Mute – Pascale Clark

Ce récit « Mute » raconte comment Pascaline a accompagné Frania, sa mère, sur le chemin de la dépendance puis de la maladie invalidante.

Fille liée à sa mère comme un lien indestructible. Mère liée à sa fille avec la certitude de pouvoir à jamais compter sur elle.

Celle qui raconte le passé et le présent entremêlés, c’est une voix. Pascale Clark. Cette voix ne m’a jamais quittée. Auditrice de France Inter depuis si longtemps, je l’ai écoutée et appréciée dans la zone du 7/9, « Tam, Tam, etc ». « Comme on nous parle ». Entière par la force de ses valeurs. Féministe engagée. Intervieweuse intransigeante sans jamais devenir condescendante. Dans « Apparté », sur Canal +, en laissant la place pleine et entière à l’invité, c’était sa discrétion que j’avais découvert.

Au fil de ce récit qui n’a rien de chronologique, chemine deux univers :  celui public avec la description d’une carrière et les évolutions d’un service public contraint à l’audimat et la compétitivité et celui privé d’un lien qui s’inverse sans jamais s’infantiliser. Aucun esprit de revanche anime la partie publique. Aucune sensiblerie, la seconde.

Cet hommage, Pascale Clark le raconte par le quotidien, ces petits gestes  du tout venant tissés par affection. Toujours, la relation est respectueuse de la femme que fut sa mère et celle bien sûr qu’elle est toujours malgré les aléas d’un corps fatigué dont l’intelligence est vivement racontée malgré le silence. Avec une infinie délicatesse, Pascal Clark nous révèle cette femme qui lui fut si chère.

 « Mute » ne cède ni au larmoyant, ni à la tristesse. Son hymne à la vie, par la complicité tendre qu’il sait décrire en faisant résonner les souvenirs et la réalité des journées est vivifiante, malgré la dépression de l’une qui répond au mutisme de l’autre.

Évidemment, la séparation est douloureuse. Et Pascale Clark sait transmette le désarroi et la souffrance tout en pudeur et retenue.

« Mude » est le récit de la dernière tranche de vie d’une mère que sa fille accompagne. A travers son histoire particulière, Pascal Clark témoigne de ce cheminement singulier qui fait qu’accompagner son parent vers la mort est un voyage vers sa disparition, certes, mais aussi vers les souvenirs à jamais présents pour apporter soutien au moment opportun et affection lorsqu’on en aura besoin.

Une rencontre formidable au delà de la voix, car au travers de l’écriture !

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Rarement m’étais-je autant sentie au cœur de mon métier : sur le terrain, enregistrant le bruit ambiant et les pouls des humains, le son comme matière première à l’écriture radio, les mots se chargeraient de prendre par la main.

Fallait-il être fou pour se priver du plaisir de l’écriture, tenter de traquer les mots justes, soigner les sonorités et le rythme, composer soi- même le slalom spécial qu’il s’agirait d’exécuter en direct en tentant d’éviter les fautes de carre.

Je t’ai épargné le boueux, ce climat ambiant dégoûtant, la décrépitude du débat public, les populistes devenus populaires, l’inculture comme trophée, je t’ai tu notre destin contemporain : vivre sous Trump, Bolsonaro, Salvini ou sous Hanouna, subir ce monde badigeonné de vulgarité.

Je viens de plus en plus souvent, on est sur de rien par temps de fin de vie.

L’éducation que tu nous transmettait était naturellement féministe sans effets de manche, tu insistais sur quelques horizons pointés du doigt, travailler pour ne pas dépendre d’un homme, acquérir l’indépendance pour ne pas subir, ne jamais oublier que notre corps nous appartient, tes mantras semblaient issus de tes frustrations personnelles.

(…) remercier le personnel soignant admirable de dévouement sur un champs de ruine.

Je sais bien que les vêtements portés me rappelleront ce jour- là pour l’éternité.

Juifs et musulmans pourraient aisément trouver un terrain d’entente: la place misérable que leur religion accorde aux femmes.

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

Mute – Pascale Clark

Éditeur : Flammarion

Parution : 19/02/2020

EAN : 9782081506701

Lecture : Mars 2020

 

12 commentaires

    • Le choix d’un livre répond à des choix qui ne peuvent qu’être personnel. Bonne soirée

  1. J’avais vu passer un article sur la sortie de ce livre et je l’avais gardé dans un coin de ma tête car j’aimais beaucoup ses émissions en particulier en Aparté sur Canal, sa pertinence et son impertinence parfois, sa discrétion ne devenant pas une image médiatique mais une voix et quelle voix, reconnaissable entre toutes 🙂

    • Oui et son récit est sensible, pudique mais terriblement attachant. Un de ces jours, je vais poster une de ses interventions qu’elle fait sr Twitter, juste pour le plaisir de réentendre cette voix si particulière.

  2. je l’ai vu passer ce livre.. Le thème me plaît les extraits aussi et j’adore Pascale Clark, je ne ratais aucune de ses émissions sur Canal + (c’était la bonne époque) 🙂

    • Oui, c’est une voix qui nous a accompagné depuis si longtemps. Chaque jour, elle publie sur Twitter une minute de réflexions qui est toujours très interessante? Je pense que je ferai un lien bientôt. Bonne soirée

  3. Un livre qui a l’air vraiment intéressant et dont la dernière phrase que tu cite me trouble et m’interpelle. Bisous

    • Oui, la place faite aux femmes dans les religions, toutes d’ailleurs, sont à réfléchir ! Bonne soirée Renéee

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