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Hans Hartung

Hans Hartung

La fabrique du geste

Musée d’Art Moderne

MAM

@vagabondageautourdesoiPionnier de l’abstraction lyrique en 1947, Hans Hartung est le leader incontesté de l’abstraction au XXè siècle.

L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.

La première rétrospective datait de 1969. C’est de nouveau le MAM, qui pour sa réouverture après un an de travaux, nous offrait cette magnifique exposition qui retrace l’ensemble de l’œuvre d’Hans Hartung. Les quelques 300 tableaux provenaient de musées et de collections privées et de la Fondation Hartung-Bergman avec un ensemble d’œuvre de 1988-1989 appartenant au musée.

Le parcours était chronologique et se divisait en quatre sections. Graveur, photographe, céramiste et peintre, les talents de cet artiste dont la production fut très prolixe (à peu près 15000) étaient présentés.

Artiste indépendant, Hans Hartung choisit de rejoindre aucun courant officiel.  Proche de Soulages, ils entretiennent une correspondance et se rencontrent régulièrement. Soulage le considère comme son mentor.

Vers l’abstraction

L’art dit « abstrait » est apparu vers 1912-1913 chez Mondrian, Malévitch ou Kupka . Né en 1904, d’origine allemande, son père, médecin, l’encourage à voyager et à développer sa curiosité. Ses débuts d’artiste se situent vers 1922.

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Autoportrait – 1922

Cet air mutin brave le visiteur et semble l’avertir de la révolution qui s’annonce !

Car, apparaissent dans ses peintures, des traces, taches et projections diverses, qui sont les prémices de l’importance qu’est le geste pour Hans Hartung. Un geste pour créer l’émotion et un geste sans référence à une image quelconque. L‘abstraction pure pour créer du ressenti.

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Série de tableaux Sans titre -1923
Toujours je cherchais une loi, la règle d’or, alchimiste du rythme, des mouvements, des couleurs. Transmutation d’un désordre apparent dont le seul but était d’organiser un mouvement parfait, pour créer l’ordre dans le désordre. En cela, j’avais le sentiment de participer aux forces qui régissent la nature. 

Déjà lycéen, Hans Hartung expérimente divers supports et techniques. En admirant Goya et Rembrandt, il en copie les motifs. Il tombe amoureux en 1929 d’une jeune artiste norvégienne de quelques années sa cadette, Anna-Eva Bergman. Le couple se marie à Dresde.

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Huile sur toile T-1935-1

Vers 1932/1933, la pratique du report avec agrandissement apparait. Du coup, Hans Hartung s’ouvre au grand format jusqu’aux années 1950.

  Cette technique permet de reproduire point par point les éléments sur une grande toile. A partir de on amputation, cette technique sera utilisée jusqu’au début des années 60 pour libérer l geste dans un espace adapté.

Hans Hartung recherche perpétuellement à effacer le dessin signifiant pour ne garder que la trace du geste afin qu’il ne devienne que suggestion. Cette période est appelée Abstraction lyrique en référence aussi à d’autres artistes comme Jean Fautrier et Soulages puisqu’il s’agit d’un geste large, ample, rapide et coloré dit lyrique car la liberté est dans le dessin et la spontanéité.

Et, en peintures, il faut que tout soit juste : les lignes, les courbes, les formes, les angles, les couleurs pour former une image qui puisse durer (…) qui soit l’expression définitive d’un phénomène, d’une émotion.

Ses pratiques pendant la guerre ont utilisées le crayon et l’encre sur papier. En 1942, alors qu’il est hébergé dans le lot, Hans Hartung réalise des motifs calligraphiques. Toutes ses œuvres sont détruites pendant les bombardements. Deux expositions sont organisées en 1947 et 1948. Hans Hartung commence à être connu.  Le succès arrive à Paris et à Zurich à prés de 40 ans. 

D’importantes difficultés matérielles empêchent Hans Hartung de peindre beaucoup pendant la guerre. Après s’être engagé dans la Légion étrangère, il revient de la guerre invalide car amputé de la jambe. 

Dans les années cinquante, sa peinture se nourrit de ses expériences photographiques en expérimentant à l’aide de branchages et de broussailles.

De 1958 à 1973, Hartung avec sa femme emménage dans une « maison – atelier » au 5 rue Gauguet près du Parc Montsouris construite par l’architecte Marcel Zielinski.

Dans cette maison, Hans Hartung crée un atelier – communication aux murs blancs qu’il montre aux journalistes (les deux photographies du haut). Son véritable atelier se déroule au 5ème étage dans une pièce plus petite. Ce fait montre la méfiance par rapport à la concurrence et le marché. 

Dans les années soixante, c’est la pleine reconnaissance institutionnelle. Une grande rétrospective est organisée en 1957 en Allemagne. En 1960, Hans Hartung est récompensé par le Grand Prix de Venise comme Jean Fautrier.

Par ces grandes masses brunâtres et noires, j’essayais de saisir de l’intérieur, de m’identifier aux tensions atmosphériques et cosmiques, aux énergies, aux rayonnements qui gouvernent l’univers.

Il ne donne plus de titre à ces œuvres. C’est juste une lettre pour définir la technique employée, un numéro pour l’ordre, la mention de l’année et de la série pour laisser à l’imagination la possibilité de se révéler.

A la fin des années 1960, Hartung travaille sur papier réalisant quantité de pastels selon une gestualité rapide et nerveuse, annonciatrice des grattages des années d’après. Il expérimente la pulvérisation avec divers outils pour créer un aspect nuageux : aérosol, le spray ou encore un pistolet de carrosserie à air comprimé. Ces instruments agissent comme des prolongements du corps. Hans Hartung s’autorise même à des « béquilles » pour peindre sur des surfaces plus grandes.

Les outils utilisés

Les tableaux ont réalisés rapidement, sans report avant 1958, comme une trainée pour donner la persistance de la lumière avec l’obsession de la nature pour figurer un paysage de l’abstraction.

T 1982 – R11 – 1982

Je trouve que plus les couleurs froides sont pures, mieux on respire. Le jaune a quelque chose de claironnant, de vibrant, de sonore.

En 1973, Hartung et sa femme emménage à Antibes dans une maison qu’ils ont fait construire avec vue sur la mer. Il a dessiné chaque plan et chaque détail. Pour passer de pièce en pièce, il faut aller vers l’extérieur (pas de couloir -pas de porte de communication). Il y a une piscine, chauffée toute l’année, que l’artiste fréquente souvent. Viendront aussi rejoindre l’artiste des assistants.

Dans cette maison, deux ateliers pour travailler chacun de son côté mais assez proche pour échanger. A la sobriété de l’espace et de l’agencement s’opposent la profusion des œuvres.

 

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Détail

L’artiste est considéré comme un génie qui invente trente à quarante avant ce que  d’autres s’emparent. Il anticipe les Pollock, les Rocko et les De Koning. Il  expérimente des techniques : la technique du rouleau pour mettre à distance, celle des balais de genêts en 1980, celle du pulvérisateur sur une toile de 3 m de hauteur. Autre exemple: Pour obtenir une couleur en grattage sur une pierre, il reproduit un geste de nombreuses fois (au moins 75 fois).

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T 1987 – E26 –
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T 1987 -H5
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T 1989 -Q 17

Le plaisir de vivre se confond pour moi avec le plaisir de peindre. Quand on a consacré sa vie à la peinture, quand on a essayé d’aller toujours plus loin, on ne peut plus s’arrêter.

Hans Hartund décède le 7 décembre 1989.

Sources :

  • Céline, ma conférencière préférée,
  • Beaux-Arts HS Hans Hartung – La fabrique du geste

Questions pratiques :

Musée d’Art Moderne

Du au

Commissaire : Odile Burluraux
Assistante : Julie Sissia

12 commentaires

  1. Bonsoir Matatoune. Je ne connaissais pas du tout cet artiste, même de nom. C’est son autoportrait que je préfère. Ses tableaux abstraits ne me parlent pas. Bonne soirée

  2. Merci pour cette belle découverte. J’ose avouer mon inculture, je n’avais jamais entendu parler de cet artiste.
    Bonne soirée

    • Non, pas de jugement, c’est inutile et ça blesse pour rien… Si tu as aimé, j’en suis ravie ! Bonne journée

    • Cet Autoportrait se situait en début d’exposition. J’aime ces derniers tableaux grandioses et mélangeant toutes les techniques. Un brillant artiste! Bonne soirée

    • C’est un sacré parcours et de vie et d’artiste, tu as raison …L’évolution de son art est impressionnante tout en gardant le même axe. Très bonne fin de weekend

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