciel les secrets qu’il veut faire / Et je sais l’avenir comme un fait accompli. / Mais j’ai fermé mon âme austère / Dans l’orgueil du silence et la paix de l’oubli. ».

La modernité du modelé énergique de cette toile nous frappe encore aujourd’hui ; les plans sont largement brossés et articulés de façon anguleuse. Les contrastes de lumière et de couleurs y sont portés à leur paroxysme. Les éléments iconographiques y sont rares et choisis à dessein, qu’il s’agisse du motif égyptien peint sur le mur ou de ces admirables fleurs de pavot géantes, dont le rouge sang tranche sur l’orangé du fond.
Cette femme mystérieuse pourrait être une Parque, sujet cher à Agache, ou bien Isis comme le suggère le hiéroglyphe du fond, ou encore un archétype de la femme fatale. En tout cas cette fleur de l’oubli jetée sur les marches, ce masque que la femme vient d’ôter, tout le décor de la scène fait de cette composition une image dont la force dépasse tout ce que le symbolisme « fin de siècle » du sujet pouvait avoir de manié. Site du Musée des Beaux Arts

@vagabondageautourdesoi

Le peintre Berthe Morisot à l’éventail – Edouart Manet – 1874

Berthe Morisot est représentée de trois-quarts, digne et fière, le bras gauche replié dans un geste spontané. Elle détourne son regard, non sans espièglerie, comme si elle tentait d’empêcher son ami de faire son véritable portrait.

La jeune femme est vêtue de noir. Elle est en deuil, suite au décès de son père. L’éventail souligne sa féminité ainsi que l’élégance de ses longues mains d’artiste. L’objet rappelle à quel point Manet admira les maîtres de la peinture espagnole que sont Vélasquez ou Goya. Le décor est sobre pour ne pas distraire l’œil. Un motif végétal rappelle le style japonisant très prisé à l’époque.

Le noir domine. Il deviendra la signature de Manet. Le regard est franc, profond, sensuel aussi. C’est parce que « ses yeux […] étaient, comme le rappelle Paul Valéry, presque trop vastes, et si puissamment obscurs que Manet […], pour en fixer toute la force ténébreuse et magnétique, les a peints noirs au lieu de verdâtres qu’ils étaient».

1874, date à laquelle ce portrait est réalisé, est une année particulière. C’est celle du mariage de Berthe Morisot avec Eugène Manet, frère de l’artiste. C’est aussi l’année de la première exposition impressionniste, en marge du Salon officiel. La révolution de l’art moderne est en marche, et le peintre et son modèle en sont deux figures de proue. Site PBA Lille.

@vagabondageautourdesoi
La douleur – Emile Friand – 1898

L’artiste présente un enterrement avec des éléments ultra-naturalistes et dans un grand format. Il rend compte ainsi d’une pratique qui se généralise à cette époque.

Le noir industriel

Depuis l’antiquité, le noir est associé aussi à ce qui est mal propre, triste et lugubre. Du coup, par extension, cette couleur est associée, pourtant au départ au luxe, au malheur, la pauvreté et la misère.

@vagabondageautourdesoi
Une scène de Paris – Philippe Auguste Jeanron – 1833 –

  Ce tableau se veut une dénonciation politique de la monarchie de juillet et de la bourgeoisie envers les insurgés.

@vagabondageautourdesoi

Accumulation Renault – Arman – 1968/1969

Dans celui-ci, le motif de la frise est renforcée par le contraste de la fonte et l’encadrement noir.

@vagabondageautourdesoi

Sans titre – Jannis Kounellis – 1985

Les sacs de jute empilés avec écrits le nom de leur provenance renforcent le côté industrialisation mondialisée.

Le noir pour le noir

 

Étude 1, suite pour Pierre Reverdy – Simon Hantaï

La peinture noire a été enduite puis pliée et repliée pour être tendue sur un châssis ce qui provoque l’apparition d’un labyrinthe blanc.

@vagabondageautourdesoi
Peinture 324×362 cm Pierre Soulages – 1986

Le noir de Soulages qui absorbe tant la lumière ! Époustouflant ! D’autres artistes sont présentés à l’exposition mais pour moi, Soulages m’a complétement absorbée…

#expoSoleilsNoirs

Questions pratiques

Louvre-Lens

99 rue Paul Bert – 62300 Lens

Commissaires :

Juliette Guépratte, historienne de l’art – directrice de la stratégie – chargée de l’art
contemporain au Louvre-Lens ;
Marie Lavandier, conservateur général du patrimoine – directrice du Louvre-Lens ;
et Luc Piralla, conservateur du patrimoine – directeur adjoint du Louvre-Lens ;
assistés d’Alexandre Estaquet-Legrand, chargé de recherches au Louvre-Lens.

 

12 commentaires

  1. Bonjour Matatoune. J’apprécie ta présentation très complète de cette exposition. Le noir intense est une couleur difficile à obtenir mais c’est une couleur que je n’aime pas, qui me rappelle trop deuil et misère. Ma grand-mère maternelle a porté le noir presque toute sa vie, après avoir perdu deux de ses 8 enfants. Bon dimanche

    • Oui le noir rappelle pour tous le deuil mais au delà de cette représentation qui est très européenne, l’exposition en fait le tour et montre combien elle peut être riche, diverse et de différentes intensités. Bonne soirée à toi aussi

  2. J’ai vu ton joli texte et cette chanson magnifique amazing grâce aujourd’hui mais n’ai pu mettre de com sous l’article et j’avoue n’avoir pas bien compris….Bisous

  3. joli voyage! cette expo est vraiment intéressante… Soulages me fascine alors que je n’ai encore jamais vu un tableau « en vrai » cela doit être une expérience hors du commun 🙂

    • Oui, je suis toujours absorbée par ses tableaux, ce noir si intense et si vivant! Une bouleversante expérience ! J’espère que tu auras bientôt l’occasion de' »n avoir l’expérience

    • Oui c’est une expo à visiter qui est très riche par les aspects qu’elle aborde. Ravie que cela te plaise. Bonne soirée

  4. Bonjour Matatoune, un immense merci pour ton fabuleux billet. J’ai eu énormément de plaisir à le lire et à voir les merveilleuses toiles. J’aime le noir, c’est tellement classe. Coup de coeur pour les ombres portées, la dame au gant et évidemment pour Soulage mais tout me plaît. J’imagine ton plaisir de voir une telle exposition.
    Je te souhaite un bel après-midi, mes amitiés et bisous 🙂 ♥

    • Merci d’être passée, Denise. Cette expo est à visiter et je te remercie pour tes gentilles attentions. Très bonne soirée

Répondre à Pat0212Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.