Le Grand Art – Léa Simone Allegria

Second roman de Léa Simone Allegria « Le Grand Art » nous introduit au cœur du monde de l’art, de celui qui se vend, s’échange et se recherche. 

Et, justement, Paul Vivienne, commissaire priseur, espère trouver la bonne affaire qui le fera revenir sur le devant de la scène de ceux qui font l’art et de ceux qui le monnaye.

Compétent mais séducteur, Paul Vivienne découvre dans une petite chapelle d’un Château en Toscane un retable dont la beauté le subjugue. Grâce à l’ expertise de la jeune et belle Marianne, sa chance pourrait tourner. Il en est sûr, c’est une pièce très rare…

Il n’y a pas de meurtre, mais c’est une vraie enquête autour du retable « La vierge au rouge-gorge » qui fait voyager dans le Florence du Quattrocentro et celui d’aujourd’hui à la recherche de son auteur en passant par les apothicaires qui fournissent les pigments, l’invention de la perspective, la grande peste et la fréquentation de Filippo… Bruneschelli bien sûr!

« La mort dans nos métiers est un heureux événement. » dit la citation de Maurice Rheims, en épigraphe de ce roman. Il était un commissaire priseur de grand renom qui a contribué à faire connaître et conserver l’art 1900. J’aime à penser que Paul Vivienne ressemble un peu à cet académicien, mais je le concède, juste un peu !

Car il faut aller jusqu’au bout de ce roman érudit pour goûter comment Léa Simone Allegria nous embobine dans cette magnifique virée entre passé et présent, entre Paris et Florence et entre faussaire et authentification. « Le Grand Art » saura plaire à tous ceux qui aiment ressentir les odeurs de peinture surtout lorsqu’elles datent !

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Une œuvre d’art porte en elle un fragment de notre monde intérieur, dont l’écho peut être fatal.

– « C’est une vierge d’humilité.
(…)
 » Un terme iconographique très courant après la Grande Peste. On a cherché à rendre la Vierge plus humaine, plus proche des hommes. La moitié de la population était morte en un été, des cadavres partout. On avait besoin qu’Elle comprenne. « 

–  » Regardez les visages. L’accent est porté sur le naturalisme, la ressemblance. Les Florentins cherchaient à copier le réel. C’est d’ailleurs ce qui les a conduits à découvrir la perspective. « 

–  » La main de la Madone est le point de fuite. Le centre. Toutes les lignes convergent vers elle. Et nos regards aussi. « 

Jusqu’au XIXe siècle on n’attachait aucune importance à l’authenticité. Aujourd’hui c’est tout ce qui compte. Rubens signait de sa main les œuvres de ses élèves qu’il jugeait digne de lu. Au temps du panneau, la notion de vrai ou de faux n’existait pas : les artistes n’étaient que des artisans.

Des jours, des semaines, des mois de creux. Et sans prévenir la curiosité le retrouve.

C ‘est tout le problème de l’ intuition : on ne sait pas quand il faut s’y fier.

C’est un fait : moins le métier est élégant, plus grande est la collection.

Justement ! On doit entrer dans une collection comme dans un voyage. Les œuvres doivent s’y répondre avec subtilité.

D'habitude, je ne partage pas mes lectures lorsqu'elles ne m'ont pas plue ! Mais, là, c'est le livre qui se vend à plus

 

Le Grand Art – Léa Simone Allegria

Éditeur : Flammarion

Parution : 4 mars 2020

ISBN : 2081486148 

Lecture : Avril 2020

13 commentaires

    • C’est un roman avec suffisamment d’humour et de dérision pour être plaisant. Bonne soirée

  1. noté illico car je n’ai encore rien lu de l’auteure…
    je suis en train de lire « Nuit au musée » de Leonor de Recondo : intéressant mais un peu particulier 🙂

    • Je faisais en même temps la chronique pour mon article sur Le Gréco et j’avoue avoir été friande des détails qu’elle donnait sur le Maître J’ai hâte de lire ton avis !

  2. Intéressant ! Justement je suis en train de lire Maylis de Kerangal qui traite du même sujet, la peinture artistique « Un monde à portée de main  » (excellent bouquin )

    • Oui Marylise de Kerangal avec ce roman parle de la restauration et elle le fait excellemment bien. Ici , il y a un petit plus, l’enquête pour connaître l’auteur de l’oeuvre découverte. Une autre façon de parler d’art mais toujours BDE façon très agréable. Bonne lecture alors !

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