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Turner – Musée Jacquemard-André

Tuner, peintures et aquarelles

Collection de la Tate

 

 

La Tate Britain de Londres abrite la plus grande collection de Turner au monde. Le musée Jacquemard-André en présente soixante aquarelles et dix pentures dont certaines sont exposées pour la première fois en France. La rétrospective propose un parcours chronologique qui rend compte de l’évolution du plus grand peintre romantique anglais et démontre sa modernité.

Pendant le confinement, Le musée a mis en place une visite virtuelle qui m’a permis de découvrir cette nouvelle exposition, rare par la valeur des œuvres exposées.

Joseph Mallord William Turner (1775-1851) est appelé le peintre de la lumière. De milieu modeste, Turner est un artiste surdoué. Il entre à quatorze ans à l’Académie royale tout en travaillant auprès d’architectes et de dessinateurs d’architecture. L’artiste s’attache à la peinture avec une prédilection marquée pour les paysages.

Durham Cathedral: The Interior, 1775-1851

Les artistes britanniques de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle, confinés sur leur île par le blocus continental, se consacrent aux aspects pittoresques de la campagne anglaise. Le jeune Turner autodidacte se forme seul au dessin, s’affranchit progressivement des conventions du genre pictural et met au point sa propre technique. Il charme par son appréciation subtile de la lumière, de la couleur et des effets atmosphériques qui l’a rendu célèbre, de la Tamise à la lagune de Venise en passant par le lac Léman.

Vue de Richmond avec son pont –

Scène familiale dans un paysage très étudié. Ensemble très apprécié des romantiques.

Turner entreprend d’ouvrir sa propre galerie à Londres en 1804 pour y organiser annuellement
des expositions personnelles, dans lesquelles il présente des œuvres sur papier et des peintures à l’huile.

« Ce « menteur magnifique » c’est lui, illusionniste dans son art, affabulateur dans la vie. »

Son ami le peintre George Jones 

Turner est décrit par Constable ou Delacroix, comme un homme d’aspect négligé, aux manières frustres, taciturne et peu sociable, solitaire. Se consacrant à son art, Turner ne fonde pas de famille. S’il eut des compagnes dans sa vie, en particulier Sarah Danby vers 1798, qu’il supporta financièrement ainsi que ses enfants, et dont on pense qu’il eut son premier enfant, sa vie privée reste mal connue.

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Fort Vimieux, 1831

Grand voyageur, Turner parcourt l’Europe pendant presque trente ans et découvre les œuvres de Vermeer  et d’autres grands maîtres. Ce qui l’intéresse c’est d’expérimenter. Turner est passionné par les théories scientifiques sur la couleur, notamment la complémentarité entre les teintes chaudes et les tonalités froides pour créer une émotion. En terme de technique, là encore c’est un pionnier.

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Le mont Blanc – 1803

En 1819-1820, il effectue tard dans sa carrière un « Grand Tour » d’Italie de six mois, à Rome principalement, où il étudie les grands monuments, l’art et les antiquités, et également à Naples et à Venise.

Ce long périple dans le sud est volontiers considéré comme une période clé dans la carrière de Turner. Il accentuera durablement son traitement déjà intense de la lumière et de la couleur. En 1828, il séjourne à nouveau plusieurs mois à Rome, où il expose des peintures réalisées sur place.


“Lake Nemi” ( 1828 )

Dès que les premiers tubes en métal apparaissent, il se les procure pour peindre dehors, il est à la pointe de son temps. Il essaie les innovations en matière de pigments, comme le tout-nouveau jaune de chrome par exemple, et là, c’est le coup de foudre. Sa couleur de prédilection devient le jaune, même si la presse de l’époque se moque de lui. Turner recouvre ses toiles de blanc. C’est révolutionnaire. C’est le secret de son jaune éclatant. 

Bamburgh Castle, Northumberland -1837

Outre ses œuvres achevées destinées à la vente, Turner conservait pour lui-même un fonds considérable d’œuvres, laissé à sa mort dans sa maison et son atelier et transmis à la Tate .

Bien avant les impressionnistes, il expérimente les jeux de lumière sur l’eau et accentue l’instantanéité de son expérience sensorielle en appliquant une seconde couche de gouache avant que la première ne sèche. Turner peint aussi en plein air dans l’équilibre instable d’une barque, ancêtre des bateaux-ateliers de Monet et Renoir.

Tiré du chant VI de l’Enéide, de Virgile, le sujet du tableau Le rameau d’or n’est qu’un prétexte à l’installation de minuscules figures dans un vaste et sublime paysage.

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Le rameau d’or – 1834- Il s’agit de la première toile à thème mythologique

Ce tableau fait partie des centaines d’œuvres que Turner réalisait pour lui-même, sans aucune intention de les montrer ou de les vendre. Ces pièces constituent plutôt une sorte d’exercice de recherche expérimentale permanente, comme une pratique quasi quotidienne dans sa quête de la beauté. Pierre Curie Administrateur 

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Bamburgh Castle,  1837

 

La très grande majorité des aquarelles de Turner est réalisée en atelier, à partir des carnets de croquis où l’artiste a noté rapidement au crayon les lignes des compositions qu’il reprendra ultérieurement. Son univers coloré est ainsi une construction mentale faite d’imagination et de souvenirs, convoqués à seule fin de synthétiser une impression plutôt qu’une image fidèlement topographique. Pierre Curie

Ruskin, principal critique d’art de la période victorienne, publie le premier volume de son livre Les Peintres Modernes et place Turner à la tête de ces artistes. Il devient le porte-drapeau d’une nouvelle génération d’admirateurs de Turner, qui saluent la modernité de son œuvre. Leur enthousiasme pour ses aquarelles et ses huiles est une source renouvelée de travail qui occupera Turner jusqu’à la fin de sa vie.
@vagabondageautourdesoiLumière et couleur -1843

Le 19 décembre 1851, Turner meurt. Il est inhumé le 30 décembre dans la crypte de la cathédrale Saint-Paul, à côté de Sir Joshua Reynolds et de Sir Thomas Lawrence, selon son vœu « d’être enterré parmi ses frères en art ».

Maître de la couleur et de la lumière, Turner a révolutionné le monde de la peinture en étant au départ autodidacte et en refusant d’appartenir à des courants.

Sources

Questions pratiques

@vagabondageautourdesoiRéouverture dès le mardi 26 mai jusqu’au 11 janvier 2021

Musée Jacquemart-André – Institut de France
158 Boulevard Haussmann, 75008 Paris
www.musee-jacquemart-andre.com

David Blayney Brown, conservateur senior de l’art britannique du XIXe siècle à la Tate Britain de Londres
Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André.

15 commentaires

  1. Bonjour Matatoune. C’est un peintre que j’admire, pratiquant moi aussi l’aquarelle, et surtout pour son côté « expérimenration ». Bon dimanche

    • J’avoue que ma dernière visite à la Tate date de trop longtemps. Mais, c’est ce musée qui a la plus grande collection de ce peintre. D’ou coup, il faudrait peut-être que j’y retourne 🙂

    • Cette visite est importante par le nombre d’aquarelles exposées. Alors, bonne visite !

  2. Le musée a ré-ouvert le 26 mai – J’ai hâte de m’y rendre demain . Votre très bel article me donne un merveilleux avant-goût. Merci beaucoup et très beau dimanche 🙂

    • Un article en perspective, alors ! Bonne visite et hâte de vous lire ! Bon dimanche aussi Lise .

      • Il me faut toujours m’imprégner de ce que je vois et ce que je ressens dans une expo pour que l’article se bâtisse dans ma tête 🙂 Merci Tatoune et belle journée également ♥

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